Homo Burnatus

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Location: Vevey, Vaud, Switzerland

Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Thursday, May 29, 2008

Voyage dans l'Empire du Milieu 7 (Pekin - et fin du periple)

Pekin, dernier jour du voyage, il fait pour la premiere fois, un beau ciel bleu, avec de beaux nuages. C'est extremement rare ici il faut le dire. Je me demande si le Comite international olympique n'a pas fait aujourd'hui un ultime controle sur le fameux taux de pollution que connait Pekin. Blague mise a part, mais je l'ai lu il y a pas si longtemps que, lorsque les pontes de l'Olympie sont venus faire ce genre de controle ici a Pekin en 2001 avant d'attribuer definitivement les Jeux a cette ville. Les autorites de la megalopole ont fait arreter completement les industries de la ville et des alentours, du coup, les Pekinois n'en croyaient pas leurs yeux mais ils avaient pendant 2, 3 jours un ciel d'un bleu et d'une nettete inhabituels pour ici. Qui sait ? Par contre, il y avait un vent a decorner le plus solide des cocus et en plus il charrie du sable fin du desert de Mongolie au Nord (les fameuses tempetes de sable que connait la capitale surtout en Avril, mais ca peut aussi arriver de temps a autre comme aujourd'hui), c'est desagreable au possible. Sorti de l'hotel avec mon t-shirt noir, au bout de 5 minutes il est devenu presque dore. De quoi se sentir un golden-boy ! De fines particules s'infiltrent dans vos yeux, dans les cheveux, vraiment emmerdant. Pour contrer ce desagrement, les elegantes pekinoises ont trouvee la parade. Elles se mettent sur la tete une espece de filet de camouflage, un peu comme les apiculteurs de par chez nous. On dirait des guerriers japonais dans la jungle asiatique avec ce meme genre d'accessoire pour se proteger des insectes comme on en voit dans les films de guerre. Amusant ! En plus, ca peut etre dangereux car on peut recevoir sur la tronche des petites branches d'arbres, voire d'autres objets tombes des toits a cause du vent. Seule solution, marcher le nez en l'air. Pour les longs nez que nous sommes, ce n'est pas trop difficile.
Et oui, je suis de nouveau a Pekin depuis deux jours apres un vol qui n'etait pas de tout repos pour la simple raison que suite a mon voyage en bus de nuit l'autre jour de Lijiang a Kunming, comme ma couchette se trouvait juste sous le toit du bus, a cote de la bouche d'aeration du clim, le resultat est que j'ai atrappee une creve carabinee. Tout a commence la nuit a Kunming qui precede mon vol pour Pekin du lendemain. Toute la nuit avec la gorge en feu et des quintes de toux a arracher le palais. Pas dormi une brique, et a 7 plombs du mat, il fallait s'arracher du lit afin de prendre la route un peu plus tard pour l'aeroport. Dans l'avion, je commencais a etre pris de nausees et de petites frissons, une fievre de cheval. Durant les trois heures de vol, j'ai lutte contre le froid et l'envie de vomir. Le personnel de bord, n'ayant pas de medicaments a bord, n'a rien pu faire d'autre que de me donner du the chaud et une bonne couverture. Arrive a bon port, j'ai traversee la ville comme un zombie avec mes sacs et tout content de rallier enfin le fameux hotel repaire de courtisanes dont je vous ai decrit au premier billet de ce periple. A peine poses mes sacs, dans la meme chambre que j'avais comme par hasard au premier sejour. J'etais tombe comme une masse sur le lit, avec juste le temps d'enlever mes chaussures. Et j'ai dormi, dormi et dormi ! De quatre heures de l'apres-midi jusqu'au lendemain matin a huit heures. Quel bien ca fait, et grace aussi aux remedes chinois que m'a donnes Ma, la tenanciere de "l'underground bar" du Chang Gong Hotel, je me suis senti bien mieux le matin suivant et de nouveau en mesure de profiter des derniers jours de mon voyage.
Ces deux derniers jours pekinois etaient consacres aux choses que je n'ai pu voir lors du premier sejour. Des promenades au quartier Tatare le premier jour avec les Tours jumelles du Tambour et de la Cloche, ou on trouve parait-il la plus grosse cloche du monde. Ensuite revenir a pied le long des lacs Xi Han, Bei Han etc... a travers les hutongs populaires qui me plaisent tant. Et la, heureuse surprise, ces hutongs en amont de la Cite Interdite ont ete l'objet d'un veritable plan de renovation serieuse et ce sans denaturer l'esprit des lieux. Un espoir subsiste donc pour les habitants de ces endroits emblematiques du vieux Pekin. Ceci rejouit le voyageur etranger que je suis et aussi certainement les Pekinois amoureux de leur ville. Comme quoi, les protestations populaires ont, je pense, abouti quand meme a quelque chose de positif. D'ailleurs, les "Hutong Tours" a tricycles connaissent un succes phenomenal, non seulement aupres des touristes etrangers mais aussi aupres des touristes chinois. Les autorites ont du flairer la aussi, une bonne combine pour faire entrer les RMB.
Sorti d'un de ces hutongs, on se retrouve tout-a-coup sur le fameux Tian An Men Square ou il se passe toujours des choses. Une promenade superbe agreable. Et le soir, comme la fin du voyage est proche, je me suis offert un petit plaisir en allant diner dans le celebre restaurant que frequentaient jadis le Grand Timonier et le petit Dieng Xiao Ping. Le Red Wall, c'est son nom, ou tout le mobilier etait recupere dans des palais gouvernementaux de l'epoque et ou on peut enfin boire du bon pinard de France, d'Italie et meme de Suisse. D'ailleurs avec mon menu laobai (vieille cuisine pekinoise), j'ai bu une demi bouteille de Dole des Monts qui sentait bon notre vieille Helvetie.
Je m'en suis sorti pour quelque chose comme 50 francs suisses. Derisoire pour le standard d'un tel resto, enfin pour nous car pour les locaux, ce n'est pas donne du tout. Aujourd'hui, dernier jour en Chine, je suis alle voir le Temple du Ciel, une realisation architecturale aussi ancienne et belle que la Cite Interdite avec juste un peu moins d'ampleur et ensuite, me promener a Wangfujing Street, les Champs Elysees de Pekin, l'occasion de faire quelques achats de souvenirs et de visiter du meme coup la fameuse "rue de la soif" du coin. Une alignee de restos, de food-stands et on y trouve pele-mele, des brochettes de scorpions, d'hippocampes, de serpents, bref plein de choses inconnues de l'autre cote du Mekong ! En ce moment, je suis entrain de siroter une draft de Tsingtao a "l'underground bar" de mon hotel ou la fete bat son plein et ou je suis entrain de vous ecrire sur un ordi juste a cote du bar. Toute une floppee de chinois, des etudiants du Shaanxi sont venus loger a l'hotel pour un sejour d'etudes a Pekin, une equipe de joyeux drilles qui se debrouillent plutot bien en anglais et qui ont soif d'apprendre en se frottant a des "laowai", plus cette habituelle faune des expatries ainsi que les locaux qui gravitent autour des etrangers avec parmi eux, certainement quelques "fleurs du mal" comme on appelle ici les filles qui cherchent a se mettre avec des etrangers. Tout cela donne un cocktail des plus detonnants et festifs ces derniers soirs dans ce venerable hotel. Pas deplaisant du tout pour le "night bird" que je suis vous pensez bien.
Voila, dans quelques heures c'est le retour a la maison, le retour a la vrai vie apres une agreable parenthese d'un mois. Je ne suis pas triste, au contraire car je vais retrouver une vie que j'apprecie et des gens que j'aime. Des proches et des amis. Bref, heureux qui comme Ulysse, revient a la maison apres un beau voyage.
Pour conclure ce beau periple, un petit mot sur la Chine, un pays surprenant, voire deroutant au premier abord pour l'etranger. Et les gens, sous des dehors de rudesse, et chez certains, le civisme elementaire n'est peut-etre pas encore completement dans les moeurs (mais ca commence a venir), souvent devant les guichets, il n'est pas rare qu'on vous passe devant comme de rien n'etait, des petites choses comme ca. Mais des qu'on s'avance ouvert vers eux sans prejuges, on recoit souvent en retour des tonnes de gentillesse et de generosites. L'etranger est respecte et recu avec gentillesse et courtoisie, mis a part bien sur, quelques margoulins des lieux super touristiques qui essayent comme partout de tirer quelques profits des visiteurs d'ailleurs au prix de quelques petites arnaques pas trop mechantes. Bref, un pays a explorer sans retenu et sans crainte car avec le Japon et le Vietnam, la Chine est un des pays les plus surs du monde malgre la disparite de classes entre certaines categories de la population depuis que le pays s'est ouvert a l'economie de marche, donc fini le bol de fer pour tout le monde comme a l'epoque. Et c'est aussi un pays capable de compassion contrairement au prejuges d'invidualisme qu'on leur affuble. Lors du seisme meurtrier qui a frappe la region de Setchuan ou plus de 30.000 morts sont recenses (chiffres officiels) et plus de 200.000 blesses ou disparus, dans tout le pays ou je suis passe, les gens ont fait preuve d'une solidarite remarquable. Les riches comme les pauvres, tous ont mis la main a la poche ou a se porter volontaire pour aller aider leurs compatriotes. Disons que je suis decu en bien en bon Vaudois.
Voila mes tres chers, il faut revenir pour mieux repartir car il y a encore tellement d'autres contrees formidables a visiter dans l'avenir. Alors adores lecteurs, a bientot pour d'autres aventures, pour d'autres decouvertes et d'autres histoires a raconter. D'ici la, je vous embrasse tres, tres fort et vous donne rendez-vous dans quelques mois, et vous remercie aussi pour avoir voulu lire les elucubrations d'un vieux routard en goguette. Salut a tous !
JPB
P.S.: pour ceux qui peuvent, a 23 heures le vendredi soir 30 Mai, digestifs party au Natio ! See you there all !

Monday, May 26, 2008

Voyage dans l'Empire du Milieu 6 (Dali - Lijiang - Kunming)

Ah ces maudits piments ! Il a eu la main un peu lourde mon cuistot avec cet ingredient. Ou il etait amoureux le bougre car a Kunming en ce printemps, les femmes sont belles et l'air est empli d'un petit quelque chose de leger, de glamour, propre a mettre tout le monde en joie. Le resultat de tout ca, c'est que mon plat de "Nouilles qui traversent le pont", une specialite celebre ici dans le Yunnan, est plus que "hot", une allumette et je prendrais feu sans autre. A part ca, c'etait bon a manger ce truc. Ce plat ne d'une legende qui raconte qu'une femme qui, pour apporter a manger a son mari, a du deployer des tresors d'ingeniosite pour traverser le pont sans que ses nouilles ne prennent froids et de fait, subisse les foudres de son tout puissant de mari. Et bien, en quoi cela consiste- il ? De simples nouilles servies avec un bouillon a part, bien releve (voire plus comme ce soir) et accompagnees de viande, de poissons, de fruits de mer, ainsi que tout un tas de legumes divers. Le tout est pose sur une table tournante et on trempe ces nouilles ainsi que les autres choses dans le bouillon et avale avec beaucoup de bruits. Hroup, hroup !

Le meilleur endroit pour en manger ici a Kunming est le Yunnan Flavor Restaurant en face de mon hotel. C'est une institution de la ville et tout le monde dans la region se doit de venir au moins une fois dans sa vie dans ce resto pour gouter a ce plat. De ce fait, on voit arriver par cars entiers de groupes de chinois des alentours, dont la plupart sont composes de minorites ethniques nombreuses ici dans le Yunnan en tenue du dimanche, dans un grand renfort de raclements de gorges mais heureusement pas de crachats car l'endroit est plutot chic pour le standard de la ville.

Imaginez un resto presque aussi grand qu'un terrain de foot et ce sur deux etages donnant sur une scene ou est donne pendant le repas un spectacle folklorique par des membres de differentes ethnies de la region. Mais pour moi le spectacle est plus dans la salle que sur la scene, car c'est bien connu, des chinois lorsqu'ils festoyent, ils se relachent completement. La temperature monte avec l'alcool, le ton egalement et apres quelques tounees de toasts portees a l'amitie, tout le monde se met a brailler des chansons que je suppose paillardes et certains messieurs tombent egalement la chemise et a torses poils, continuent a chanter et a boire jusqu'a plus soif. Il n'est pas rare qu'a la fin du repas, certains ont du etre soutenus pour regagner leurs cars. Bref, on n'y mange bien et on se marre bien aussi.

Voila mes chers, tout ce long preambule consacre a la plus celebre specialite culinaire du Yunnan, c'est parce que je suis de nouveau a Kunming depuis ce matin apres un trajet epouvantable dans un bus de nuit en provenance de Lijiang. Comme le train ne va pas partout dans cette region montagneuse, reste le bus et ici on a des bus de nuit equipes de lits comme des couchettes dans les trains mais beaucoup moins confortables. Si j'avais su, j'aurais pris un bus avec des sieges normaux car ces sleeper-bus sont inconfortables au possible. Il y a juste de l'espace entre les "lits" ou on doit marcher en crabe et pas de front et une fois dedans, c'est "couche-couche panier" et pas autrement. Il n'est pas possible de rester assis quelque part, il faut prendre sa couchette et si vous etes en haut comme moi, pas d'autres possibilites que de rester couche. Quelle merde ! Et ceux qui ont des grandes tailles, bonjour les degats car les couchettes sont faites pour des gens de 1m75 max. Le tout dans une forte odeur de panas car tout le monde enleve ses chaussures. Je dois dire ici que les miens de pieds ne sentaient pas non plus la rose car apres une journee de vadrouille dans Lijiang, ils n'etaient pas en meilleur etat que ceux de mes compagnons. Heureusement que le spectacle qu'offrent les paysages magnifiques du Yunnan Fu le long de la route au crepuscule, ainsi qu'une scene de crepage de chignon entre une passagere et la patronne d'un relais de la route contribuent a faire oublier un tant soit peu l'inconfort de la situation.
Avant ca, j'etais deux jours a Dali et un jour et demi a Lijiang. Deux des endroits les plus fameux du Yunnan pour la beaute et l'excellente conservation de leurs deux vieilles villes.

J'ai commence par Dali, a 5 heures de route de Kunming, le fief des Bai, une minorite ethnique bien connue pour leur sens du commerce, dans cette region du Yunnan qui compte dans une trentaine sur les soixantaines que compte la Chine. Certains vivent a cheval sur la frontiere entre le Vietnam et la Chine, heureux peuples, libres comme l'air et pour qui la notion des frontieres n'existe pas.

Dali, une ville qui aurait pu servir de decor au film "Tigres et dragons" d'Ang Lee bien connu en Occident. Une toute vieille ville avec des maisons typiques d'epoque dont aucune ne depasse deux etages et des ruelles etroites pavees et bien patinees par le temps. Le tout est entoure par des remparts aussi d'epoque, surmontes de portes d'entree majestueuses aux quatre points cardinaux. Il est bon de flaner dans cet endroit hors du temps compare a la modernite qui regne dans la ville moderne a deux pas de la. Mais voila, la rancon du succes, conjuguee avec la hausse du niveau de vie fait que Dali, comme Lijiang que je decrirai plus tard, comme Yangsuo pres de Guilin, est envahie par une multitude de groupes de touristes chinois du matin au soir, certains ne viennent que pour la journee avant de repartir plus loin ou rentrent chez eux. D'autres restent un jour ou deux et depensent bien plus que les occidentaux de passage. Et bien sur, dans ces conditions, on privilegie plus les groupes que les voyageurs individuels et les prix montent, meme si pour l'instant ce n'est pas encore franchement catastrophique. Dans quelques annees, je me demande ce que ca va devenir car comme partout ici, des que le succes est la, les municipalites chinoises multiplient les initiatives farfelues, soutenues par des armees d'entrepreneurs cupides et disposant d'appuis en hauts lieux grace a des pots de vin genereusement distribues ( la corruption est le fleau ici comme dans bien d'autres pays). On commence souvent par agrandir petit a petit l'espace au prix de quelques demolitions discretes pour reconstruire a neuf dans le faux style ancien, voire carrement accoler a l'endroit toute une nouvelle ville construite a l'identique a l'autre. Une fausse ancienne ville en quelque sorte, croyant que ca va emmener encore plus de touristes. Mais ils se sont mis les doigts dans l'oeil car j'ai pu constater de visu, la "nouvelle ancienne ville" rassemblee de toute piece a cote de Dali ancienne est deseperement vide et les commercants qui ont achetes des maisons la, tirent la langue car les gens ne sont pas cons. Les chinois comme les autres, personne ne veut aller voir un endroit par trop factice et depourvu d'ame. Esperons que ca servira de lecons a tous ces promoteurs mafieux stupides. Le premier jour, arrive en fin de journee et fatigue de porter mon sac, j'ai pris un hotel signale par "Guide du Routard" comme un endroit sympa pas trop cher, et pan dans le nez. On me demande 180 RMB la nuit pour une single avec douche privee. Pour nous, ce n'est peut-etre pas cher (18 EUR) mais pour le standard d'ici, franchement surfait. Je l'ai prise car il se fait tard, et le lendemain, j'ai trouve une sorte de pension de famille nouvellement ouverte dans la vague du fric facile avec le tourisme. Une simple maison transformee, chambres simples mais propres avec sanitaire commune assez clean pour 20 RMB (2 EUR). Une difference enorme. A part la vieille ville qu'on a vite fait de faire le tour, il y a plein d'autres choses interessantes a voir autour de Dali, soit en velo tranquillement a travers les rizieres bourdonnant d'activite comme a cette periode de l'annee car c'est le repiquage du riz, ou les fameuses gorges dont je me rappelle plus les noms un peu plus loin. Bref, il y a de quoi s'occuper pendant 3, 4 jours au moins dans le coin. Mais comme le temps presse pour moi, j'ai poursuivi sur Lijiang, une autre fameuse ancienne ville a 180km de la.

Il y a beaucoup de similarites entre Lijiang et Dali, mais seulement ici, j'ai l'impression que les choses sont gerees avec plus de bon sens qu'a Dali qui est entrain de perdre son ame. Bon, c'est aussi bourree de touristes braillant et crachant, mais les Naxi, autre minorite ethnique du Yunnan, qui vivent dans ce coin, ont su mieux resister a la pression des promoteurs. Enfin c'est l'impression que j'ai. Les maisons m'ont l'air mieux preservees et et gens ont su faire de leur activite traditionnelle une arme commerciale redoutable. Il n'est pas rare de voir des commercants qui vendent des choses produites par eux meme. Des tisserands qui tissent de superbes etoffes dans leurs boutiques, les bijoutiers fabriquent eux meme les bijoux, les bouchers qui vendent de la viande sechee de yaks, preleves sur leurs troupeaux, les cordonniers artisanaux font des chaussures et les vendeurs de T-Shirts dessinent eux meme les motifs imprimes sur l'etoffe prise ches les tisserands a cote. Et l'hotellerie pratique encore des prix corrects. Bref, plus sympa qu'a Dali et en plus, la region autour n'est pas depourvue d'atouts touristiques avec les hautes montagnes qui entourrent la ville offrant pas mal d'activites de grimpe, de randonnees etc... Et la musique Naxi, mes amis, de toute beaute. Des sonorites qui ressemblent etonnament a la musique andine avec beaucoup de flutes, de tambours. Superbe entrainante. Tous les soirs sur la place centrale de la vieille ville, on branche le haut-parleur, et en avant la musique. La danse commence, les rondes se multiplient jusqu'a remplir la place entiere. Touristes et autochtones entremeles et a la fin tout le monde pousse un "Ha" liberateur. Aussi jouissif qu'une "salsa rica" c'est vous dire.
Ne restant qu'un jour et demi ici, en attendant mon bus du soir, j'ai confies mes bagages a l'hotel et mis a profit la journee qui me reste a explorer un peu les alentours de Lijiang et a visiter aussi la ville moderne qui n'est pas sans interet surtout parce qu'on y croise pas du tout de groupes de touristes et qu'on est pas harcele a tout moment pour un rien car on a un look de "laowai" (long nez = etranger pour les chinois).
En milieu d'apres-midi, comme il me reste encore du temps a perdre de facon agreable, car le bus ne part qu'a 19h, j'ai decide de m'offrir une experience cinematographique chinoise. Passant devant une salle de cine de la ville, je vois une affiche avec notre Vincent Perez national dessus. Pensant que le film est en francais sous-titre en chinois, j'ai essaye de le savoir avec la caissiere qui ne parle que chinois. A la fin, elle a quand meme compris et a decroche son telephone, pour s'informer je crois, aupres de l'operateur. Helas, tout est en chinois mais par contre, m'a-elle fait comprendre que l'autre film, une production hongkongaise parlant mandarin mais a des sous-titres en anglais. Pourquoi pas, me dis je, meme si le film, d'apres son affiche, ne me botte pas trop. Il s'agit d'une histoire "fantastico, humoro, kungfuesque" un peu dans le style de "Tigres et dragons" justement mais un peu moins poetique, avec les grands stars de Hong Kong comme Jackie Chang, Jet Li bien connus en Occident. Et bien, meme si j'ai un peu de peine a partager l'enthousiasme bruyant de mes compagnons de salle, je dois dire que j'ai passe un moment fort agreable, une experience sympa, surtout au frais quand dehors, il doit faire dans les 32 degres a l'ombre.
Voila, apres une penible nuit de voyage car autant vous dire que je n'ai pas dormi grande chose dans ce "sleeper-bus", suis de nouveau a Kunming, la cite du printemps eternel. Un climat toujours aussi agreable pour les voyageurs qui debarquent d'ailleurs car du soleil a revendre mais toujours raffraichi par des petits vents bienvenus. J'ai profite pour reserver ma place dans l'avion pour Pekin pour le lendemain et me promener dans ce vieux quartier des marches aux fleurs et aux oiseaux qui, malheureusement, n'existerait bientot plus. En 2005, quand je suis venu ici, c'etait un grand quartier, a present il ne reste quasiment plus rien, a part quelques petites poches qui resistent encore. Figurez vous que quand j'ai quitte Kunming pour Dali, il y a de cela 4 jours, ils ont eu le temps de faire disparaitre des pans entiers de ce quartier. Completement dement ! Heureusement, il reste toujours le Parc Cuihui, le poumon vert de la ville ou les gens du coin vont pour se detendre, se grouper suivant les passions communes pour le chant, pour la musique, ou pour la danse. En vous promenant dans ce parc, c'est l'occasion de de faire le tour des differents styles de musiques et de danses en vogue dans le coin. Ici vous avez des adeptes de l'opera traditionnel, la vous avez des orchestres amateurs de folklores, plus loin, vous avez des gens qui pratiquent des danses traditionnelles chinoises et aussi du "cha cha cha" Surprenant. D'ailleurs, votre serviteur a esquisses quelques pas de danse avec des chinois tout ravis de voir un "laowai" partager leur passion. Un apres-midi super agreable. En revenant a pied a mon hotel en fin de journee, je me suis arrete un instant vers la Place du peuple pour me faire masser pendant 45 minutes sur le trottoir par un des masseurs aveugles qui officient dans le coin. Ces masseurs sont une institution de Kunming, habiles a vous remettre de vos fatigues avec leurs mains. C'est d'ailleurs leur seul moyen de vivre car la securite sociale n'esxiste pas en Chine. En leur confiant votre corps, vous faites aussi une bonne action en quelque sorte.
Voila, mes chers, ca commence a faire long comme article je crois, alors je vais arreter la et vous donne rendez-vous pour le dernier billet doux qui sera consacre a Pekin pour mes derniers jours en Chine avant la rentree au bercail, et d'ici la, je vous embrasse bien fort.

Le "ruishiren" en goguette

Wednesday, May 21, 2008

Voyage dans l'Empire du Milieu 5 (Canton - Guilin)

Salut a vous, vaillants lecteurs. Vous allez bien j'espere ? Mieux que moi certainement car je viens de me taper un long trajet en train de Guilin a Kunming, 18 heures de train je ne vous dis pas. En plus, je n'ai quasiment pas dormi car dans le compartiment a cote du mien, il y a une equipe de jeunes chinois fetards qui n'ont pas arrete de la nuit. Du coup, je n'ai pas d'autres solutions que de me joindre a eux, et au nom de l'amitie des peuples, nous avons leve le coude pour des lendemains radieux.
Du whisky chinois et pas mal d'autres alcools innomables coulaient a flot, inutile de vous dire que j'ai regagne mon compartiment dans un etat assez lamentable et tombe sur ma couchette comme une vieille chaussette. Seulement, le sommeil etait un peu court et en plus, le train est arrive a Kunming avec un peu d'avance sur l'horaire prevu. Heureusement que je connais deja cette ville de Kunming pour y etre alle il y a de cela 3 ans avec mon pere et ma belle mere en venant depuis le Vietnam pour passer quelques jours avant de regagner Ha Noi. Alors hop, un taxi pour l'hotel Camellia, connu des routards de tout poil, une chambre bien proprette dans son annexe au prix tres doux ; et un sommeil reparateur apres une bonne douche.
Requinque maintenant (je viens de finir mon souper dans un bistrot sympa a cote de l'hotel - et en plus ils ont aussi l'Internet) alors je profite pour vous ecrire un petit billet doux mes chers, car la derniere fois, je vous ai laisse du cote de Hong Kong avant de faire route sur Canton a 100 km de la avec les habituels raclements de gorge et les crachats tous azimuts.
Canton, un nom qui evoque une fameuse cuisine exportee dans le monde entier par la diaspora chinoise originaire de cette ville. Dans n'importe coin du globe on est assure de trouver un bouis-bouis, ou un grand resto servant cette cuisine car les cantonais sont les champions toute categorie de l'immigration chinoise. Le cochon de lait laque, les pigeons farcis a la mode de Canton, le riz cantonais bien connu de nos palais occidentaux, les fameux dimsums (ces bouchees farcis aux crevettes, a la viande, aux legumes etc... cuites a la vapeur et servis dans des paniers en bambou tresse) que les gens d'ici mangent a tout moment de la journee. Voila quelques unes des specialites culinaires du coin, sans compter une kyrielle de mets aussi bizarres et deroutants que les plats a base de serpent, de chat, de ragondin, de singe ou les testicules de porc, voire le penis de boeuf servis dans des restos specialises dans tous les coins de la ville. Pour certains de ces mets, on peut meme chosir la pauvre bete enfermee dans une cage devant l'etablissement comme dans un zoo.
Mais Canton, ce n'est pas que sa cuisine, il y a aussi plein d'autres choses a voir comme sa vieille ville toute pittoresque, ou l'ile de Shamian, ancienne concession etrangere suite toujours a cette fameuse guerre de l'opium dans les annees 1831-32 , un havre de paix dans cette ville surpeuplee et theatre de monstrueux embouteillages car le progres economique est arrive trop vite et aussi parce que cette megalopole de plus de 7 millions d'habitants n'est pas consideree comme un exemple d'urbanisation en Chine. Sur l'ile de Shamian, juste a cote de la riviere des Perles, il n'y a pas ou presque de voitures, pas d'immeubles de plus de 2 etages, que des maisons d'epoque, plein d'espaces verts ou les vieillards font leur Tai Chi, les enfants jouent et les amoureux se becotent sur les bancs publics comme dans la chanson de Brassens. C'est hyper agreable de flaner dans ce coin car on a l'impression d'etre un peu en dehors du temps.
Apres la promenade dans cet ilot de serenite, les promeneurs peuvent continuer leur ballade le long des berges de la riviere des Perles ou la nuit, les ponts sont illumines comme des sapins de Noel et ou on peut voir plein de saltimbanques et on y trouve aussi plein de petits stands de nourriture typique. Finalement, j'ai passes deux jours sympas ici a Canton qui n'est pour moi au depart qu'une ville d'etape sur la route de Guilin. L'occasion de recharger ses accus, bien manger et de se reconstituer une nouvelle energie.

Guilin maintenant, un des spots touristiques les plus fameux de Chine, vous savez, l'endroit ou coule une riviere tranquille qui serpente entre ces pains de sucre qui sortent de terre et ce meme jusqu'en pleine ville de Guilin comme des phallus geants et ou une bonne part des habitants gagnent leur vie avec la peche aux cormorants le soir, cette technique de peche specifiquement chinoise qui remonte a la nuit des temps.
J'y suis arrive apres un court vol d'une heure de Canton avec China Southern Airlines. Debarque sous une pluie battante, juste le temps de sauter dans la navette de l'aeroport pour la gare routiere d'ou part le bus pour Yangsuo car Guilin la grosse ville n'est pas interessante en soi. Les touristes, a part les richards qui paient une fortune pour faire la croisiere sur la riviere Li depuis Guilin et retour avec repas et tout et tout, partent directement sur Yangsuo a une heure de bus de la, ou l'hotellerie est moins chere et ou on trouve plein de coins interessants a faire en velo louable dans tous les coins du village.
Le seul hic, c'est que Yangsuo qui - pendant longtemps, etait considere comme un petit paradis pour routards (d'apres mon guide du meme nom) qui venaient la pour poser leur sac un certain temps et profiter pour ballader a bicyclettes a travers les charmants villages entoures de rizieres et de montagnes enchanteresses, et aussi des descentes le long de la rivieres entre ces pains de sucre sur des radeaux en bambou a moteur - est devenu maintenant comme un emporium (le terme est toujours du meme guide). C'est vrai, et la faute est a mettre sur le compte de la hausse du niveau de vie des chinois qui du meme coup, decouvrent les joies des vacances a la portee de tous ou presque. Il y a quelque temp, pas si loin que ca, c'etait un luxe reserve a une certaine elite, maintenant, a Yangsuo, jour et nuit on croise des hordes de touristes chinois avec fanions et haut-parleurs, braillants et crachants allegrement. Du coup, la municipalite a cru bon d'agrandir leur village et se mettent a construire n'importe comment en rasant des vieilles maisons et a la place, erigent des blocs entiers de maisons dans le style faux-vieux et ouvrent des centres commerciaux a tout va. On arrete pas le progres. Et les gens du coins, vous pensez bien, et je peux leur comprendre, veulent tous profiter de la manne du touriste. On delaisse les activites traditionnelles pour s'improviser guides, ouvrent des Guesthouses, des stands de colifichets etc... Meme les pecheurs au cormorants, ils ne font plus ca que pour des shows pour touristes, mise a part quelques irreductibles. C'est quand meme malheureux je trouve.
Et avec le temps, ils sont tous un peu pourris par tout ca. En voulant tout faire par moi meme sans passer par les Tours Organisators, j'avais de la peine a faire ma ballade sur la riviere car ils voulaient tous travailler avec des groupes, chinois ou etrangers envoyes par des hotels car ca rapporte plus. Le touriste individuel, rien a cirer. Ce matin la, en descendant du bus pour Xingping, je suis alle visiter le marche qui lui, etait encore authentique. Et ensuite, j'ai voulu faire un tour sur la riviere en croyant naivement qu'il suffit de venir a l'embarcadere payer sa place et monter a bord. Tu parles, je me suis foutu le doigt dans l'oeil car aucun bateau ne voulait m'embarquer. Tout etait reserve aux groupes, les seuls qui voulaient me prendre, c'etait des radeaux comme j'ai decrit dessus, mais le hic c'est qu'ils demandent 200 RMB, pour a peine 1h30, 2h de ballade sur l'eau. Pour ici, c'est une fortune. Heureusement je suis tombe sur Collin, un gentleman britanique et sa copine chinoise qui m'ont propose de me joindre a eux, et Li, la copine chinoise de Collin a reussi a negocier un radeau pour nous trois a un prix bien inferieur a ce qu'ils demande pour moi seul. La petite croisiere etait superbe car le coin est reellement de toute beaute. C'est une terre qui a inspire bien des peintres et des poetes chinois et sa beaute n'est vraiment pas usurpee.
Malgre tout ce mercantilisme touristico-merdique, Guilin et l'environ meritent certainement une visite, je n'ai pas regrette mon passage ici car il y a une certaine atmosphere, une beaute epoustouflante, il y a quelque chose de la Baie d'Halong au Vietnam, seul difference c'est que au Vietnam, ces blocs karstiques sortent de la mer et pour moi, ils sont encore plus grandioses (je ne suis pas a demi-vietnamien pour rien, alors un peu de chauvinisme, ca fait du bien ha ha !).
Voila mes chers, j'aurai aime reste encore un jour ou deux a Yangsuo pour visiter encore un peu les environs mais helas mon planning est serre, si je voulais voir Dali et Lijiang dans le Yunnan, je ne dois pas trop trainer helas. D'ou ma venue a Kunming aujourd'hui, une ville que je connais deja, mais que je ne pouvais pas eviter car c'est la porte d'entree de la region du Yunnan Fu. Tout passe par Kunming dans cette region, et la ville du printemps eternel comme on la surnomme est assez sympa pour rester un jour et musarder dans ses interessants vieux quartiers musulmans ou celui du marche des oiseaux et des fleurs. Alors a bientot mes adores lecteurs, en attendant je vous embrasse tres tres fort.

Jean-Pierre

Thursday, May 15, 2008

Voyage dans l'Empire du Milieu 4 (Hong Kong - Macao)

Bonsoir a vous mes lecteurs adores. Vous allez bien j'espere. Il est minuit ici a Hong Kong et je viens de sortir d'un resto cantonais dans le quartier de Temple Night Market a Kowloon la canaille, avec un ventre a faire palir Obelix. Pour une somme tout-a-fait modique, j'ai eu droit a un repas largement suffisant pour 3 personnes normalement constituees: Wonton Soup, Saunted vegetable "a la cantonaise", Roasted Pork Chinese Style et Fried Rice a la mode de Singapore. Gargantuesque ! C'est une institution ici a Hong Kong le marche de nuit de Temple Street, des alignees de stands d'habits, de sacs en cuir, de fanfreluches en tout genre et pas mal de contre-facons Vuiton, Boss, Armani, Rolex et autres. Avec tout du long de la rue, des bouis-bouis sympathiques avec tables et tabourets sur le trottoir qui servent d'excellents repas a des prix defiant toute concurrence. S'y bousculent le touriste a l'affut d'une bonne combine et autochtones se promenant en famille avec grande-mere, bebes et animaux de compagnie. Du moins ceux qui sont pas destines a la casserole car on dit que les cantonais (les 90% de la population hongkongaise) mangent tout ce qui volent sauf les avions et tout ce qui a quatre pattes sauf les tables et les chaises !


Je me trouve depuis maintenant trois jours a Hong Kong, apres un vol sans probleme ou presque de Shanghai pour Shenzhen. Sans probleme ou presque j'ai dit car le matin en partant pour l'aeroport de Hongquiao, j'ai pris un taxi et tout fier de montrer le mot Hongquiao ecrit en chinois au chauffeur, je me suis dit que c'est bon, et bien que nenni, le gaillard commencait a gesticuler en me faisant comprendre qu'il n'est pas sur de l'endroit ou je voulais aller. J'ai du mimer le geste d'un avion et la son visage s'eclairait. Alors on demarre, le feu passe au rouge, et mon gaillard est sorti du vehicule en courant dans les buissons au bord de la route pour satisfaire un besoin urgent. Me trouvant tout seul dans le taxi au moment ou le feu est passe au vert, j'ai ete la cible de toutes les injures et des doigts d'honneur des automobilistes derriere nous et qui passaient en frolant la voiture de pres.

Arrive a la gare de Shenzhen ou ce n'etait pas facile a trouver l'endroit d'ou partent les trains pour Hong Kong car rien n'est indique, tout est en chinois et les gens a la gare ne savent rien. Quel supplice chinois ! Finalement je l'ai trouve apres un long moment de recherche, et apres de longues et tatillones formalites de controle pour passer la frontiere chinoise-hongkongaise, j'ai atteri a East Tsim Tsa Tsui (un nom a coucher dehors vraiment), terminus de la ligne Shenzhen-Hong Kong ou j'ai mon hotel qui se situe sur la presqu'ile de Kowloon. J'ai parle plus haut de controle transfrontalier car Hong-Kong est toujours considere comme territoire etranger pour les chinois du continent malgre son retour dans la mere patrie depuis 1997. Certainement pour eviter que des horses de plebeens des campagnes chinoises sans travail depuis que la Chine a commence sa mutation economique, ne viennent surcharger encore un territoire qui est deja exigu et qui possede une densite de population des plus grandes au monde, mais aussi un des coins les plus riches de la planete. Ici c'est la symphonie de la verticalite des constructions car il n'y a plus de terres contructibles et tout est fait pour que "business keep going on". Question foules, c'est encore pire que la Chine continentale car il y a trop de monde sur une trop petite surface. On se fait marcher dessus partout dans la rue ici. C'est fou, fou.


Hong Kong dont le nom local signifie "Port aux Parfums" a quelque chose de vrai quand on se promene le long des rues de Kowloon ou j'ai mon hotel, en s'eloignant de Nathan Road la pricipale rue commerciale de la presqu'ile. Des effluves de cuisines avec une forte odeur d'ail melangees avec d'autres senteurs indefinissables. C'est une autre Chine ici, comparee a la vraie sur le continent. Deja qu'on roule a gauche, du coup, j'ai failli me faire renverser le premier jour en traversant la rue et regarder dans le mauvais sens. Et la monnaie est le dollar hongkongais et plus le RMB chinois. Ici les gens ont aussi une "decontraction attitude" completement differente de ceux de la Chine continentale. Et ayant un sens civique plus developpe egalement. C'est qu'ils ont ete nourris au sein de la democratie britanique pendant longtemps les Hongkongais et en discutant avec certains d'entre eux, on s'appercoit qu'ils tiennent beaucoup a leur liberte d'expression et aux procedes democratiques. Assez critique envers la nouvelle orientation decidee par le pouvoir qui placent des gens qui lui sont infeodes aux postes dirigeants de l'ile et qui sont de ce fait, peu regardant sur la chose democratique. Pour l'instant, ils sont encore des privilegies car malgre tout, Pekin tient parole et applique, avec quelques legeres differences pres, le fameux: "un pays, deux systemes" cher a feu Mister Dieng, qui permet de ce fait a Hong Kong une certaine liberte plus grande que les continentaux.

Venant de Chine continentale, on est surpris par la discipline des gens d'ici en ce qui concerne les simples choses civiques. Tout est propre, pas de megots dans les rues, on ne fume pas dans les etablissements publics et surtout, personne ne crache de facon deliberee dans la rue. Le premier jour, je me suis dit: bizarre, il y a quelque chose qui manque par ici, c'est que depuis des jours, je suis tellement habitue aux fameux "kre, kre" fortement gutturaux, bruits caracteristiques des raclements de gorges puis le non moins fameux "pfuit, pfuit" du crachat. Ici rien, et je peux vous dire que ca fait drole apres 10 jours passes sur le continent. Si non Hong Kong, c'est 260 iles et ilots, mais a part ces petites iles habites par des pecheurs et ou se trouvent des cites dortoirs (New territories), c'est principalement l'ile de Hong Kong ou Central avec la City adossee aux fameux Victoria Peak) et la presqu'ile de Kowloon de l'autre cote de la baie avec ses usines a routards car c'est ici qu'on trouve les hotels les moins chers de Hong Kong. J'en ai trouve un justement a Kowloon, dans une espece de HLM limite crade de 17 etages avec plein de dedales, heureusement qu'il y a des ascenseurs car on s'y perd dans ces corridors labyrinthiques. Il faut juste esperer qu'il n'y a pas le feu car ce sera la tour infernale assuree. J'y ai une chambre de 2 m de large sur 3 m de long avec une salle de douche et sanitaire, sans fenetre mais avec AC et TV. Encore raisonnable et ca va juste pour dormir le soir, si non c'est tout de suite le coup de fusil car la vie est beaucoup plus chere ici qu'en Chine continentale.

Le premier soir, j'ai assisste a un spectacle son et lumiere extraordinaire sur la baie de Kowloon. C'est que tous les soirs, les gens d'ici ont droit a un light show en musique a faire rugir certainement de plaisir mon ami Pak le specialiste du genre. A 20 heures piles, tous les gratte-ciel en face de la baie de Kowloon sur l'ile centrale, se parent de leurs plus belles lumieres changeantes et a grand renfort de laser et en musique, offrent un show epoustouflant. Un spectacle vraiment ravissant ! Et en revenant sur Nathan Road gentiment, passant devant le Sheraton, j'ai ete le temoin d'une scene assez rare, une fourgonnette de police arrive juste devant et tout a coup, je vois sortir de l'hotel, menottes aux poignes, et les tetes dans des sacs noirs couvrant tous leurs visages, une longue file de jeunes gens alpagues par les policiers en civil et le tout sous les cameras des televisions de l'ile. Dieu sait ce qu'ils ont fait mais les flics n'ont pas l'air de plaisanter, ca bardait sec. Ce qui est drole, c'est que les tele et les touristes de passage comme moi ont pu photographier, filmer sans problemes et meme de pres sans que les policiers s'en emeuvent. Etonnant !
Passes ces moments d'emotion, j'ai pour une fois dormi comme un bien heureux et frais, dispo pour la grande vadrouille sur Hong Kong central le lendemain. Avec bien sur, au programme l'incontournable Victoria Peak d'ou on jouit d'un panorama grandiose sur l'ensemble de la ville de Hong Kong et les vestiges de la colonisation britanique. Une ville ou tout est fait pour inciter a la consomation, au business. Il y a un dicton hongkongais qui dit en anglais: "With my money in my mind and my mind in my money" ca veut tout dire.

Le deuxieme jour, j'ai traverse la baie de Hong Kong avec le turbojet ferry pour aller a Macao l'enfer du jeu. Il me revient justement a l'esprit ce fameux reggae chante par l'equipe du Splendid avec l'ami Coluche, ce morceau m'a bien fait rire sans savoir qu'un jour je me retrouverai sur cette ile. C'est un autre confetti colonial mais portugais cette fois. Une autre atmosphere et finalement beaucoup plus charmant que Hong Kong. Dans la vieille ville de Macao, on a l'impression de se trouver dans un petite ville portugaise. Pleine de petites places ombragees, et les noms de rues fleurent bon la Luisitanie avec des ruelles pavees et les murs couverts d'azulejos (ceramique typiquement portugaise). Meme la cuisine a subi une influence qui donne des specialites luiso-macanaises superbes. Avant de rendre Macao a la Chine en 1999, le Portugal a prise l'excellente initiative de restaurer tous les edifices coloniaux de l'ile assortie de clauses qui empechent leur destruction, et de ce fait Macao est reste une pimpante cite ou il fait bon flaner sans but. Un peu plus loin, vers la mer, on trouve plein de casinos flamboyants dont le plus fameux est le Grande Lisboa qui appartient au magnat Stanley Ho qui controle quasiment toute l'ile, du moins sur le plan economique. Ce casino a la particularite d'etre toujours en renovation. Savez vous pourquoi ? Car un medium a predit a Ho qu'il sera mort le jour ou son casino sera acheve. Du coup le vieux Ho (bientot 90 ans cette annee) n'a jamais arrete la renovation de son truc meme si ce n'est plus necessaire du tout. Comme quoi, il vaut mieux ne pas savoir ce que sera demain. Si non, il faut avoir des ronds comme ce bon vieux Ho pour conjurer le mauvais sort. Voila mes chers, deux jours et demi sur Hong Kong et Macao, c'est un peu court mais ca me suffit largement. Car finalement ca peut etre fatiguant de se trouver dans des endroits ou il n'y a que le mot business a l'esprit. Si on a le look etranger, on ne fait pas deux metres sans se faire alpaguer par toute sorte de gens qui vous proposent des costumes tailles a la journee, ou des salons de massage, ou de Rolex certifies made in Switzerland et j'en passe. Depuis hier je suis a Canton, juste de l'autre cote de la frontiere. Le coin est repute pour sa cuisine. Je vais profiter pour me remplir la panse vous pensez bien. Hum, la cuisine cantonaise, fameuse dans le monde entier grace a la diaspora chinoise eparpillee partout sur cette vaste terre. Mais ceci est une autre histoire mes amis. Je vais devoir quitter ce cybercafe car le temps qui m'est reparti arrive gentiment a terme. Alors a bientot pour un autre billet doux, je vous embrasse bien fort. Salut.

Monday, May 12, 2008

Voyage dans l'Empire du Milieu 3 (Shanghai la demesure)

Ni Hao a tous, j'espere que tout le monde va bien. Me revoici apres quelques jours de silence car j'etais completement absorbe par le gigantisme de cette ville de Shanghai. C'est une ville de la demesure avec deja un pied dans le troisieme millenaire. Avec une population de trois fois la Suisse, elle n'a plus rien a voir avec le Shanghai endormi de la fin des eighties. A la fin de ces annees, la ville n'etait qu'une cite dechue, triste et surpeuplee, mais depuis le changement de cap de la Chine, elle a recouvree tout sa splendeur et se retrouve la figure de proue du capitalisme d'etat cher a feu Mister Dieng Xiao Ping. Ceci grace aussi a l'apport de ses deux anciens maires qui ont ete propulses a la tete de l'etat dans les annees 90 et le gouvernement actuel compte sur cette megalopole pour faire acceder la Chine au rang de superpuissance economique mondiale.

Pour les Tintinophiles, Shanghai est aussi la ville de l'album "Le lotus bleu", ville ou pourtant Herge n'a jamais mis le pied. Par contre tout etait exacte dans son album en ce qui concerne la cite car Herge a pu beneficier de la connaissance de son ami chinois Tchang Tchong Jen qui a servi de modele a son personnage homonyme. Un etudiant originaire de Shanghai et ayant etudie en Europe. L'abum parle de ce fameux Shanghai des annees 20, 30, celui des concessions etrangeres qui etaient imposees aux Chinois suite a la fameuse guerre de l'opium et ou les ressortissants de ces pays etrangers beneficient d'avantages exorbitants et n'obeissent qu'aux lois de leurs pays et non pas a celles de la Chine. Celui aussi des fumeries d'opium, marchandise qu'on pouvait aussi se faire livrer a la maison comme des pizzas d'aujourd'hui (dixit mon "Routard"), des salles de jeux, des exquis bordels (il parait qu'on a recense pres de 670 de ces maisons a l'epoque - tjs selon mon "Routard") et des reglements de compte entre gangsters. De cette epoque, popularisee par de mombreux films (Shanghai Express, Le Dramme de Shanghai etc...) et de romans, subsiste encore des temoins architecturaux le long du Bund, la fameuse promenade le long de la riviere Huangpu comme par ex. le Big Ben de Shanghai, la Banque de Chine, ou encore le Peace Hotel, un des deux seuls hotels de la ville a n'avoir jamais changee de fonction apres l'arrivee des troupes de Mao en 1949, ainsi que d'autre edifices moins renommes. Des quartiers ou se trouvaient des concessions etrangeres existent toujours maintenant et on retrouve encore des signes qui temoignent de leur passe comme l'ancienne concession francaise ou je me trouve maintenant entrain de vous ecrire, chers lecteurs adores. Quand on est dans cette partie de la ville, quelque chose nous rappelle la France. Les rues sont bordees de platanes et les maisons sont basses, tres peu de hauts immeubles et comme par hasard, on trouve plein de boulangeries "a la francaise". Beaucoup de mignonnes boutiques de mode, de restos sympas, le coin compte aussi la rue commerciale la plus renommee de Shanghai apres celle de Nanjin Lu du quartier du Bund qui elle, est consideree simplement comme les "Champs Elysees" de toute la Chine pour les locaux.
Je suis alle me promener hier a l'ancienne ville chinoise qui elle, n'a quasiment pas change. Un reseau inextricable de venelles, une sorte de labyrinthe ou on se perd a chaque pas. Beaucoup de cachets, tres pittoresque, plein de vie, sympa comme tout mais malheureusement aussi beaucoup de problemes d'hygiene pour les habitants qui vivent parfois a je ne sais combien de personnes dans une meme piece. Dans ces venelles les gens vivent en compagnie de poules, canards etc... tout proche, hum... la grippe aviaire on en a pas peur par ici ! Un systeme sanitaire general a la limite de l'insalubrite. Il flotte toujours dans l'air une odeur plutot incommodante emanant des lieux d'aisance qui n'ont rien d'aisant du tout ! Mais la promenade est superbe pour plein de scenes insolites, pour la vie qui transpire et pour la beaute de certaines maisons anciennes encore debout. Jusqu'a quand ? Car j'ai bien peur que toute ce coin va etre rase pour faire du neuf, ce n'est qu'une question de temps car la renovation n'est pas trop le point fort des municipalites chinoises.

Now, what about modern Shanghai ? Et bien comme j'ai dit plus haut, Shanghai a deja un pied dans le troisieme millenaire. Depuis les annes 90, d'apres mon "Routard" plus de 3000 tours et gratte-ciels sont sortis de terre et ca continue tous les jours. Des chantiers dans tous les coins de la ville, et ca bosse jour et nuit. Ils ne s'arretent jamais. Les ouvriers dorment sur place dans des baraques et travaillent en equipes qui se relaient.
Une ville entierement nouvelle (Pudong) a ete creee en 10 ans sur la rive droite de la riviere Huangpu et fonctionne comme zone economique speciale. De cette partie de Shanghai, il est sorti de terre une profusion de gratte-ciel aux formes futuristes et concus par des grands architectes internationaux qui rivalisent d'audace et d'originalite. Le resultat de toute cette folie de construire fait que le sol s'affaisse de 1,5 cm par an ! Quand on se promene sur le Bund, cette ville futuriste apparait comme une sorte de Manhattan asiatique bourre d'ambitions et d'orgueil. C'est que le pays est fier de sa croissance et veut montrer a la face du monde sa reussite.
On dit que Shanghai, outre le projet de 13 villes nouvelles dans le genre de Pudong, ambitionne aussi de contruire dans un futur proche une "tour bionique" s'inspirant a grande echelle de formes existant a petite echelle (arbres plantes, fleurs etc...) dans la nature, le projet le plus fou de Chine mais aussi surement du monde. Proposee par deux architectes espagnols, cette tour ferait 1228 m de hauteur et compte 300 etages capables d'abriter 300.000 personnes. La tour infernale ? Dire que l'edifice le plus haut du monde actuellement est de 500 m et des poussieres. Ils sont fous ces Chinois ! Et un peu megalo aussi certainement.

A part ca, ces quatre jours ici a Shanghai s'etaient passes de facon fort agreable pour moi, n'etant les courbatures ressenties a la fin de chaque jour, car a pedibus (enormement) entre deux metros, vue la monstrueuse immensite de la megalopole, vous etes cuits a la fin de la journee.

C'est d'autant plus agreable que j'ai ete accueilli tres chaleureusement dans cette ville par l'amie chinoise de Caroline (coucou Caro et Fredo), une charmante personne au doux nom de Jane Liang, c'est ma "Dame de Shanghai". Cette charmante jeune femme a vecu a Vevey ou elle a fait des etudes de management dans une ecole a La Tour de Peilz, et depuis son retour, elle travaille pour une boite etrangere implantee ici et de ce fait, fait partie de ce qu'on peut appeler des Shanghaiens priviligies ayant acces plus facilement aux produits encore consideres comme inaccessibles malgre tout a quand meme pas mal d'autres habitants de la ville et aussi a la possibilite d'habiter seule dans un appart en toute independance. Car selon ce que j'ai pu lire, seulement 3 a 5% de Shanghaiens gagnent plus de 2000 RMB (200 EUR). Et le reve de tous ces jeunes d'ici est de pouvoir se faire embaucher dans une societe etrangere offrant plus haut salaire et plus d'avantages sociaux. Et du coup, entrer de plein fouet dans la societe de consommation chere a l'Occident.
Grace a Jane, j'ai pu voir pas mal de choses qui echappent aux touristes ordinaires et passer quelques soirees fort sympathiques. J'ai pu ainsi faire connaissance avec toute sorte de cuisine regionnale de Chine (on dit qu'a Shanghai, vous pouvez manger une cuisine differente chaque jour pendant 10 ans !) avec notamment une soiree dans un resto du Xijang (une region musulmane de Chine) ou nous avons eu droit a un repas succulent au sons de melopees arabo-orientales en live par une equipe de fiers Xijangiens des plus festifs. C'etait des moments formidables, merci Jane et aussi merci a Caro qui m'a permis de connaitre cette superbe fille pleine de douceur et jolie en plus, ce qui ne gate rien.
A part ca, it's time to move for me, car apres quatre jours d'exploration dans une megalopole demente comme Shanghai, personnellement je ne suis pas trop mecontent de reprendre mon baton de pelerin. Demain cap sur Shenzhen et de la, droit sur Hong Kong.
Shenzhen, zone economique speciale (une des toutes premieres de Chine) est juste le transit pour moi car pour aller a Hong Kong, il vaut mieux acheter un billet jusqu'a Shenzhen, puis sauter dans un train pour Hong Kong. Il y en a pour juste une heure. Comme ca on gagne une economie de 40% sur le billet d'avion (c'est vrai en plus - ce conseil du "Routard") au lieu d'aller directement a Hong Kong depuis une autre ville chinoise. Toujours ca de pris pour un routard qui se respecte.
Voila mes chers amis, a bientot pour un autre billet consacre a Hong Kong et aussi Macao (Macaoooooo, oh, oh. oh Macaooooo... - le reggae de l'equipe du Splendid avec Coluche and co remember ?), d'ici la je vous embrasse bien, bien fort. Salut !
JP.
P.S.: pour les accents, c'est toujours la cata avec ces machines. Je croyais avoir decouvert le secret la derniere fois mais ce n'etait pas le cas. Desole ! A part ca, mon blog est toujours inaccessible ici en Chine. C'est quand meme ridicule non ? Pas grave dans la mesure ou vous pouvez tjs le lire la-bas. Sam'suffit !

Tuesday, May 06, 2008

Voyage dans l'Empire du Milieu 2 (Un vrai billet: Pekin suite - Xi'an et ses guerriers en terre cuite)

Bonsoir à tous, vous allez bien ? Moi ca va, malgré un petit problème bizarre qui m'empêche d'accéder à mes archives et ce depuis 4 jours maintenant. Non je ne suis pas parano mais il y a surement un petit truc qui fait que celà est impossible. Tout simplement quelque chose a été fait pour que les gens qui veuillent aller sur mon blog ne peuvent pas le faire depuis la Chine quelque soit l'ordinateur. Je peux toujours écrire mes billets, et là-bas en Europe ou ailleurs, vous pouvez les lire (une copine m'a dit qu'elle a pu lire les 2 billets sans problème) mais ici en Chine, tin-tin. N'oubliez pas que la Chine a toujours exercé un contrôle très stricte sur la toile et surtout dans le contexte politique que nous connaissons actuellement. Il suffirait que j'écris le mot qui signifie l'autre entité que vous connaissez pour déclencher une espèce de paranoia de la part des autorités locales. J'en ai pour preuve que tout-à-l'heure, pour écrire ces mots, il fallait que je puisses accéder à la partie "publication d'un message - modifier un message déjà publié etc..." Et bien, j'ai pu y aller sans problème mais quand j'ai voulu ruser en cliquant sur le premier billet comme si je voulais modifier quelque chose dans le texte, c'était simplement impossible et pourtant il y avait là toute la liste des billets dont celui-ci. Alors que je pouvais accéder aux autres sans problèmes, il était vain d'essayer d'accéder à mon premier billet de mon voyage en Chine. Et aussi quand je vais sur Google, et taper Homo Burnatus, d'habitude on y trouve plein de textes de mon blog qui peuvent être consultés, voire mon blog en entier avec profil du blogeur et tutti quanti, là c'est le néant car la demande a été surement faite depuis un ordi en Chine.

Pas grave, du moment que vous pouvez toujours suivre mon périple, pour moi c'est le plus important, alors maintenant revenons à nos moutons, je vous raconte la suite de mon voyage dans ce pays surprenant à bien des égards. Avant de quitter Pékin, j'ai profité de ma dernière journée pour aller voir de près cette fameuse Grande Muraille de Chine, à Badaling précisément où le gouvernement a débloqué des sommes énormes pour les restaurer et elles sont grandioses ces murailles, c'est vrai. Pour quelque dollars de plus, et pour mépargner un peu d'énergie contrairement à mes habitudes, j'ai pris un tour organisé qui propose une visite de la Grande Muraille couplée avec celle des tombeaux royales de Ming. Et bien, je n'aurai pas du car si la Gde Muraille et les tombeaux étaient magnifiques, notre guide (nous étions quatre touristes), une jeune fille, charmante au demeurant, ne pensait qu'à nous emmener dans des "factories de jade" voire dans des maisons de thé, et les visites des sites étaient plutôt raccourcies. Et à la fin, elle nous a même emmenés dans une clinique chinoise spécialisée dans la médecine traditionnelle avec en prime une séance de massage des pieds que je n'ai pas voulue car d'une part ce n'était pas prévu dans le programme et d'autre part, après une journée de crapahutage et de grimpette sur la Grande Muraille, mes pieds auraient faites défaillir les pauvres masseuses. En plus, ce n'était pas donné. J'ai bien ri en voyant la tête de mes trois compagnons qui sont plutôt sympas. Il y a là un jeune Gallois qui revient au pays après ses deux ans d'enseignement d'anglais en Corée du Sud, et il profite pour faire un stop-over à Pékin. Les deux autres sont des physiciens Polonais à la retraite et qui s'occupe en voyageant. Vraiment sympa comme équipe et le soir, nous sommes allés manger ensemble le Pekin Roast Duck dans un resto sympa dans mon ""hutong". Une superbe soirée que nous avons poursuivie Giles le Gallois et votre serviteur car les Polonais vu leur âge, ont préféré renoncer. Et devinez où ? Au "underground bar" de mon hotel bien sur ! Et ce soir là, mes chers, c''etait mémorable. Comme je l'ai dit, ce bar n'est pas fréquenté que par les hotes, il l'est aussi par toute une faune hétéroclite du coin. Des Chinois, mais aussi des expatriés Américains et Européens. Ce soir, avec nous il y avait Daren un noir américain de Caroline du Sud qui est à Pékin depuis 14 ans et qui parle un chinois à couper le souffle, un couple de jeunes chinois qui s'improvisaient chanteuse et guitariste avec leurs amis, ainsi que toute une équipe de Japonais et Coréens qui logent à l'hotel. Et la fête fut plus que belle. Oh nuits de Chine, nuits câlines...
Le lendemain, je quittais presque à regret Pekin avec le train de nuit pour Xi'an ou je suis arrive hier matin. Cette nuit dans le train était une expérience humaine formidable. J'ai voulu voyager en "hard seat" c'est la classe la moins chere, ce n'etait pas pour le prix car les couchettes ou les "soft seats" coutaient a peine plus cher pour nous avec l'avantage du change, mais pour voyager comme les gens simples d'ici contrairement a d'autres touristes qui prefèrent le confort d'autres classes, et je peux les comprendre car en "hard seat", ce n'est pas de la tarte. Et mes amis, malgré le confort spartiate et la surpopulation dans ces wagons, j'ai passe une soirée formidable. Les gens étaient d'une formidable gentillesse avec l'étranger que je suis. Passé le premier moment de surprise, ils sont plein d'attention et sans arrêts me proposent des choses a manger et comme ils mangent presque tout le temps, j'ai eu un peu de mal a décliner les offrandes. Il faut savoir que les chinois sont les champions de grignottage et quand ils voyagent, la nourriture occupe une place enorme dans leur bagages. Et pour se faire comprendre, on utilisait les geste et quelque fois avec l'aide de mon petit lexique de voyage. Inoubliable soirée !
Quant a Xi'an, c'est une magnifique ville avec une partie vieille ville entourrée de remparts antiques super bien conservés et une partie moderne hyper-dynamique. Mais le principal attrait de la ville est le musée a une heure de route d'ici ou se trouvent l'armée de terre cuite de l'empereur Qui Sun Huang, ils ont des milliers d'années ces guerriers mais sont dans un état de conservation incroyable. Dire qu'ils ont été découverts tout-à-fait par hasard en 1974 par un paysan du coin qui voulait creuser son puit. Tout a coup, il voit un guerrier puis encore un autre... C'est le départ d'une histoire extraordinaire et une découverte archéologique exceptionnelle. Ces guerriers sont considérés comme la huitième merveille du monde par les Chinois. Quand on les voit comme ca en ordre de bataille, ca degage quelque chose de magique et d'émouvant surtout en pensant qu'ils étaient il y a de celà à peine plus de 40 ans, encore dans leur tombes et ce depuis plus de 2000 ans. Un grand moment démerveillement pour moi.
Bon il n'y a pas que ca, il commence à se faire tard ici et je vais me dépêcher d'aller manger une morce car les gens mangent tôt dans ce pays. Demain, cap sur Shanghai et ca va être de nouveau un long voyage en train et comme d'hab., je n'ai pas dormi grande chose ces derniers jours, alors il va falloir que je me couche un peu plus tôt ce soir. J'arrête ici mes chers et je vous embrasse bien fort. A tout bientôt pour un autre billet doux.
JPB
P.S.: vous avez remarqué que les accents ont été mis ? je crois que j'ai découvert le secret cette fois. Mais parfois, ca ne marche pas on ne sait pas pourquoi. C'est encore des Chinoiseries comme dirait mon ami Pac

Saturday, May 03, 2008

Voyage dans l'Empire du Milieu 1 (Pekin)

Ni hao les amis, comment allez vous ? Moi pas trop mal, apres un vol rendu encore plus long par privation de cigarettes depuis l'aeroport de Franfort, jai enfin pose les pieds sur le sol des fils du ciel a l'heure ou Pekin commence a se reveiller. Un temps lourd ou le soleil peine a trouer la couche de smog qui couvre completement la cite. A peine sorti de la navette qui me depose en ville, commence a trotter dans ma tete cet air d'Edith Piaf: "Emporte par la foule..." et oui, c'est terrifiante cette enorme foule qui vous entoure. Une sensation d'etre pris dans un tourbillon de gens.
Plus d'un milliard de Chinois et moi, et moi... , tout petit perdu au milieu de cette foule grouillante a se frayer un chemin a la recherche d'une bouche de metro afin de me rendre a Qu'ian Men, quartier ou se trouve mon hotel. Sorti du metro apres avoir manque de me faire ecraser par une meute en delire dans une rame pleine comme un oeuf, il faut encore reperer mon auberge qui se trouve dans le coin mais quasi impossible a trouver car il est dans ce qu'on appelle ici un "Hutong" c'est a dire le vieux Pekin populaire couvert de venelles ou meme deux velos ont de la peine parfois a se croiser.
Un veux tireur de cyclo, voyant mon air depite m'a propose de l'aide dans un sabir anglo-chinois et pour une modique somme m'a tire sur sa bicyclette poussive jusque devant l'auberge. Alors la mes amis, c'est vraiment "the auberge" ! Imaginez une sorte de palace en bois sur deux etages qui entourre une cour carree ou rien ou presque n'a change depuis deux cents ans. L'endroit servait a l'epoque de repaire a courtisanes ou les seigneurs venaient s'adonner aux plaisirs des "Nuages et de la pluie"* depuis leur Cite interdite tout proche. Imaginant m'endormir dans une de ces chambres ou jadis ont eu lieu des "ebats princiers" me remplit d'un plaisir fremissant. Oui, c'est comme faire l'amour avec l'histoire, vous rendez vous compte ?
Au sous sol de l'hotel, il y a un bar "underground" et ce dans tous les sens du terme. Dans ce bar, il existe un tunnel sous-terrain secret ou l'empereur lui meme utilisait pour venir s'encanailler en toute discretion. Maintenant, il est frequente non seulement par les clients de l'hotel mais aussi par tous les gens du coin et ou de temps a autre, il y a des concerts, des parties etc... Autant vous dire qu'on ne vient pas ici pour avoir du repos. Depuis que je suis la, je n'ai jamais pu fermer l'oeil avant 2, 3 heures du mat. Et le quartier est pittoresque a souhait, c'est l'un des derniers "hutongs" de Pekin qui subsistent car les autorites chinois etaient prises pendant longtemps d'une folie de destruction de ces vieux quartiers pour y faire du neuf. Il y avait pas mal de drammes car des familles entieres ont du quitter ces vieux endroits pour des HLM de banlieu dans des delais tres courts et pour une miserable indemnite.
Heureusement que sous la pression des defenseurs du patrimoine qui ont enfin prise conscience de la valeur de ces tresors a conserver, ils ont reussi a faire flechir un peu les autorites chinoises. Et pour l'instant les derniers 'hutongs" continuent a exister mais jusqu'a quand car les speculateurs n'ont pas encore abandonnee la partie.
Ici c'est le Pekin des petits gens, des artisans, des petites gargotes, des coolies qui triment dur, du matin au soir ca deborde d'activite et de bruit. Ca transpire la vie quoi ! Des venelles inextricables dont certains sont encore en terre battue. Se promener dans ces endroit vous fait remonter a des dizaines d'annees en arriere dans Pekin. Vraiment super comme coin.
L'avantage aussi pour moi a resider ici est qu'on est a 10 minutes a pied de la fameuse place de Tien An Men (remember ce qui se passait sur cette place en1989, quand soufflait un vent de liberte inedite sur la Chine qui tenait le monde entier en haleine pendant des jours ?) et de la Cite Interdite.
La place de Tien An Men est l'endroit ou tout se passe. Des commemorations, des manifestations en faveur du Parti, des celebrations etc... toujours noir de monde et doit battre tous les records du monde en matiere de presence policiere. Des flics a tous les coins, en gris, en vert kaki, en noir, des unites de SWAT (police de choc) sans compter l'armee dont les membres se tiennent raides, engonces dans leur uniforme et d'une rigidite a toute epreuve. Et aussi des flics en civil fondus dans la foule. C'est drole, je n'y ai vu aucun sympathisant de la cause du Tibet. Etonnant non ? A part ca, une foule enorme de chinois debarques tous les jours par cars entiers de toutes les provinces sous la conduite des guides portant drapeaux et haut-parleurs pour visiter le memorial du Grand Timonnier et la cite interdite tout proche. Tout cela dans un concert de crachats, de rots et autres bruits gutturaux. Pour ceux qui ne le savent pas, un des sports nationaux en Chine est le crachat, tout le monde le maitrise avec une superbe dexterite. Pour commencer, on se racle la gorge le plus bruyamment possible et ensuite, on doit expedier le glaire le plus loin possible. Comme touriste, il faut se gaffer de ne pas ramasser les glaires perdus car il arrive qu'un quidam se tourne la tete sans regarder, et le coup part. J'ai failli en ramasser un l'autre jour dans le hutong de mon hotel, le gars qui marchait devant moi, s'est tourne et pan, ca m'a passe tout pres de la figure. Et oui mes amis, autre pays, autre moeurs !
Ce matin, je suis alle visiter la Cite Interdite, l'endroit ou vivaient a l'epoque les Empereurs et leurs familles entoures de leur cour de fonctionnaires imperiaux et d'une armee d'eunuques. Un ensemble architectural charge d'histoire et d'une beaute a couper le souffle. Peu de gens savent que ces fameuses constructions etaient l'oeuvre d'un prisonnier vietnamien tombe au mains de l'armee chinoise de l'epoque (ca vaut bien un petit cocorico pour le demi-vietnamien que je suis). Au beau milieu de la visite, j'etais pris dans un orage d'une formidable intensite. Du jamais vu, a 9h30 du mat, il faisait quasiment nuit noire, et la pluie a tout inonde sur son passage, tout le monde etait bloque dans des endroits un tant soit peu abrites sauf les plus courageux ou plus prevoyants qui etaient equipes en consequence. En plus, un vent froid s'est leve et la mes amis, j'ai creve de froid car j'ai laisse mon pull a l'hotel, me fiant un peu trop a la chaleur matinale avant la tempete. Du coup la visite de La Cite Interdite etait un peu baclee, je n'avais qu'une hate, rentrer a l'auberge et me mettre au chaud. A propos du temps, le Pekin de ce debut Mai n'est vraiment pas le Perou. Depuis deux jours que je suis ici, je n'ai pas encore vu le soleil, un terrible smog plane en permanent sur la ville, l'air est lourd, irrespirable presque. Tout est gris, pire que le mois de novembre en Helvetie. Ce ne sera pas de la tarte pour nos amis les athletes aux prochains Jeux Olympiques au mois d'Aout.
Demain je pars pour une excursion d'une journee a la Grande Muraille et les tombes royales de l'Empereur Qing en esperant que le temps sera un peu plus clement. Voila chers lecteurs, mes premieres impressions de l'Empire du Milieu, et comme il commence a se faire tard maintenant, quelque chose comme 2h du mat, je vais aller boire le dernier au "Underground Bar" et vous planter la mes chers. La suite pour une autre fois d'acc. ? D'ici la, prenez bien soins de vous mes chers, je vous embrasse tres fort.

JPB

* Des nuages et de la pluie est la facon poetique des Chinois pour parler des jeux du sexe.

P.S.: mille excuses, je n'ai pas trouve comment faire pour les accents sur cette machine. Sorry !