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Location: Vevey, Vaud, Switzerland

Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Monday, May 26, 2008

Voyage dans l'Empire du Milieu 6 (Dali - Lijiang - Kunming)

Ah ces maudits piments ! Il a eu la main un peu lourde mon cuistot avec cet ingredient. Ou il etait amoureux le bougre car a Kunming en ce printemps, les femmes sont belles et l'air est empli d'un petit quelque chose de leger, de glamour, propre a mettre tout le monde en joie. Le resultat de tout ca, c'est que mon plat de "Nouilles qui traversent le pont", une specialite celebre ici dans le Yunnan, est plus que "hot", une allumette et je prendrais feu sans autre. A part ca, c'etait bon a manger ce truc. Ce plat ne d'une legende qui raconte qu'une femme qui, pour apporter a manger a son mari, a du deployer des tresors d'ingeniosite pour traverser le pont sans que ses nouilles ne prennent froids et de fait, subisse les foudres de son tout puissant de mari. Et bien, en quoi cela consiste- il ? De simples nouilles servies avec un bouillon a part, bien releve (voire plus comme ce soir) et accompagnees de viande, de poissons, de fruits de mer, ainsi que tout un tas de legumes divers. Le tout est pose sur une table tournante et on trempe ces nouilles ainsi que les autres choses dans le bouillon et avale avec beaucoup de bruits. Hroup, hroup !

Le meilleur endroit pour en manger ici a Kunming est le Yunnan Flavor Restaurant en face de mon hotel. C'est une institution de la ville et tout le monde dans la region se doit de venir au moins une fois dans sa vie dans ce resto pour gouter a ce plat. De ce fait, on voit arriver par cars entiers de groupes de chinois des alentours, dont la plupart sont composes de minorites ethniques nombreuses ici dans le Yunnan en tenue du dimanche, dans un grand renfort de raclements de gorges mais heureusement pas de crachats car l'endroit est plutot chic pour le standard de la ville.

Imaginez un resto presque aussi grand qu'un terrain de foot et ce sur deux etages donnant sur une scene ou est donne pendant le repas un spectacle folklorique par des membres de differentes ethnies de la region. Mais pour moi le spectacle est plus dans la salle que sur la scene, car c'est bien connu, des chinois lorsqu'ils festoyent, ils se relachent completement. La temperature monte avec l'alcool, le ton egalement et apres quelques tounees de toasts portees a l'amitie, tout le monde se met a brailler des chansons que je suppose paillardes et certains messieurs tombent egalement la chemise et a torses poils, continuent a chanter et a boire jusqu'a plus soif. Il n'est pas rare qu'a la fin du repas, certains ont du etre soutenus pour regagner leurs cars. Bref, on n'y mange bien et on se marre bien aussi.

Voila mes chers, tout ce long preambule consacre a la plus celebre specialite culinaire du Yunnan, c'est parce que je suis de nouveau a Kunming depuis ce matin apres un trajet epouvantable dans un bus de nuit en provenance de Lijiang. Comme le train ne va pas partout dans cette region montagneuse, reste le bus et ici on a des bus de nuit equipes de lits comme des couchettes dans les trains mais beaucoup moins confortables. Si j'avais su, j'aurais pris un bus avec des sieges normaux car ces sleeper-bus sont inconfortables au possible. Il y a juste de l'espace entre les "lits" ou on doit marcher en crabe et pas de front et une fois dedans, c'est "couche-couche panier" et pas autrement. Il n'est pas possible de rester assis quelque part, il faut prendre sa couchette et si vous etes en haut comme moi, pas d'autres possibilites que de rester couche. Quelle merde ! Et ceux qui ont des grandes tailles, bonjour les degats car les couchettes sont faites pour des gens de 1m75 max. Le tout dans une forte odeur de panas car tout le monde enleve ses chaussures. Je dois dire ici que les miens de pieds ne sentaient pas non plus la rose car apres une journee de vadrouille dans Lijiang, ils n'etaient pas en meilleur etat que ceux de mes compagnons. Heureusement que le spectacle qu'offrent les paysages magnifiques du Yunnan Fu le long de la route au crepuscule, ainsi qu'une scene de crepage de chignon entre une passagere et la patronne d'un relais de la route contribuent a faire oublier un tant soit peu l'inconfort de la situation.
Avant ca, j'etais deux jours a Dali et un jour et demi a Lijiang. Deux des endroits les plus fameux du Yunnan pour la beaute et l'excellente conservation de leurs deux vieilles villes.

J'ai commence par Dali, a 5 heures de route de Kunming, le fief des Bai, une minorite ethnique bien connue pour leur sens du commerce, dans cette region du Yunnan qui compte dans une trentaine sur les soixantaines que compte la Chine. Certains vivent a cheval sur la frontiere entre le Vietnam et la Chine, heureux peuples, libres comme l'air et pour qui la notion des frontieres n'existe pas.

Dali, une ville qui aurait pu servir de decor au film "Tigres et dragons" d'Ang Lee bien connu en Occident. Une toute vieille ville avec des maisons typiques d'epoque dont aucune ne depasse deux etages et des ruelles etroites pavees et bien patinees par le temps. Le tout est entoure par des remparts aussi d'epoque, surmontes de portes d'entree majestueuses aux quatre points cardinaux. Il est bon de flaner dans cet endroit hors du temps compare a la modernite qui regne dans la ville moderne a deux pas de la. Mais voila, la rancon du succes, conjuguee avec la hausse du niveau de vie fait que Dali, comme Lijiang que je decrirai plus tard, comme Yangsuo pres de Guilin, est envahie par une multitude de groupes de touristes chinois du matin au soir, certains ne viennent que pour la journee avant de repartir plus loin ou rentrent chez eux. D'autres restent un jour ou deux et depensent bien plus que les occidentaux de passage. Et bien sur, dans ces conditions, on privilegie plus les groupes que les voyageurs individuels et les prix montent, meme si pour l'instant ce n'est pas encore franchement catastrophique. Dans quelques annees, je me demande ce que ca va devenir car comme partout ici, des que le succes est la, les municipalites chinoises multiplient les initiatives farfelues, soutenues par des armees d'entrepreneurs cupides et disposant d'appuis en hauts lieux grace a des pots de vin genereusement distribues ( la corruption est le fleau ici comme dans bien d'autres pays). On commence souvent par agrandir petit a petit l'espace au prix de quelques demolitions discretes pour reconstruire a neuf dans le faux style ancien, voire carrement accoler a l'endroit toute une nouvelle ville construite a l'identique a l'autre. Une fausse ancienne ville en quelque sorte, croyant que ca va emmener encore plus de touristes. Mais ils se sont mis les doigts dans l'oeil car j'ai pu constater de visu, la "nouvelle ancienne ville" rassemblee de toute piece a cote de Dali ancienne est deseperement vide et les commercants qui ont achetes des maisons la, tirent la langue car les gens ne sont pas cons. Les chinois comme les autres, personne ne veut aller voir un endroit par trop factice et depourvu d'ame. Esperons que ca servira de lecons a tous ces promoteurs mafieux stupides. Le premier jour, arrive en fin de journee et fatigue de porter mon sac, j'ai pris un hotel signale par "Guide du Routard" comme un endroit sympa pas trop cher, et pan dans le nez. On me demande 180 RMB la nuit pour une single avec douche privee. Pour nous, ce n'est peut-etre pas cher (18 EUR) mais pour le standard d'ici, franchement surfait. Je l'ai prise car il se fait tard, et le lendemain, j'ai trouve une sorte de pension de famille nouvellement ouverte dans la vague du fric facile avec le tourisme. Une simple maison transformee, chambres simples mais propres avec sanitaire commune assez clean pour 20 RMB (2 EUR). Une difference enorme. A part la vieille ville qu'on a vite fait de faire le tour, il y a plein d'autres choses interessantes a voir autour de Dali, soit en velo tranquillement a travers les rizieres bourdonnant d'activite comme a cette periode de l'annee car c'est le repiquage du riz, ou les fameuses gorges dont je me rappelle plus les noms un peu plus loin. Bref, il y a de quoi s'occuper pendant 3, 4 jours au moins dans le coin. Mais comme le temps presse pour moi, j'ai poursuivi sur Lijiang, une autre fameuse ancienne ville a 180km de la.

Il y a beaucoup de similarites entre Lijiang et Dali, mais seulement ici, j'ai l'impression que les choses sont gerees avec plus de bon sens qu'a Dali qui est entrain de perdre son ame. Bon, c'est aussi bourree de touristes braillant et crachant, mais les Naxi, autre minorite ethnique du Yunnan, qui vivent dans ce coin, ont su mieux resister a la pression des promoteurs. Enfin c'est l'impression que j'ai. Les maisons m'ont l'air mieux preservees et et gens ont su faire de leur activite traditionnelle une arme commerciale redoutable. Il n'est pas rare de voir des commercants qui vendent des choses produites par eux meme. Des tisserands qui tissent de superbes etoffes dans leurs boutiques, les bijoutiers fabriquent eux meme les bijoux, les bouchers qui vendent de la viande sechee de yaks, preleves sur leurs troupeaux, les cordonniers artisanaux font des chaussures et les vendeurs de T-Shirts dessinent eux meme les motifs imprimes sur l'etoffe prise ches les tisserands a cote. Et l'hotellerie pratique encore des prix corrects. Bref, plus sympa qu'a Dali et en plus, la region autour n'est pas depourvue d'atouts touristiques avec les hautes montagnes qui entourrent la ville offrant pas mal d'activites de grimpe, de randonnees etc... Et la musique Naxi, mes amis, de toute beaute. Des sonorites qui ressemblent etonnament a la musique andine avec beaucoup de flutes, de tambours. Superbe entrainante. Tous les soirs sur la place centrale de la vieille ville, on branche le haut-parleur, et en avant la musique. La danse commence, les rondes se multiplient jusqu'a remplir la place entiere. Touristes et autochtones entremeles et a la fin tout le monde pousse un "Ha" liberateur. Aussi jouissif qu'une "salsa rica" c'est vous dire.
Ne restant qu'un jour et demi ici, en attendant mon bus du soir, j'ai confies mes bagages a l'hotel et mis a profit la journee qui me reste a explorer un peu les alentours de Lijiang et a visiter aussi la ville moderne qui n'est pas sans interet surtout parce qu'on y croise pas du tout de groupes de touristes et qu'on est pas harcele a tout moment pour un rien car on a un look de "laowai" (long nez = etranger pour les chinois).
En milieu d'apres-midi, comme il me reste encore du temps a perdre de facon agreable, car le bus ne part qu'a 19h, j'ai decide de m'offrir une experience cinematographique chinoise. Passant devant une salle de cine de la ville, je vois une affiche avec notre Vincent Perez national dessus. Pensant que le film est en francais sous-titre en chinois, j'ai essaye de le savoir avec la caissiere qui ne parle que chinois. A la fin, elle a quand meme compris et a decroche son telephone, pour s'informer je crois, aupres de l'operateur. Helas, tout est en chinois mais par contre, m'a-elle fait comprendre que l'autre film, une production hongkongaise parlant mandarin mais a des sous-titres en anglais. Pourquoi pas, me dis je, meme si le film, d'apres son affiche, ne me botte pas trop. Il s'agit d'une histoire "fantastico, humoro, kungfuesque" un peu dans le style de "Tigres et dragons" justement mais un peu moins poetique, avec les grands stars de Hong Kong comme Jackie Chang, Jet Li bien connus en Occident. Et bien, meme si j'ai un peu de peine a partager l'enthousiasme bruyant de mes compagnons de salle, je dois dire que j'ai passe un moment fort agreable, une experience sympa, surtout au frais quand dehors, il doit faire dans les 32 degres a l'ombre.
Voila, apres une penible nuit de voyage car autant vous dire que je n'ai pas dormi grande chose dans ce "sleeper-bus", suis de nouveau a Kunming, la cite du printemps eternel. Un climat toujours aussi agreable pour les voyageurs qui debarquent d'ailleurs car du soleil a revendre mais toujours raffraichi par des petits vents bienvenus. J'ai profite pour reserver ma place dans l'avion pour Pekin pour le lendemain et me promener dans ce vieux quartier des marches aux fleurs et aux oiseaux qui, malheureusement, n'existerait bientot plus. En 2005, quand je suis venu ici, c'etait un grand quartier, a present il ne reste quasiment plus rien, a part quelques petites poches qui resistent encore. Figurez vous que quand j'ai quitte Kunming pour Dali, il y a de cela 4 jours, ils ont eu le temps de faire disparaitre des pans entiers de ce quartier. Completement dement ! Heureusement, il reste toujours le Parc Cuihui, le poumon vert de la ville ou les gens du coin vont pour se detendre, se grouper suivant les passions communes pour le chant, pour la musique, ou pour la danse. En vous promenant dans ce parc, c'est l'occasion de de faire le tour des differents styles de musiques et de danses en vogue dans le coin. Ici vous avez des adeptes de l'opera traditionnel, la vous avez des orchestres amateurs de folklores, plus loin, vous avez des gens qui pratiquent des danses traditionnelles chinoises et aussi du "cha cha cha" Surprenant. D'ailleurs, votre serviteur a esquisses quelques pas de danse avec des chinois tout ravis de voir un "laowai" partager leur passion. Un apres-midi super agreable. En revenant a pied a mon hotel en fin de journee, je me suis arrete un instant vers la Place du peuple pour me faire masser pendant 45 minutes sur le trottoir par un des masseurs aveugles qui officient dans le coin. Ces masseurs sont une institution de Kunming, habiles a vous remettre de vos fatigues avec leurs mains. C'est d'ailleurs leur seul moyen de vivre car la securite sociale n'esxiste pas en Chine. En leur confiant votre corps, vous faites aussi une bonne action en quelque sorte.
Voila, mes chers, ca commence a faire long comme article je crois, alors je vais arreter la et vous donne rendez-vous pour le dernier billet doux qui sera consacre a Pekin pour mes derniers jours en Chine avant la rentree au bercail, et d'ici la, je vous embrasse bien fort.

Le "ruishiren" en goguette

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