Homo Burnatus

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Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Saturday, November 23, 2013

La route Birmane 5 (Kyaith-Hti-Yo - Rangoon) [last exit to Switzerland]

Oui, déjà la dernière sortie pour l'Helvetie. Comme le temps passe vite, on a à peine le temps de s'acclimater, que c'est déjà le moment de rentrer. Mais voilà, c'est aussi ça les voyages. Revenir pour mieux repartir, le charme des recommencements en somme. Je vous écris ces lignes en ce moment à l'aéroport de Bangkok, après avoir passé la journée d'hier à Rangoon. Une journée tranquille dans la capitale birmane, pour recharger les accus dans un hôtel confortable, faire quelques achats avant de rentrer au bercail. Avant-hier, j'ai pris un bus au petit matin pour mettre le cap plus au sud, vers Kyait-Hti-Yo, à mi chemin entre Rangoon et Mawlamyine, le haut lieu du bouddhisme birman où chaque fidèle se doit de s'y rendre au moins une fois dans sa vie. Un peu comme les musulmans avec la Mecque ! Dans le bus, j'ai fait la connaissance de deux charmantes françaises, déjà aperçues avant au Breeze Guesthouse le soir de mon arrivée à Mawlamyine. Carine et Corinne, deux infirmières qui voyagent souvent ensemble, entre deux missions humanitaires en Afrique. Des personnes sympas et intéressantes avec qui j'ai eu du plaisir à faire un bout de route ensemble et ça fait aussi du bien de pouvoir échanger en français. Cela fait des jours que je n'ai pas eu l'occasion de parler la langue de Molière et ça fait plaisir. En arrivant à Kimmon, village se trouvant le plus proche du Rocher d'Or, où logent la plupart des touristes, nous avons décidé de descendre dans la même Guesthouse et passer l'après-midi ensemble à visiter ce fameux caillou ! Pour monter au Rocher, il n'y a que 2 solutions, se taper 11 km à pied sous le cagna comme font certains des fidèles ou prendre un camion spécialement aménagé pour le trajet. Ce sont des camions de chantier avec des banquettes en bois installées à travers et sans toit. Chacun de ces camions peut prendre jusqu'à 60 personnes mais ils en mettent souvent beaucoup plus. Du coup, on était serré comme des sardines, ballotté et trempé jusqu'à l'os car nous avons ramassé en montant, une de ces pluies tropicales fréquentes dans ce coin même pendant la saison sèche comme maintenant car on est en montagne et l'endroit est soumis à une sorte de micro-climat. Malgré la pluie, l'ambiance était au beau fixe, les fidèles birmans manifestent bruyamment leur joie d'être en pèlerinage sur cette montagne sacrée pour eux. Comme une des leurs avait son anniversaire ce jour la ils ont décidé de sortir le gâteau prévu pour l'occasion et partager aussi avec les quelques touristes que nous étions et sur le camion pendant le trajet ! Un super moment ! Sûrement un des beaux souvenirs de mon voyage birman. Nous y sommes enfin après une heure de route tortueuse. En arrivant nous sommes ébahis de voir une foule oh combien impressionnante sur cette montagne. Des familles entières, venant de toutes les régions du pays, une atmosphère de ferveur emplit le lieu et lui confère un petit quelque chose d'irréel. Tout n'est que recueillement et prières, l'air est saturé par la fumée des encens brûles en quantité impressionnante. Passé le portique d'entrée, une longue et grande esplanade où sont alignes des boutiques de bondieuserie, des porteurs avec leurs paniers pour les enfants et des palanquins pour les personnes âgées, ou handicapées, nous apercevons enfin le fameux rocher. Vraiment quelque chose de magique. Un truc qui défie toutes les lois de l'équilibre, de la physique. Une chose de ouf ! Imaginez un gros rocher rond et énorme, en équilibre précaire au bord d'un précipice (enfin avant, car maintenant une petite esplanade a été construite juste en dessous pour que les pèlerins puissent l'admirer d'en bas). Et ça fait je ne sais combien de temps mais il ne bouge pas d'un pouce. Selon la croyance, il est juste retenu par un cheveu que Bouddha a coincé dessous ! Et entièrement couvert d'or. Il doit y avoir pour une fortune ! Et les fidèles, seulement les hommes peuvent l'approcher de près pour le toucher, continuent à le couvrir de feuilles d'or. A ce sujet, je dois dire que le bouddhisme birman est plutôt macho car les femmes sont encore considérées comme impures. Elles ne doivent pas toucher un moine, ne peuvent pas s'approcher des autels de bouddha à moins de dix mètres. Et oui, mes dames même ici, rien de nouveau sous le soleil. Nous avons passé, Carine, Corinne et moi tout l'après-midi sur la montagne et nous avons attendu le crépuscule avant de redescendre au village. A real nice afternoon. J'ai aussi de la chance de tomber sur ces deux dames qui sont infirmières de profession, car ma blessure due au foot avant le départ et qui commençait à se cicatriser, a commence à s'infecter de nouveau il y a une semaine après que la croûte s'était enlevée, à cause de la chaleur et de l'humidité. J'ai acheté des compresses de gaz et de la Betadine pour me faire des pansements mais ça continuait à faire des douleurs lancinantes. Quand elles ont vu ça, le soir même à l'hôtel, elles m'ont refait le pansement avec ce qu'il faut pour ce genre de blessure et elles m'ont aussi donné de l'antibiotique. Vue leur profession, elles voyagent toujours avec une trousse de secours bien fournie. J'ai vraiment de la veine, et ça va bien mieux maintenant. Nous avons ensuite passé une bonne soirée arrosée de bières locales pour marquer l'événement et le lendemain, hélas c'est le moment des adieux car ces dames vont sur Mandalay (elles n'en sont qu'au début de leur trip), et moi sur Rangoon avant le retour en Suisse. Et bien it´s time to move back, il est temps de fermer la parenthèse vagabonde. Retour à la vrai vie et c'est bien aussi. J'étais ravi de pouvoir visiter ce beau pays qui a encore beaucoup à faire pour se relever de dizaines d'années de totalitarisme, et ce n'est pas encore fini hélas ! Mais le processus est lancé, et j'ose espérer que cela deviendra tous les jours plus réels. En tous cas ce gentil et honnête peuple le mérite ! J'en garde en touts cas un beau souvenir ému de ces gens amicaux, souriants et accueillants envers les étrangers. Ah ce pays ou les hommes portent des jupes et qui font pipi accroupis va me marquer, c'est certain ! Voilà mes chers, il est temps maintenant pour moi de vous dire au revoir et en vous remerciant encore d'avoir bien voulu consacrer un peu de votre temps à la lecture de ces récits sans prétention. Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures quelque part sur cette belle terre et vous embrasse bien fort. JPB

Thursday, November 21, 2013

La route Birmane 4 (Mawlamyine - Mindon)

D'abord " Stranger in the night" de The Voice chanté en birman, ensuite du Richard Anthony: "Et j'entends siffler le train" en version instrumentale, et maintenant la Lambada à la sauce birmane. Décidément, même sous ces latitudes on n'est pas trop dépaysé musicalement. C'est assez drôle en effet. J'étais entrain d'avaler une assiette de "fried noodles" dans la petite gargote de la gare routière de Rangoon en attendant mon bus pour Mawlamyine lorsque j'ai entendu tous ces airs qui m'ont mis de bonne humeur. Pour un peu, j'esquisserais bien un petit pas de danse avec la serveuse, tellement je me sens guilleret. C'est peut-être la perspective de la découverte d'une nouvelle et réputée belle ville qui me fait ça. La suite contribue encore plus à me faire penser que le trajet est placé sous de bons augures car en regardant par la fenêtre, je voyais un jeune birman déposer délicatement un petit moineau sur une branche d'arbre et s'en alla. Sur le moment, l'oiseau avait l'air mal en point. Il ne bougeait que la tête et à peine. Pauvre créature, me disait je ! C'est triste ! Mais voilà que la ch´tite bête parvient à se redresser sur ses pattes, et au bout de quelques minutes, réussit à prendre son envol. Cela m'a rempli de joie, plein d'allant pour partir sur la route. Enfin c'est le moment d'embarquer dans le bus de la compagnie Mandalar Myin pour un voyage de 6 heures env. s'il n'y a pas trop de trafic. Car les routes birmanes sont souvent encombrées de véhicules hétéroclites et la circulation est plus que chaotique, sans parler de leur état. À certains endroits, ce ne sont pas des nids de poules mais carrément d'éléphants ! J'espère que le bus tient son horaire et n'arrive pas trop tard, car les bus du matin étaient complets, et j'ai du prendre celui qui part à midi, c'est un peu embêtant, mais c'est comme ça ! Pour une telle destination qui a beaucoup de demandes, car les gens du pays se déplacent énormément, il n'y a que 4 courses par jour. Incompréhensif, mais il ne faut pas chercher à comprendre ! Les passagers du car sont tous birmans, je suis le seul étranger du lot, et cela me plait assez. Assis à côté de moi, U Hrong, c'est son nom, un ingénieur électricien qui voyage pour son travail et parlant assez bien l'anglais. Vous pensez bien qu'on n'a pas tardé à s'engager la conversation. Les échanges étaient super intéressants, U Hrong me dit qu'il fond beaucoup d'espoir sur l'ouverture du pays et espère que cela fera avancer la cause de la démocratie en Birmanie qui souffre de plus de quarante ans de dictature ininterrompue. Il souhaite aussi que le gouvernement parvient à faire une paix durable avec toutes les minorités et arrivent enfin à sortir le pays de la pauvreté. Car il ne faut pas oublier que ce pays reste parmi les plus pauvres du monde. J'ai lu que la Birmanie est classée à la 149e place sur 187 dans l'indice de développement humain ! Et que 90 % des Birmans vivent avec moins de 1 Frs par jour ! Malgré les ouvertures, beaucoup de réformes ne sont encore que des mesures cosmétiques et il reste encore énormément à faire dans le pays. Une anecdote assez symptomatique de la chose est quand U Hrong me parle doucement à l'oreille qu'il est un membre du NLD (National League of Democracy) que préside la dame de Rangoon: Aung San Suu Kyi. C'est qu'il ne veut pas que les autres puissent entendre car on ne sait jamais. Derrière toutes ces pseudos concessions à l'opposition, le régime tient le pays encore d'une main de fer. Et gare à celui qui s'y prend de façon trop téméraire. Les droits de l'homme sont encore pour l'instant, une vue de l'esprit dans la Birmanie actuelle. Sur ce, l'aide-chauffeur passe et nous donne à chacun un bout de papier. Tout est en birman et mon compagnon de voyage me dit que j'ai de la chance, et lui aussi car c'est un bon pour un repas gratuit au relais routier où la compagnie a ses habitudes. C'est qu'il y a toujours un arrêt prévu à chaque long trajet pour que les passager puissent se sustenter. U Hrong me dit que c'est la première fois qu'il voit ça aussi, et que c'est mon "lucky day", c'est du peut-être au full moon day lie à une fête bouddhiste selon lui, car le long de la route nous voyions plein de processions religieuses et tous les villages traversés étaient pleins d'animations. C'est bien ce que j'ai ressenti à propos de ce déplacement comme je vous ai dit plus haut. De bons présages je le sentais :) Un peu avant Mawlamyine, U Hrong me quitte, il descend à un bled à une trentaine de km avant pour installer la partie d'électricité d'une grande usine. C'était un compagnon agréable et plein de prévenance. La gentillesse et l'hospitalité toute crachée des gens de ce pays. Magnifique ! Finalement je suis arrivé à 19h du soir, il fait déjà nuit noire. C'est que la nuit tombe vite sous les tropiques. Déjà vers 17h45 env. ! Bon, un petit café puis une moto-taxi en direction du centre ville, au Breeze Guesthouse, un endroit bien connu des routards à Mawlamyine. Ne restaient plus que les chambres à 7 dollars avec sanitaires à l'extérieur. Tant pis, malgré le côté sordide de la piaule (une chambre de 3 m sur 2 sans fenêtre, avec juste un lit et un ventilo) je suis un peu las pour arpenter les rues à la recherche d'une chambre un peu mieux. Le temps de faire les formalités, et de poser les affaires, se doucher etc ... Il y a des chances que tous les restos ferment déjà leur porte. Tout s'arrête vers 21h ici, dans la 5e ville par ordre d'importance du pays ! Le lendemain, les chambres de classe supérieure n'étant pas libérées, j'ai pris mon attirail et 200 m plus loin, eurêka, une Guesthouse pimpante aux chambres impeccables avec tout le confort digne d'un 3 étoiles pour 15 USD la nuit. Et c'est vraiment un très bon prix pour ici. La classe ! Et Mawlamyine dans tout ça ? Et bien cette cité a tout l'air d'une belle au bois dormant. Adossée au fleuve Salouen (Than Lwyn en Birman), longtemps considérée comme la Perle de l'Orient, elle est tombée peu à peu dans une espèce de léthargie. Des années d'isolement et d'appauvrissement ont fait d'elle une sorte de ville oubliée qui vivait sur sa splendeur passée. L'endroit a été souvent magnifié par des voyageurs célèbres comme Maugham, ou encore Kipling, voire Kessel. Le grand George Orwell lui même, était policier en Birmanie et affecté à Mandalay, mais aussi à Moulmein (l'ancien nom de Mawlamyine). A l'heure actuelle, elle oscille encore entre hier et aujourd'hui et offre aux visiteurs une sorte de remontée dans le temps. Une étrange atmosphère en effet ! D'ailleurs des vestiges coloniaux pullulent à Mawlamyine. Il y a encore des rues qui portent encore leurs noms anglais comme par ex.: Upper Main Street, ou Lower Main Street, voire Mangin Str. et sur Upper Main Street, sont alignées toute une série d'églises dont la plus ancienne a été construite en 1829 ! Et de magnifiques demeures coloniales un peu partout, mais qui sont hélas, dans un plus que triste état. Il y a beaucoup à voir dans cette ville, avec dans l'ordre, La colline des Pagodes qui domine la vile de toute sa hauteur et des pagodes de toute beauté. L'une d'entre elle (Kyaikthanlan) offre une vue splendide sur la cité à l'heure du coucher du soleil, et il y avait une anecdote assez sympa à son sujet concernant R. Kipling auteur du fameux "If". On dit que c'est sur les marches de cette pagode qu'il voyait une jeune et belle birmane dont il tombait aussitôt amoureux, au point d'en être tourmenté pendant tout le reste de son voyage et de gommer de sa mémoire le souvenir de la pagode elle-même. Il écrira plus tard: "Devant la vieille pagode de Moulmein qui regarde paresseusement la mer (il voulait peut-être dire le fleuve ?)... Une Birmane se tient assise, et je sais qu'elle pense à moi". Romantique n'est ce pas ? Et il y a aussi des îles dont la fameuse "Île du lavage des cheveux" ou Shampoo Island. Ce nom remonte au XIVe siècle ou les souverains du pays prenaient l'habitude de venir exclusivement sur cet îlot pour la cérémonie du lavage de la chevelure royale. Maintenant, cet îlot d'a peine 200 m de long est un lieu de méditation et de prière. Elle contient, malgré sa petitesse, 70 stupas et un nombre incroyable de statues dédiées à des divinités bouddhistes mais également ouverte aux autres croyances car on y voit aussi un temple chinois et un temple hindou. Paraît qu'à Noël, les bonzes allument des cierges et prient aussi pour les chrétiens. Bel exemple de tolérance non ? Quant à l'autre île, plus grand (30 km de long et une vingtaine de large), Bilu Gyun est un village d'artisans et les habitants vivent aussi des plantations d'hévéas. Dans le centre ville, on y trouve un marche coloré et odorante (surtout), des mosquées et beaucoup de vielles maisons coloniales qui mériteraient une rénovation car elles sont quasiment en ruine et menaçant de s'écrouler à tout moment. Dommage ! Mais le truc le plus fou à voir se trouve vers Mindon, a une trentaine de km de Mawlamyine. Entre ces deux villes, sur un versant des montagnes, on trouve le plus grand bouddha couché du monde. Comme c'est aléatoire d'y aller en transport public, il n'y en a pas tous les jours. J'ai troqué mon habituel moyen de transport individuel (le vélo) contre une petite moto pour m'y rendre. Et c'est plutôt agréable, surtout que la distance est plutôt grande cette fois. Même en moto, cela fait une trotte ! A ce sujet, Le Routard disait dans son guide consacré au Myannmar que " s'il existe un exemple de mégalomanie religieuse en Birmanie, c'est bien ce projet" et il dit vrai car c'est quelque chose de monstrueux. Il fait presque 200 m de long, 34 de haut, répartis en 8 étages occupés par 182 pièces , des yeux de métal de 7 m de long. Une folie ! Et celui qui a lancé ce projet de fou n'est qu'un simple moine né en 1921, le vénérable Baddhanta Kesara dont on voit les statues et les effigies un peu partout sur le site. Tout ça parce qu'il a fait un rêve dans lequel une voix lui demande de faire une œuvre majestueuse à la gloire du Bouddha. Et il a mené tout ça avec des dons, uniquement des dons des fidèles. N'oublions pas qu'avec les Birmans, on a à faire à des gens peut-être les plus fervents religieusement sur cette terre ! C'était en tout cas une bonne visite et une superbe balade les cheveux au vent, une sensation de liberté bluffante ! De retour cet après-midi, j'ai profité de la bécane pour faire un grand tour dans les environs de Mawlamyine, un truc sympa à travers les belles campagnes de la région et vers 17h, cap sur la fameuse pagode chère à R. Kipling pour assister au coucher du soleil sur le Salouen et la ville en contre-bas. Un spectacle de toute beauté qui draine autant de touristes que de locaux. J'y ai rencontré une équipe de vietnamiennes en voyage religieux sous la conduite d'un moine américain d'origine Viêt avec lesquelles, j'ai pu converser longuement dans ma langue maternelle. Un super moment ! Là, je suis entrain de vous écrire dans ma chambre d'hôtel et il est presque 1 heure du mat. Ouih ! C'est que demain, de nouveau ma diane est de nouveau avancée, le réveil est réglé sur 6h. Je vais prendre un bus à 7h30 pour Kyaik-Hti-Oo (prononcé Tschiat-Hti-Ou) l'endroit ou se trouve le fameux Rocher d'Or, une des merveilles du monde birman et l'un des sites les plus sacrés du bouddhisme avec Shwedagon à Rangoon et le Mont Popa près de Bagan. Ensuite, ce sera le retour sur "Yangon" et la rentrée au bercail. Alors mes chers, je vais vous planter là, et vous dis au prochaine au prochain et dernier billet doux. Bon début de soirée chez vous et a tantôt. Vous embrasse bien fort. JPB P.S.: Je ne sais pas si c'est à cause de la tablette, j'ai beau faire des descentes de lignes, mais lorsque je clique sur "publier", le texte reste compacté et ne facilite pas la lecture. Désolé mais mystère et boule de gomme !

Saturday, November 16, 2013

La route Birmane 3 (Inle Lake - Ngapali)

Nyaungshwe, Nyaungshwe ! Criait de sa voix de stentor l'aide chauffeur du bus de nuit dans lequel j'ai pris place pour Inle Lake. Un coup d'œil à ma montre, il est à peine 3 heures du matin. Sommes nous déjà arrivés ? Quelque chose cloche car l'agent de la compagnie me disait que l'on arrivait en tout cas pas avant 5 heures du mat ! Alors là, ça va me poser un petit problème, car n'ayant pas voulu réserver un hôtel, je risque de de finir le reste de la nuit à la belle étoile vu que le village est plongé dans la nuit et pas un café ou autre bout-boui d'ouverts ! C'est que selon mon habitude, en prenant un bus de nuit qui arrive au lever du jour, en sortant du bus, je vais prendre un petit déjeuner dans une gargote du coin, et ensuite partir à la recherche d'un hôtel qui me semble potable. Mais cette fois, l'heure d'arrivée trop matinale du car contrecarre complètement mon plan ! Avec d'autre passagers, que des long-nez comme moi, nous nous sommes embarqués dans un de ces tri-porteurs en direction du centre du village, et un à un, tout le monde est emmené dans leurs auberge respectif. Ils ont été plus prévoyants que moi, ou tout simplement mieux informés par les agences. Je commence à m'irriter avec tous ces regards pleins de commisération à mon égard, mais en même temps, je riais car cela fait partie de l'aventure sur les routes, et je sais que, quoi qu'il arrive, je pourrai toujours compter sur le sens de la débrouille de ces gentils birmans. Le chauffeur du tri-porteur, et son compagnon, un petit malin qui était la pour encaisser les dîmes d'entrée du site comme c'est de coutume ici en Birmanie. A chaque place touristique, le touriste étranger est tenu de payer une somme qui sert de taxe de séjour en quelque sorte. A la fin, comme prévu, il ne restait plus que moi dans le véhicule. Et après moultes tentatives, soit l'hôtel est complet, soit nous trouvons portes closes et personne ne répond aux demandes de mes deux birmans. Finalement, j'ai dit au collecteur de taxe s'il ne pouvait pas me caser quelques heures chez lui le temps qu'il fait jour et ainsi je pourrai aller à la recherche d'un hôtel. "No problem sir" ! Me disait-il! Chez lui c'est impossible, mais son autre patron qui tient une agence de bateaux faisant des tours sur Inle Lake, a un hangar sur le canal, et il y a la-bas un fauteuil et du thé chaud à volonté, je pouvais donc y rester un moment en attendant le jour. Vous pensez bien que le vieux est partant ! Voila, c'est comme ça que s'est déroulée mon arrivée à Nyaungshwe, la porte d'entrée d'Inle Lake. Et pour remercier mon gentil bienfaiteur, j'ai pris pour le jour même, un "boat trip" d'une journée chez sa compagnie, ainsi il aura sa petite commission et aussi un petit pourboire qu'il a pleinement mérité. La suite était easy, j'ai facilement trouve un bon hôtel, pas cher et plutôt confortable pour le prix. Et à huit heures précises, mon gaillard était la avec sa moto pour m'emmener au débarcadère pour le tour en bateau sur ce fameux lac. Et en avant donc pour ce lac magnifique, à presque 900m d'altitude dans sa ceinture de montagnes comme disait le Routard. Une grande étendue d'eau parsemée de maisons sur pilotis. Des villages entiers sur l'eau avec leurs temples, écoles, restaurants, épiceries, dispensaires etc ... Et surtout les fameux jardins potagers flottants, spécialités des Inthas, les habitants de ce coin qui vivent, cultivent, et se déplacent sur l'eau. Ce sont des pêcheurs, mais aussi et surtout producteurs de fruits et légumes qui poussent en abondance sur ces jardins flottants qui alimentent toute la région et bien au-delà ! Un autre spectacle est le ballet des pêcheurs qui ont une façon particulière de ramer. Manœuvrant leur pirogues à l'aide de leur jambe, ainsi ils ont les mains libres pour d'autre occupations. C'était une superbe journée, à louvoyer entre ces habitations aquatiques et assister à des scènes de vie qui sortent vraiment de l'ordinaire. J'étais fourbu après ça tout de suite après une nuit de bus plutôt éreintante mais content. Le lendemain, deuxième et dernier jour de mon séjour à Inle, après une nuit réparatrice, je me suis contenté de louer un vélo, et de musarder dans les alentours du lac, une campagne magnifique avec de vertes rizières à l'eau reflétant le ciel et les montagnes qui les serrent. J'ai aussi poussé jusqu'à la "Winery of Red Mountains" à une demi-heure de vélo de Nyaungshwe où se trouvent des vignes cultivées par un riche Intha en association avec un français. On peut visiter les vignes et faire une dégustation dans leur "château" juché sur une colline où ça grimpe sec. Me voilà titillé par l'odeur du vin, car depuis le vol d'Abu Dabhi à Bangkok, j'avais le gosier plutôt à sec. Et bien ça valait la peine que le vieux pédale comme Poulidor pour y aller, car leur vin, surtout le Syrah-Tempranillo était vraiment un nectar. Il soutient bien la comparaison avec bien des rouges de chez nous ! En quittant Inle, je voulais aller à Mauwlamyine au centre du pays mais pour y aller, il faut d'abord passer par Rangoon en avion et ensuite prendre un bus (env. 6, 7 heures de trajet) du coup, je me suis dit qu'il serait peut-être plus intéressant de faire un crochet à Ngapali d'abord. C'est un petit coin de paradis sur le Golfe du Bengale. Encore peu de touristes selon le bon vieux Routard. Pour y aller, une seul manière, l'avion. Car par la route, c'est très long et bien galère ! Bon, direction Peter Travel, juste à côté de mon hôtels et vingt minutes plus tard, mon billet pour Ngapali avec un vol de KBZ Air en poche. Le départ se fait à Heho Aiport, à 45m de voiture de Nyaungshwe et prévu à 9h15 du matin. C'est un petit aéroport de province, et on y entre comme dans un moulin. Il y a pourtant un contrôle d'immigration et des détecteurs comme dans n'importe quel aéroport. Mais tout ça est d'un amateurisme qui prêtait à sourire. Enfin c'est plutôt bon enfant et ce n'est pas plus mal comme ça ! Par contre ce jour la, un épais brouillard enveloppe tout la région de son blanc linceul et tous les vols étaient retardés. Un moment donné, je me demandais si les vols n'étaient pas simplement et purement annulés. Ce serait embêtant car mon temps est plutôt compté et s'il faut perdre un jour, mon programme serait très perturbé. Heureusement que vers 10h30 le brouillard a commencé à se dissipper et tout d'un coup, on avait une dizaine d'avions qui atterrissaient à la queue leuleu. Un grand spectacle. Par contre l'organisation de l'aéroport qui n'était déjà pas au top, là ils étaient complètement dépassés. Une pagaille indescriptible, on ne sait plus quel avion pour quel passager, c'était un bordel comme j'ai rarement vu. Mais voilà, le miracle a eu lieu, finalement tout le monde a pu embarquer, qui pour Rangoon, qui pour Bagan, Mandalay ou Ngapali comme moi. Je suis arrive avec 4 heures de retard sur l'horaire prévu. Mais voilà, ça fait parti de l'aventure dans ces pays nouvellement ouverts au tourisme de masse. Ils n'ont pas encore l'habitude de faire face à une telle invasion mais on peut leur faire confiance. Ils apprennent vite, et dans quelques années, ça va changer du tout au tout. Cela me fait penser au Vietnam au début des années 90´s, c'était la même chose et maintenant, c'est le top en matière d'organisation en relation avec le tourisme. Ce tourisme qui n'apporte pas que des bonnes choses bien sur ! Cinq kilomètres de plages de sable bien entretenues et presque pas de baigneurs, le Routard disait donc vrai à propos de Ngapali, ils disent aussi qu'il faut profiter maintenant car dans peu de temps, les promoteurs aux dents longues ne vont pas tarder à faire de cet endroit une usine balnéaire, sacrifié au profit du tourisme de masse arrivant par charters entiers. Pour l'instant c'est vrai que le coin a tout d'un petit paradis, le long des belles plages, il n'y a que des bungalows, des petites maisons bien intégrés dans la végétation. Pas de hautes constructions qui défigurent la beauté du lieu. Entre les guesthouses (pas données malgré leur appellation), des resorts et autres complexes luxueux (ce n'est pas un endroit bon marché en matière d'hébergements à cause de son caractère un peu exclusif- loin et longtemps préservé) on trouve tout du long des petites paillotes servant de restos et de bars les pieds dans l'eau tenus par des habitants du village. Moins chers les repas comparés à ceux servis dans des hôtels et autres. J'ai passé ici deux fantastiques journées de farniente à pieds nus et à me prélasser dans les chaises longues sous les cocotiers en sirotant une bière locale face aux lames se brisant sur la plage de sable. Un moment de sérénité agréable. Le soir on prend des repas sur des tables posées sur la plage, sous les étoiles et la lune qui commence à s'arrondir, les pieds caressés par la marée montante. Tout simplement magique ! Comme disait mon ami Pak: "calm, cool, and relax " ! Oui, tout à fait ça ! Et la nuit, je n'ai jamais dormi aussi bien depuis le début du voyage, bercé par le chant des insectes et par les mouvements des vagues, le pied mes amis ! Ce n'était pas le cas à Rangoon, je ne vous l'avais pas dit, mais c'était horrible. Ayant pris un hôtel à côté d'une pagode de quartier, je suis tombé sur les deux jours où il y avait une fête religieuse quelconque, le résultat est que pendant les 2 jours non stop, on entendait des prières bouddhistes, mais vraiment sans interruption, toujours la même litanie qui revenait sans cesse à tout moment de la journée ou, pire, de la nuit ! Et on met le haut-parleur à coin pour faire profiter tout le voisinage. Pourtant le bouddhisme birman est de la branche Theravada, c'est à dire le petit véhicule, mais la je peux vous dire qu'ils ont vraiment mis le turbo :) J'en viens presque à envier les détenus de Guantanamo à qui on faisait écouter comme moyen de torture les morceaux d'ACDC ou de hard métal. Ça ne devait pas être pire que ce que j'ai enduré. J'aurais du changer d'hôtel, me direz vous, mais voilà, à cause de mon sac de voyage égare, j'ai donné le no de tel. de cet hôtel comme numéro de contact au cas où il arriverait à Rangoon. Du coup, j'étais contraint à rester dans cet auberge en fonction de cela ! Encore une fois, les aléas du voyage, mes amis, et oui ! Bon, il n'y a pas que ça, mais demain, on the road again. J'ai pris un vol interne pour Rangoon avec Air Mandalay. Je dois passer une journée à la capitale car il n'y a pas de vol pour Mawlamyine où je voulais déjà aller plus tôt (pas d'aéroport dans ce bled). Du coup, je passerai un jour à Rangoon et le lendemain, prendre un bus pour Mawlamyine. Cela m'embête un peu mais il n'y a pas d'autres moyens. Partir en bus de Ngapali jusqu'à là-bas, il faudrait au moins deux jours, voire plus, avec plein de changements successifs. La galère ! Il ne faut pas être plus royaliste que le roi ! Après Mawlamyine, ce sera le tour du Rocher d'or, un autre lieu sacré de la Birmanie que je visiterai en descendant sur Rangoon par la route avant de rentrer au bercail. Mais tout ceci fera l'objet d'un prochaine billet doux chers lecteurs adorés. Je vous laisse ici en attendant. Un tout bon weekend et vous embrassant bien fort. JPB

Sunday, November 10, 2013

La route Birmane 2 (Mandalay - Amarapura - Bagan)

J'étais en plein dans un magnifique rêve, tout-à-coup le réveil se met à sonner. Comme souvent lorsqu'on veut que le rêve n'en finisse jamais. Il est 5 plombs du mat, aie ma tête. C'est que je suis tombé sur mon voisin de palier au Royal Guesthouse de Mandalay. Bob, un américain d'Arizona de la cinquantaine d'années avec un nez de poivrot qui trône au milieu de la figure et quelque soit le moment de la journée, toujours avec un marcel informe sur une bedaine de notable corrompu. Mais plutôt sympathique bougre et avec toujours un flacon de bourbon dans son petit sac à dos . Nous nous sommes rencontrés dans la salle du petit-déj. à la Guesthouse en débarquant de Rangoon au petit matin. Naturellement la conversation s'est engagée. la guerre du Vietnam, la politique américaine, tout y passait ! Je ne le comprends pas toujours car Bob parle du nez comme beaucoup de ses compatriotes mais dans l'ensemble, nous nous comprenions plutôt bien en fin de compte. Voilà, ayant eu le malheur de tomber sur lui dans une gargote près de la Guesthouse où nous étions la veille de mon départ pour Bagan. On a bu quelques bières et bien sûr, à la fin, je n'ai pas pu dire non au bourbon qu'il me proposait. J'ai fait attention de ne pas trop boire pourtant, mais avec la chaleur et tout ça, ce qui fait que le réveil était un tantinet difficile. Pas grave, le vieux en a vu d'autres. Il va falloir se dépêcher de prendre sa douche, et prêt pour le départ car le taxi affrété par l'hôtel vient me chercher à 6 heures pour le débarcadère situé à presque une heure de route du centre ville. Vous aimeriez savoir la suite ? Et bien pas tout de suite mes chers, car la dernière fois, je vous ai laissé à Rangoon au moment de mon départ pour Mandalay en bus de nuit. Right ? Savez vous qu'avant ça, j'ai eu le temps d'aller voir le coupe-tifs au downtow ? Mes cheveux deviennent longs et avec la chaleur qu'il fait, c'était devenu insupportable. Et comme j'avais tout l'après-midi à perdre en attendant le bus, plutôt que le cinéma, je suis allé chez Aung Mynr Hair Saloon de l'autre côté de l'hôtel. Et pour 1.50 Frs, j'ai eu droit à un véritable soin de beauté ! On vous lave d'abord les cheveux, ensuite la coupe, et à la fin, on vous masse le cuir chevelu, le visage et avec une drôle de machine, on vous fait un massage des épaules et du cou. Un fantastique bien être vous traverse quand vous sortez de là. Vraiment top ! J'ai aussi mis à profit ce temps et l'accès Wifi gratos de l'hôtel pour écrire mon premier billet du blog. Voilà, il est temps de partir. Après un long trajet à cause du trafic bordélique de Rangoon, nous sommes enfin arrivés à la station routière de la ville. Une véritable fourmilière, un bordel indescriptible. Enfin embarqué dans le bon bus, moi et mes compagnons birmans (je suis le seul étranger dans le lot et ce n'est pas plus mal) nous préparant pour la nuit. On vous fournit même les couvertures et ce n'est pas un grand luxe, car dans ces pays chauds, les routards novices ne le savent pas qu'il peut faire très froid dans les bus à cause de la clim poussée à coin. Mon compagnon de rangée est un charmant vieux monsieur qui descend juste un peu avant Mandalay et qui n'arrête pas de me poser des questions auxquelles je ne comprends rien du tout :) Bon, enfin il s'est endormi, et moi aussi lorsque le bus fait une halte (qui était prévu au programme pour que les gens puissent se soulager et grignoter quelque chose). Enfin nous repartons et à peine 2 heures plus tard, le bus s'arrête de nouveau. Croyant à un contrôle routier ou quelque chose de ce genre, d'abord je n'ai pas fait très attention. Mais ensuite, en descendant en fumer une, j'ai vu 2, 3 camions et quelques bus devant le nôtre, mais par contre la route était bien dégagée et aucun flic ne pointait à l'horizon. Demandant au chauffeur, et aussi à son aide-chauffeur la raison de l'arrêt je n'obtiens qu'une seule et même réponse: "Nous repartirons à 4 heures" ! Sans autre raison. Un instant d'après, voyant de la lumière un peu plus loin sur la gauche, je m'approche et voir que c'est une gargote posée au bord de la route, et deux postes de télé qui retransmettent le match "Real Sociedad vs Manchester United" de la Champion's League ! Mon chauffeur est là, son aide aussi et les autres routiers etc ... plus certains passagers, enfin ceux qui ne dorment pas dans les bus ! Ils étaient tous entrain de regarder la 2e mi-temps du match en direct (3h10 heure birmane !) Bon, si c'est pour le foot de la Ligue des Champions et en direct, alors là je veux bien :) Un coin de table et un café tiède, j'ai regardé la fin de ce match avec ces fous de foot birmans. Et c'est drôle car ils étaient tous pour les anglais, je dois être le seul de l'assistance à tenir pour les espagnols ! Et lorsque Van Persie, l'avant-centre de ManU a loupé le pénalty, j'étais le seul à jubiler sous le regard désapprobateur de ces fans. Un petit moment de solitude ! Cela reste quand même un souvenir marquant de ce voyage, le football watching au milieu de nulle part ! Finalement nous sommes arrivés à Mandalay à 8h du matin. Une moto-taxi pour la guesthouse où j'ai pu avoir la dernière chambre simple disponible. Bien centré et propre, Le Royal Guesthouse est une bonne adresse pour routards de cette grande ville. A prix doux et offrant un confort qui vaut bien des hôtels mieux classés de la cité. Mandalay est la deuxième ville d'importance de la Birmanie. La dernière capitale royale du pays. Avec 150 monastères et 70000 moines comme j'ai lu quelque part, elle est la ville symbole de la foi bouddhique, capitale religieuse en somme. J'ai aussi lu dans le bouquin que G. Orwell a écrit sur Mandalay lorsqu'il était policier dans la Birmanie sous domination britanique (Une histoire birmane) que cette ville était une ville des 5 "P": porcs, prostituées, pagodes, palais, prêtres ! Et selon le Routard, c'est encore vrai aujourd'hui. Mais j'avoue que de tout cela, je n'en ai vu que 3: les pagodes, les palais, et les prêtres (moines et bonzesses), les autres, nada ! Pourtant des "fried rice with porc" trônent en bonne place sur les cartes des restos birmans ! Quant aux belles de nuit, il faut croire que le régime les a bien à l'oeil car de toutes les rues que j'ai arpentées les deux nuits que j'y passe, je n'en ai vu aucune qui y ressemble de près ou de loin ! Elle sont certainement cachées quelque part ! Il faut dire que ce nom est évocateur, de Maugham à Kipling, en passant par Paul Théroux, le pape des voyages en train. Tous ont contribué à ce que le nom de Mandalay devienne magique. Dans ma tête, ça évoquait une ville extraordinaire, pleine de magnificences ... Et bien non, j'avoue que j'étais un peu déçu, c'est une ville plutôt quelconque, avec des rues bien quadrillées portant toutes des chiffres comme New York. De l'atmosphère certe, mais on s'attendait peut-être à plus, à cause de tout ce qu'on a lu sur le sujet. Mais ne faisons pas fine bouche, c'est quand même une cité agréable à passer quelques jours. Des belles choses à voir ne manquent pas: Mandalay Hill, qui domine la ville, offre une vue panoramique fantastique au coucher du soleil. Et a part des pagodes, le Palais royal, imposant et beau de l'extérieur mais dedans on ne sait pas car interdit aux visiteurs. C'est que le régime a choisi de loger ses soldats dans l'enceinte même du Palais. Par contre sur la route d'Amarapura à 13 km de là, un petit trésor à voir: la Pagode de Mahamuni, une des plus vénérées de la Birmanie. Une merveille là aussi même si à côté de Shwedagon de Rangoon, la comparaison est impossible ! Si non, tout le monde vient surtout à Mandalay pour aller voir l'extraordinaire pont U Bein à Amarapura. C'est un des grands moments de notre voyages en Myannmar come disait le Routard. C'est un pont en teck le plus long du monde (1200 mètres). Construite en 1849 avec du bois qui provient du Palais d'Inwa fameux à l'époque. Surplombant le lac Taungthauman, pour relier la ville à la campagne et réservé uniquement aux piétons. Les motos, vélos ... doivent être poussés. Avec de beaux paysages lacustres, des buffles qui barbotent dans l'eau boueuse, et l'activité des pêcheurs, qui en petits bateaux, qui en s'immergeant jusqu'à la taille. Des moines qui passent avec leur longues robes brunes et des ombrelles. Un grand moment, c'est vrai ! Pour cela, je me suis levé dès poltron minet pour louer un vélo et "tôt le matin sur les chemins à bicyclette" comme chantait le cher Montand. Une superbe balade à travers la campagne mandalaysienne des plus sympas. Et voilà, l'intermède de Mandalay touche à sa fin, j'ai embarqué avant-hier matin sur un vieux rafiot pompeusement baptisé "Speed Boat" pour Bagan. Et comme pour les bus, il règne une pagaille indescriptible au débarcadère pour embarquer tout ce petit monde, des étrangers pour la plupart. Le bateau est rouillé de partout, les sièges sont tout déglingués et l'équipage est presque en guenille. Il règne une étrange atmosphère à bord mais sympathique au demeurant. Nous sommes partis avec pas mal de retard car la brume matinale était importante ce matin là. Mais cela ne nous dérangeait pas plus que ça car cette brume confère à l'endroit un charme fantomatique du plus bel effet. Les photographes s'en donnaient à coeur joie. Ainsi débutait ce merveilleux trajet en bateau entre Mandalay et Bagan. Une journée de navigation sur l'Irrawaddy River, un fleuve nourricier mais aussi destructeur, vénéré par tous les Birmans. Tout le long du trajet, le bateau doit louvoyer pour éviter les bancs de sable car le niveau de l'eau baisse drastiquement en saison sèche. Du coup, le "speed boat" navigue très lentement et c'est bien, car nous avons ainsi le temps d'apprécier le paysage et les scènes de vie traditionnelles le long des berges. Des pêcheurs sur leurs petites barques, des paysans qui labourent leurs champs, des bacs qui font le trajet entre les deux rives ... Un vrai enchantement ce voyage. Finalement, nous avons accosté à la fin de la journée à Nyauang Oo (prononcé Niao Ou) un gros village qui se trouve pas loin de Bagan au moment d'un coucher du soleil digne de Hollywood. Il faut savoir que le régime a déplacé tous les habitants de l'ancien village, soit à Nyauang Oo, soit à New Bagan. Le site lui même ne contient plus que les temples antiques et quelques hôtels de luxe pour étrangers fortunés. Un vélo side-car me dépose au Pann Cherry, un backpacker sympa en plein centre du village. Et le lendemain matin, j'ai de nouveau loué un vélo pour aller visiter le site qui se trouve à 14 km de là. Alors là mes amis, Bagan est un rêve émerveillé. C'était le demeure de 55 rois successifs et son essor a pris dès le règne du roi Anawratha le 42ème monarque de Bagan (1044-1077). Imaginez une surface de plusieurs kilomètres carrés, couverte de végétation et émergeant de ci, de là, des pagodes, temples, stupas vieux de plusieurs siècles (entre le XIe et le XIIIe siècle). A l'origine, il devait contenir plus de 4000 temples. De nos jours, subsistent encore 2217 exactement et dans un état de conservation plutôt remarquable. Dommage que le gouvernement a fait construire une tour de plusieurs dizaines de mètres au milieu du site pour servir de mirador afin de faire payer les touristes qui veulent s'offrir une vue panoramique. C'est d'ailleurs une des raisons qui fait que l'Unesco n'a pas inscrit Bagan sur la liste des patrimoines de l'humanité. Quelles bêtises ! J'ai passé vraiment deux superbes journées ici à Bagan, et en plus, j'ai fait la rencontre de deux birmans formidablement accueillants: U Aung Mynr et U Tat Sein que j'appelle Laurel et Hardy car l'un est petit et tout maigre, tandis que l'autre est grand et plutôt bien nourri. Ce sont deux fonctionnaires des chemins de fer birmans que j'ai rencontré dans le boui-boui à côté de ma guesthouse où j'ai l'habitude d'aller boire mon café le matin. Un des deux est vraiment charmant et tenait absolument à me présenter sa famille. Ainsi j'avais l'occasion de découvrir l'intérieur intime d'un foyer birman. Un moment inoubliable. Merci Mr U Aung Mynr de m'avoir offert cette opportunité. Et c'est aussi avec lui que j'ai acheté des longyis, ces sarongs traditionnels que portent les hommes du pays. J'en connais un qui va être content en Suisse ! Là, mon séjour dans cette magnifique contrée touche à sa fin, en ce moment je suis entrain de vous écrire ces lignes dans un Cyber Café un peu potable dans le coin, car l'Internet ici en Myannmar, c'est encore de la préhistoire, à l'image du tourisme dans ce pays. C'est aussi ce qui fait son charme d'ailleurs ! La vie ici est vraiment un long fleuve tranquille ! Je vais passer le reste de mon après-midi à musarder au marché, visiter encore quelques pagodes à proximité du village en attendant le bus de nuit qui me mènera à Inle Lake, un autre haut lieu du tourisme birman. Une sorte de station climatique avec un lac qui se trouve à presque 800 mètres d'altitude. Le climat y est plus clément en cette saison et, surtout, comme disait U Aung Mynr: "c'est à Inle Lake que se trouvent les plus belles filles de Birmanie". Bon, on verra ça ! Je vous dirai si c'est vrai dans le prochain billet doux. D'ici là, très chers, je vous souhaite une excellente semaine et vous dis à tout bientôt. Vous embrasse bien fort ! JPB

Tuesday, November 05, 2013

La route Birmane 1 (Rangoon - Yangon)

Cela fait plus de deux heures que la carrousel des bagages dans le hall d'arrivée de l'aéroport de Rangoon tourne. Les sacs, valises, besaces etc ... arrivant avec les passagers du vol PG 701 de Bangkok Airways ont retrouvé leurs propriétaires respectifs ; il n'y a plus rien qui sort du sas. Mais crotte, le mien n'est pas là, la blague de ma collègue Fanny n'est-t-elle pas entrain de devenir un sortilège ? Je me le demande. De longues minutes passent, il m'a fallu me rendre à l'évidence. Comme son propriétaire, mon sac aime bien prendre des chemins de traverse, vagabonder avant de décider d'arriver à bon port. Jusque là, le voyage s'est bien passé. Un vol sans histoire de Genève à Abu Dhabi le bien nommé ! Cela rime bien avec "à bout d'habits" ! Le vol pour Bangkok est parti avec un peu de retard, du coup, à Bangkok, il fallait se stresser un max car le lap de temps pour changer l'avion était plus court. Je pense que c'était là la raison de l'égarement de mon gros sac ! Un peu casse-pieds mais voilà, ce sont les aléas du voyage. Il faut bien que cela m'arrive une fois. Bienvenu à Rangoon, ou Yangon selon la nouvelle terminologie en vigueur. Après de longues moments passés à remplir de la paperasse pour le bagage égaré, hop, un taxi et direction "Downtow" à 45 minutes de route de là. Il ne reste plus qu'à attendre un coup de fil de l'aéroport au cas où mon sac arriverait. Mon hôtel se trouve dans un quartier populaire par excellence de Rangoon. Un véritable creuset ethnique qui reflète bien la situation de ce pays. Je suis en plein dans un coin multi-culturel de la capitale Birmane. Un pays qui est, comme vous le savez, en proie à de multiples conflits ethnique et religieux depuis des années. Et ça se passe souvent dans la violence. Mais ici, dans ce quartier populaire, rien de tout ça ! Il est fréquent de voir un hindouiste descendant des premiers Indiens qui sont venus avec les Anglais au début la colonisation, accroupi à côté d'un bouddhiste birman en compagnie d'un musulman du nord du pays, à boire des canons en devisant gaiement avec d'autres compagnons chinois. Du coup, pour la bouffe aussi, le touriste de passage a un choix énorme. Cuisine chinoise, indienne, birmane, mixte et pour tous les prix. Bref, c'est le genre d'endroit dans lequel je me sens bien. Dès que l'on met le nez dehors, on est assailli par toute sorte d'odeur de différentes cuisines, de corps en sueur. Oui, ça transpire la vie dans tous les sens du terme. A part ça, je n'ai pas trouvé Rangoon très jolie comparée à d'autres capitales des pays limitrophes. Entre les belles bâtisses coloniales qui tombent en ruine dans le downtow, à de rares exceptions près, et des nouvelles constructions qui poussent n'importe comment, elle donne une image un peu anarchique, une espèce de foutoir géant ! Mais on sens une âme, surtout dans ce centre ville qui grouille de vie à proximité du fleuve Yangon qui serpente paresseusement pas loin. A côté de ça, des quartiers résidentiels plus loin avec pas mal d'espaces verts et adossés à deux lacs, Kandawgyi et Inya. C'est plutôt une ville d'atmosphère. Tout n'est que langueur et moiteur tropicales comme dans une scène de "Un tramway nommé désir" où Marlon Brando transpire à grosses gouttes dans son marcel. Curieusement, Rangoon me fait penser à ça, déformation cinéphilique sans doute :) Oui, j'ai plus ça en tête qu'un autre film de J. Boorman dont le titre est précisément "Rangoon" ! Allez savoir pourquoi ? Peut-être à cause de la chaleur qui règne ici en ce moment. Une chaleur moite qui colle littéralement à la peau ! Mais vu le froid qui s'installe en Suisse je ne vais pas trop me plaindre tout de même :) En attendant, je suis allé voir la merveille de cette ville l'autre soir. La pagode Shwedagon. "Sacré depuis plus de 2500 ans, ce site est au coeur de la vie religieuse, sociale et politique du pays" disait le Routard ! Et à mon avis, il n'a pas tord. C'est vraiment une splendeur, une pagode de tous les superlatifs ! Couverte d'or, il y en a pour des milles et des cents. Construite sur une monticule au centre géographique de la ville son dôme est visible de loin, et sa visite le soir n'en est que plus belle au moment ou le monument s'illumine pour rayonner à des kilomètres loin à la ronde. Un super moment en effet. Je ne vais pas la décrire plus loin car ce sera trop long, des infos la concernant se trouvent bien sûr sur la toile pour ceux qui veulent en connaître davantage. C'est une ville des pagodes dorées, car à part Shwedagon, il y en a plein d'autres très belles aussi mais aucune ne peut rivaliser avec elle. Si non, des balades en fin de journée sont tout aussi sympas à faire, surtout aux lacs, ou au bord du fleuve à l'heure où les gargotes commencent à s'installer, là l'apéro avait un petit goût de sérénité apaisante. Enfin une bonne nouvelle hier après-midi venant de l'aéroport. Mon gros sac est finalement arrivé. Ouf ! Mais il y a un hic, ils ne me l'envoient pas à l'hôtel, je dois retourner le récupérer à la douane de l'aéroport avec tout ce que cela suppose de bureaucratie birmane bien connue. Ce qui veut dire que ça prendra un long moment dans les locaux de ce service et ça me coûtera dans les 15 us dollars de taxi aller et retour. Une petite somme dans ce pays, et encore 5 USD de "pourboire" pour les deux gratte-papiers de service car ils insistent pour recevoir de quoi boire un café comme ils disent pour m'avoir aidé à récupérer mon bagage. Pas grave, l'essentiel pour moi est d'avoir de nouveau mon sac, au moins cela m'évitera d'acheter des slips birmans :) ! Et au moins je pourrai songer à une belle danse avec la jolie Mandalay qui me tend les bras. C'est une belle cité à une nuit de bus de Rangoon, je viens d'avoir mon billet pour le bus qui part à 20h ce soir. Une autre aventure commence et je me réjouis déjà. Maintenant que j'ai récupéré tous mes slips :) Et je suis content aussi de pouvoir vous adresser ces quelques lignes qui narrent mes premiers pas dans ce beau pays où les gens sont d'une gentillesse proverbiales. Tranquillité, sécurité, accueil sympathique des habitants, alors que demande le peuple ? Du vin et des voyages en Birmanie pardi ! Voilà chers lecteurs adorés, je pense bien à vous et vous dis au prochain billet doux. D'ici là, passez une bonne semaine. Gros becs à tous. JPB