Homo Burnatus

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Location: Vevey, Vaud, Switzerland

Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Wednesday, April 11, 2012

Vietnam (Nha Trang - Saigon) [last exit to Switzerland]

Il est 5h du mat. Un réveil pénible après une soirée d'adieu en compagnie de Martin et Oskar pour ma dernière nuit à Huê.

Le "moto-bay" est déjà là, il s'agit du frère de la tenancière de l'auberge où nous sommes descendus. Direction la gare ferroviaire de Huê où le train arrivant de Ha Noi devait m'emmener à Nha Trang. Un petit déj. rapidement avalé sur la terrasse d'une gargote et il est déjà temps d'embarquer pour un long voyage d'une journée.

La voiture numéro 5, une voiture de troisième classe avec des banquettes comme on en voit en Suisse dans les années 50 et 60 ! Un monde hétéroclite de marchands, de voyageurs de commerce, de gens allant rendre visite aux proches à Saigon, et d'autres comme moi voyagent pour le simple plaisir. La plupart des passagers descendent à Huê pour le Festival biennale de la Cité, d'autres en reviennent après un court séjour dans des "Nha Nghi" de la ville. Il s'agit d'hôtels populaire au confort sommaire destinés surtout à la clientèle locale ayant peu de moyens.

Et oui, c'est un monde coloré dans cette voiture de 3e classe. Là, on voyage avec le peuple, des gens humbles mais dignes et d'une ouverture d'esprit et de gentillesse extraordinaire. Dans cette voiture, à part moi, il n'y a que deux jolies scandinaves toutes émerveillées par tant d'authenticité.

Il y avait du monde partout, entre deux wagons, on trouve des gens suspendus à leur hamacs, d'autres pour avoir plus d'aise, déroulent leurs nattes et se couchent carrément dans le passage ou sous les siège. Un vrai spectacle ! Et ils n'arrêtent pas de bouffer, ça grignote sans cesse ! Et à tout moment, des employés passent avec leurs charriots chargés de nourriture, de café, de snacks etc... C'est sûr que l'on ne crève pas de faim dans un train vietnamien !

Je suis arrivé à Nha Trang à la nuit tombée. Cela fait en tout, 12 heures de train non stop. Là, je n'avais plus qu'une chose en tête: aller à l'hôtel, prendre une bonne douche et me coucher après un repas frugal.

Un cyclo-pousse et direction de l'auberge au nom évocateur de "Forget me not" où j'ai une réservation pour deux nuits. En route, j'ai eu l'occasion de constater que la ville n'avait plus rien à voir avec ce que j'ai connu lors de mes deux séjours en 1995 et 1997.

Nha Trang à l'époque était une petite ville balnéaire avec peu d'hôtels et pratiquement pas de hauts immeubles. C'est une des plus belles baies du monde avec une kyrielle d'îles au large. A part les routards, il y avait pas de tourisme de masse comme c'est le cas maintenant. A présent, des hôtels de plusieurs étages, propriétés des groupes internationaux poussent comme des champignons, et phénomène le plus inattendu pour moi, la présence massive des touristes russes qu'on reconnait de loin à leur allure pataude et presque paysanne. Des nouveaux riches et d'autres pullulent ici à Nha Trang. Et les auberges, restos, commerces ... se mettent à l'heure russe avec des enseignes et des menus en russe. Ils ne sont pas trop appréciés (enfin, la plupart, pas tous !)car assez hautains envers les vietnamiens qu'ils considèrent encore comme des vassaux. Mais comme partout, les riches russes parvenus paient sans compter, alors les viets les soignent !

C'est qu'à l'époque, le Vietnam des années d'après guerre et jusqu'à la fin des eighties, dépendait de l'aide massive du grand frère russe pour survivre.

Mais les temps ont changé, et maintenant le Vietnam s'en sort économiquement beaucoup mieux que la Russie. Par contre, conséquences de la présence massive des anciens protecteurs, les prix grimpent en flèche, la vie est même plus chère qu'à Saigon.

N'ayant qu'une journée pour profiter des bienfaits de la mer, je me suis contenté le lendemain de me prélasser sur la plage principale de Nha Trang, qui a l'avantage de se trouver en plein centre de la ville et à 3 minutes à pied de mon auberge. Cela a fait du bien à mes vieux os après tous ces déplacements incessants et des dianes plus que matinales.

C'était court mais bon et ça m'a rappelé de bons souvenirs d'il y a 15 et 17 ans de cela. Quand j'étais encore jeune et beau !

Hier j'ai pris un bus "assis" (un des seuls en service sur la ligne Nha Trang - Saigon) car il y a comme une mode bizarre ici au Vietnam en ce moment. Pour des déplacements de 6, 7 heures, on vous impose carrément le sleeping-bus que j'abhorre ! Et on est arrivé de nouveau à la nuit tombée. Le bus mettait plus de temps pour rallier Saigon qu'à l'époque car le Vietnam est devenu plus riche et le nombre de voitures, camions etc ... a fortement augmenté. Par contre les routes sont toujours les même et ne parviennent plus à absorber correctement toute cette quantité de véhicules. Il y avait des embouteillages monstrueux à l'entrée de Saigon et j'ai du repousser le rendez-vous avec un ami.

Finalement je suis arrivé vers 19h30 et l'ami, Philippe m'a rejoint au boui-boui à 2 pas de mon hôtel, dans lequel j'ai mes habitudes quand je suis à Saigon. Nous avons passé une sympa soirée ensemble à faire bombance et écluser quelques bières jusque tard dans la nuit à Pham Ngu Lao, le quartier routard en prévoyant de nous revoir chez lui avant mon départ.

Ce soir rebelote avec Marine et Claude deux autres amis expats de Saigon. Et demain, mes amis, c'est le retour au bercail. Et oui il ne faut pas trop abuser des bonnes choses. Revenir et mieux repartir comme toujours. Il y a aussi le plaisir de revoir ses proches et amis. Cela fait du bien aussi après cette merveilleuse parenthèse vagabonde.

Alors mes chers, après tous ces kilomètres parcourus à travers 3 magnifiques pays à la douceur et aux sourires exquis, je vous remercie encore de tout coeur d'avoir donné un peu de votre temps pour suivre les pérégrinations du vieux routard. Et au plaisir de vous voir autour d'une bonne bouffe et d'un bon nectar vinifié. Un bon rouge qui tache nom de d... ! D'ici là, je vous embrasse bien fort et vous dis à tout bientôt pour de futures aventures on the road again !

JPB

Sunday, April 08, 2012

Laos (Phonesavan) - Vietnam (Vinh - Huê)

"This road looks like a glamourous woman, it has a lot of curves !" La boutade lancée par un des deux anglais qui partagent le mini-van avec moi, ainsi qu'une huitaine de Laotiens en route pour Phonesavan ! C'est plutôt une p ... de route de montagne oui ! Des virages serrés, en épingle et de toute sorte se succèdent à l'infini.

Le paysage est magnifique mais j'avais plutôt le soucis de ne pas dégueuler mon petit déj. car le chauffeur, un jeune Laotien fougueux qui se prend un peu pour Fangio lors d'une course de côte. Résultat, la moitié des passagers criaient grâce et vomissaient à qui mieux mieux. Moi j'ai réussi finalement garder le reste de mon breakfast dans l'estomac mais c'était moins une.

On entre à Phonesavan vers 17h avec un soleil radieux, et au moment où le van s'arrête à la gare routière, un terrible orage se déclenche. Soudain et d'une violence extrême. Des grêlons comme des balles de pingpong et c'est l'inondation partout. On descend du véhicule, des pieds qui s'enfoncent dans vingt centimètres d'eau brunâtre et pleine de détritus. Bienvenue à Phonesavan au tout début de la saison de pluie !

Vite un tut-tuk en direction du centre à 4 kilomètres de là. Une ville aux allures de Far-West City, une longue rue principale poussiéreuse avec des commerces, restos et autres de chaque côté. Il manque juste les saloons avec des chevaux attachés devant et le décor de western sera parfait.

La ville dont l'ancien nom est Xieng Khuang est une province montagneuse au Laos et aussi un point de passage au Vietnam. Pendant la guerre vietnamienne, c'est l'endroit qui abritait des bases nord-vietnamiennes et la piste Hô Chi Minh. Du coup elle était outrageusement bombardée par l'aviation US et Sud-vietnamienne.

Complètement détruite, elle a été reconstruite juste à côté et rebaptisée Phonesavan. Peu de touristes, mais ceux qui viennent là, savent exactement ce qu'ils veulent voir. La fameuse Plaine des Jarres ! Sur quelques sites épars, on trouve des jarres de toutes les tailles. Et les scientifiques se perdent en conjectures sur leur origine et leur fonction.

Les plus anciens sont datés vers le 1er siècle avant J.-C. Et on ne sait toujours pas à quoi ils servent exactement. Pour stocker le riz ? Ou les morts comme urnes funéraires ? Certains plaisantins disaient qu'ils servaient à stocker le Laolao, une infâme alcool à base de riz fermenté qui arrache ! D'autant plus que ces jarres sont en calcaire et l'endroit où se trouve ce matériau est à des kilomètres de là ! A voir comme ça, ça ne casse pas grande chose mais c'est tout de même mystérieux comme truc et ces sites me font un peu penser à l'Ile de Pâques, tiens mais c'est la saison :) !

J'ai pris un "moto-dop" (moto taxi) le lendemain de mon arrivée pour aller voir les sites et la nuit avant, il a commencé à tomber des cordes. La pluie a commencé vers 3h et n'a plus cessé jusqu'à 10 heures du matin. Les chemins sont transformés en ruisseaux boueux et la visite n'a pu se faire sur tous les sites prévus. Tant pis, j'ai pu voir les sites principaux et cela me suffit.

Le soir même, en allant manger dans un resto viet, je tombe de nouveau sur une patronne, la cinquantaine accorte et plutôt belle femme. Et de nouveau les questions habituelles: comment cela se fait que vous parlez vietnamien ? Où vivez vous maintenant etc ... Et immanquablement, vous voyagez seul ? Vous n'êtes pas marié ? Mais il faut prendre une femme vietnamienne qui s'occupera bien de vous etc ... Une femme comme moi par exemple. Mazette, qu'est ce qui se passe avec ces patronnes me disait je ! Est ce mon charme naturel qui agit ou plutôt mon aura de gars venu d'Europe aux poches bien pleines ? Je n'en sais rien mais chaque fois, il faut déployer des trésors de diplomatie pour ne pas froisser ces dames. Bon, c'est décidé, dorénavant je ferai le touriste ne sachant pas la langue. Je crois que ce sera mieux !

Le jour d'après, levé dès poltron minet car le bus pour Vinh au Vietnam part à 6h30 du mat. Dans le bus local, à part moi, quatre jeunes occidentaux qui passent aussi au Vietnam dont c'est la toute première fois pour eux. A la frontière, les formalités étaient un peu plus pointilleuses que pour le Laos ou le Cambodge. Et nous avons fait connaissance. Il y a là Oskar et Ben, deux australiens, Jaap un hollandais et Martin de la République tchèque. Nous sommes arrivés à Vinh en début de soirée. Jaap reprend tout de suite un autre bus pour Ha Noi, les 3 autres et moi, nous restons une nuit à Vinh. Nous avons décidé de rester ensemble et partons à la recherche d'un guesthouse pour la nuit. Pas loin de la gare, nous avons trouvé un hôtel un peu miteux et sert aussi de maison de passes. Il était noté sur le tableau des prix qu'on peut louer une chambre pour une heure au prix de 70000 VND (3.50 USD). Nous avons décidé de rester là car il n'est pas cher et en plus pas loin du centre et de la gare routière. La chambre était un peu limite mais pour le prix et juste pour la nuit, c'était une bonne affaire.

Nos 3 gaillards étaient plutôt contents d'être avec moi qui peut leur servir de guide et de traducteur car ici à Vinh, une ville oubliée de dieu, peu de gens parlaient anglais ou autre et d'ailleurs il n'y a pratiquement pas de touristes à part nous car cette cité n'a aucun attrait si ce n'est historique. Le village natal de Hô Chi Minh, le leader historique du pays se trouve à 14 kilomètres d'ici et sert maintenant de lieu de pèlerinage. Elle est aussi complètement détruite pendant la guerre et a du être reconstruite. C'est maintenant une grosse ville industrielle, plutôt dynamique et les gens, ça il faut le dire, est d'une gentillesse et d'une hospitalité extraordinaires. Durant la soirée que nous avons passée à Vinh, nous avons été partout accueillis à bras ouverts et avec beaucoup d'amitié sincère. C'est que cette ville a toujours souffert d'une image négative ici au Vietnam. Comme quoi, ils sont tous des voleurs, des sans foi ni loi etc ... Et je peux vous dire que mes compagnons étrangers et moi, nous avons été sidéré par toute cette gentillesse désintéressée. Cela fait chaud au coeur et pour mes trois gaillards, le premier contact avec le Vietnam était des plus positifs.

Le lendemain, Ben nous quitte pour aller sur Ha Noi avant de rejoindre Oskar dans le Sud plus tard. Ce dernier, Martin et moi, avons pris un bus pour Huê, l'ancienne capitale royale du Vietnam, et réputée pour leur raffinement d'esprit et connue aussi pour être l'endroit où il y a les plus belles filles du pays.

Elle a aussi souffert de la guerre pendant l'offensive du Têt (Nouvel An) en 1968. Sa fameuse Cité interdite, construite sur le modèle de celle de Pékin, était détruite à plus de 80 %. Nous sommes arrivés en début de soirée et patatras, le bus ne pourrait pas aller à sa base prévue car c'est le jour d'inauguration du Festival de Huê et seuls les véhicules officiels pourraient passer par le centre.

C'est là que mon voisin de lit (c'était un bus-lits, une absurdité pour un voyage de jour de 8h de trajet, mais c'est comme ça), un monsieur vietnamien très gentil a proposé de nous appeler un taxi avec son portable. Car le bus a du s'arrêter à plus de 5 kilomètres du centre. Et de nouveau Oskar, qui a toujours les bonnes adresses de guesthouses et autres tirées de son guide-book électronique nous a proposé un auberge en plein centre de la cité. Nous avons trouvé une chambre triple au prix doux avec des tenancières bien sympathiques. Et en plus, ne me demandent pas en mariage comme on pouvait le craindre :)

Ce matin, Martin est sorti de bonne heure, Oskar et moi, avons loué une bicyclette pour aller visiter la Cité interdite et quelques autres curiosités de la ville. L'après-midi est avancé, j'ai laissé Oskar aller seul voir les tombes royales car je suis déjà venu à Huê en 1997 lors de mon 2e voyage au Vietnam. C'est une très belle ville que celle de Huê, berceau de l'élite du pays pendant longtemps, et à part sa fameuse Cité interdite, possède nombre de sites superbes à visiter comme les tombeaux royaux de différents rois du Vietnam, ainsi que beaucoup de jolies pagodes. Et traverse en son centre le fameux Perfume River avec des scènes de vie quotidienne empreintes de sérénité.

J'ai flâné un peu vers la Rivière des Parfums et me promener un peu dans la vieille ville avant de rentrer à l'hôtel afin de vous donner quelques news sur H. Burnatus. Je pense bien à vous comme vous le voyez :)

Et là, après quelques tentatives infructueuses, j'ai enfin pu accéder à l'internet par wifi. C'est que dans notre auberge, il y en a pas et ils ont pu piquer le mot de passe du guesthouse d'en face. Du coup, il faut être devant l'autre hôtel pour pouvoir capter la chose ! Le démerdage à la vietnamienne !

Bon mes chers lecteurs adorés, j'espère que le week-end de Pâques a démarré pour vous sous les meilleurs auspices. Au plaisir de vous donner d'autres nouvelles sous peu. Demain je prends le train très tôt pour Nha Trang pour quelques plaisirs de la mer. Départ à 6h12 du mat et arrivée à 19h47 là-bas. J'aurais juste un jour le lendemain pour profiter un peu de Nha Trang mais j'y tiens car lors de mon retour au Vietnam la première fois en 1995, j'ai passé de formidables moments dans cette ville balnéaire.

Alors, mes chers, je vous dis à tout bientôt et vous embrasse bien fort.

H. Burnatus

Wednesday, April 04, 2012

Laos (Luang Prabang)

Que c'était longue cette nuit en "sleeping bus". Et en plus, inconfortable au possible, comparé au "sitting bus" normal où on a quand même plus de liberté de mouvement! Transformé en "lits roulants" les places dans le bus étaient calculées au plus juste et avant de monter, il fallait montrer "pattes blanches", c'est le cas de dire car il faut enlever les chaussures avant d'embarquer. Bonjour les odeurs de panas, surtout avec les routards farangs au long cours, à l'hygiène pas toujours irréprochable. Les miens de panas ne sentent pas la rose non plus, il faut dire, car j'ai eu le temps d'arpenter le macadam de Vientiane toute la journée sous une chaleur de fou avant de prendre ce bus.

Et voilà qu'on est arrivé à Luang Prabang au premier chant du coq, et à l'heure où les moines bouddhistes sortent pour l'aumône du jour. Une scène que j'ai déjà vécu pendant mon enfance au Vietnam.

A notre descente du tuk-tuk qui nous mène au centre vile, on voit de longues processions de moines en fil indien avec leur sébile dans la main pour recevoir leur unique repas de la journée.
Et c'est là qu'on a l'occasion d'assister à la dévotion extraordinaire du peuple Laotien. Les offrandes se donnent avec déférence les genoux à terre. Un spectacle (si je peux dire ainsi)empreint de ferveur et de sérénité. Par contre j'étais un peu choqué par l'attitude de certains touristes qui sont venus là apparemment depuis l'aube pour ce moment. Et d'un sans gêne évident, s'approchent à qui le plus près pour mitrailler la scène avec des tonnerre de crépitements des appareils. Certains poussent même la plaisanterie jusqu'à acheter des biscuits et d'autres choses pour donner aux moines. Je vois bien la tête de certains bonzes, ils ne doivent pas trop aimer cela, mais font de mauvaise fortune bon coeur !

Imaginez un hindouiste monter sur la chaire pour approuver l'homélie ! Quand on est pas bouddhiste, je pense qu'on doit rester sagement à l'écart pour apprécier cette scène de vie particulière à un peuple.

Bon, finie la mauvaise humeur, je vais vous parler maintenant de Luang Prabang, cette magnifique cité, ancienne capitale royal du Laos qui a vu ses deux enfants les plus illustres se déchirer jusqu'à devenir des ennemis mortels.

Les princes Souvanna Phouma et Souphanouvong, deux demi-frères, enfants du dernier vice roi de Luang Prabang, le Prince Bounkhong. Le premier était Premier Ministre du Laos non communiste jusqu'en 1975. Et le second, qu'on appelle le Prince rouge, a pris le maquis aux côtés des rebelles communistes du Pathet Lao jusqu'à la victoire en 1975 avec l'aide massive des Nord-Vietnamiens.

Au Vietnam, tout le monde connait l'histoire des deux frères ennemis, d'autant plus qu'ils ont été élevés en partie dans ce pays et ont suivi, comme Norodom Sihanouk, leurs études secondaires au fameux Lycée Chasseloup Laubat de Saigon.

Tout cela pour vous dire que cette ville, pourtant si belle, a été pendant longtemps négligée par le nouveau pouvoir car suspectée de sympathie pour l'ancien régime.

Heureusement que depuis que le Laos s'est ouvert au tourisme, les nouvelles autorités ont compris les profits que le pays peut en tirer avec un tel site. Et le coup de pouce aussi de l'Unesco qui a décrété Luang Prabang patrimoine de l'humanité a fini par redonner à la cité ses lustres d'antan.

"Atmosphère, atmosphère, est ce que j'ai une gueule d'atmosphère" ? disait Arletty dans un fameux film. C'est cela même mes chers, Luang Prabang a vraiment une gueule d'atmosphère et on s'y sent tout de suite bien. Imaginez une ville encerclée de collines verdoyantes et des monts couvert de forêts tropicales et s'étendant sur une langue de terre tout en longueur au confluent du fleuve Mékong et de la rivière Nam Khan. Tout en horizontale, quasiment pas de bâtiments modernes et pas du tout en hauteur.

Agréable aussi le climat car légèrement en altitude (600 m), une ville à taille humaine et qui se visite facilement à pied ou en bicyclette. C'est aussi la ville la plus riche du Laos en monuments religieux et chargée d'histoire. La vie s'écoule indolemment à l'image du Mékong au lit à moitié sec en cette saison, longeant paresseusement la cité. Une véritable splendeur !

Je suis allé visiter le premier jour le l'Ancien Palais royal transformé en Musée. A l'image de la ville, le Palais est d'une sobriété de bon goût contrairement à celui de Phnompenh qui est presque trop clinquant (quoique joli aussi). Les temples ici aussi sont superbes et j'aime bien aller me promener dans ces endroits reposants pour l'esprit et on est toujours reçu avec beaucoup de gentillesse par ses occupants, les moines. Comme en Thailande, et contrairement au Vietnam qui n'a pas le même bouddhisme même si beaucoup de préceptes sont les mêmes. Ici les jeunes sont envoyés par les familles faire un court temps dans les ordres avant de reprendre véritablement la vie active(certains décident aussi de le rester pour de bon bien sûr). Une école de vie en communauté, ou école de vie toute courte. Et j'ai appris que s'ils ne feront jamais de mal aux animaux (aux humains aussi d'ailleurs - rassurez vous :), ils ne sont pas tout à fait végétariens comme les moines vietnamiens par exemple. C'est en discutant avec Sen, un jeune moine sympathique et curieux de la vie que j'ai appris cela. Selon lui, le bouddhisme laotien est d'une branche différente et ils acceptent ce que les gens leur donne. Viande ou pas !

J'ai passé vraiment un excellent moment avec Sen qui parle d'ailleurs un anglais des plus corrects. Un des autres truc sympa à faire aussi à Luang Prabang est de flâner le long des berges du Mékong et de la Nam Khan. Et si l'envie nous prend, on peut aussi descendre se promener sur le lit sec du fleuve ou de prendre un bateau du soir pour assister au coucher du soleil. Et tout du long de ces berges, une multitude de gargotes sympas sont là pour étancher la soif et soulager la faim des promeneurs.

C'est la dolce vità à la Laotienne avec des gens d'une gentillesse remarquable et toujours souriants. Si la Thaïlande se proclame le pays du sourire dans leur slogan touristique. Alors que dire du Laos ? Le pays de la "banane" géante ?

Je m'y sentais si bien que ces trois jours ici m'ont paru passer trop vite. J'y serais resté encore un peu plus pour m'imprégner davantage de cette atmosphère mais hélas, comme vous le savez, mon planning est plutôt chargé est j'ai du, tristesse dans l'âme, faire mon baluchon ce matin pour partir sur Phonesavan, un drôle de bled et marqué aussi par l'histoire mais plus récente, et moins gaie, mais il a un superbe atout dans son jeu. C'est la porte d'entrée de la mystérieuse "Plaine des Jarres" qui sera mon prochain "billet doux" à votre intention mes chers lecteurs adorés. En attendant, je vous souhaite d'ores et déjà d'excellentes fêtes de Pâques. Alors roulez les bien, les oeufs (mais pas ceux de Pak ! - certains comprendront) et je vous embrasse bien fort.

JPB