Homo Burnatus

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Location: Vevey, Vaud, Switzerland

Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Thursday, March 29, 2012

Laos (Vientiane)

Sabadee la compagnie, comment allez vous mes chers ? Moi ça va, je suis arrivé avant-hier à Vientiane par un vol de Lao Airlines que j'ai failli manquer à cause d'une négligence de mon conducteur de Tuk-tuk. Heureusement sans conséquences notables puisque j'ai pu m'embarquer même si c'était moins une !

C'est qu'à Siem Reap, j'ai l'habitude d'avoir recours aux menus services de l'équipe du Siem Reap Central Hostel dans lequel je suis descendu. Jusque là, rien à dire. Tout marchait comme sur des roulettes. Dans cette Guesthouse, bien située avec un excellent rapport qualité-prix, il y a toujours une flopée de gars qui trainent autour du lobby. On ne sait pas ce qu'ils font là exactement, mais si quelqu'un a besoin de quelque chose, ils peuvent vous satisfaire. Plutôt des jeunes gens sympathiques et souriants.

Tout ce petit monde semble être aux ordres de Bun, le réceptionniste que j'appelle "le commissaire politique", car il a tout l'air d'un ancien cadre du Pathet Lao, le Parti communiste laotien qui a fini par gagner la partie dans la guerre civile des années septante. Sec comme une trique et parlant peu mais avec une autorité naturelle certaine. Pour ma part, j'ai souvent à faire avec Dun, le quasi homonyme de l'autre, mais plus joyeux et en plus, parlant assez bien l'anglais. C'est avec lui que je vais visiter les sites d'Angkor. Il faut dire qu'avec Dun sur son Tuk-tuk, je ne suis pas toujours tranquille car il a tendance à forcer sur les "jus houblonnés", et une façon de conduire le tricycle comme s'il était sur une "formule 1". Mais c'est un joyeux compagnon et qui se révèle être un bon connaisseur d'Angkor.

Et voilà que ce matin là, on a rendez-vous à 8h pour partir sur l'aéroport mais 8h, toujours pas de Dun, 8h15 non plus, et 8h30 encore moins. Alors j'ai du prendre Hen, un jeune sympa mais un peu écervelé si vous voyez ce que je veux dire !

La vingtaine, toujours la banane mais tête en l'air ! Cela peut se comprendre car Hen a été boxeur professionnel de "Muy Thai" à Phompenh. Il n'a pas fait une grande carrière et a du s'arrêter à cause de blessures. D'ailleurs on voit sur son visage au nez aplati typique des boxeurs, de multiples marques bien visibles. Faut dire que le "Muy Thai" est un sport de combat hyper violent où les "knock-outs" mortels ne sont pas rares.

Bref, toujours est-il que Hen a du remplacer Dun mais avec le Tuk-tuk qu'utilise d'habitude ce dernier. Au moment qu'on part, voilà que Dun descend au lobby et avec une tête de celui qui a forcé sur la bouteille la veille. Bye my friend etc ... et il oublie de dire à l'autre que le réservoir de la moto est presque vide.

Bien sûr il n'a pas manqué, on sort à peine de Siem Reap sur la route de l'aéroport que la moto tombe en panne sèche. Merde, me disais je. Je vais le manquer cet avion car il n'y a pas de station d'essence tout près. Hen qui pousse le Tuk-tuk et moi aussi et voilà que le miracle se produit sous la forme d'un vendeur de benzine ambulant qui passe. C'est le genre de truc qu'on ne voit que dans ces pays. Une moto avec un panier de chaque côté et dedans des bouteilles en pet remplies d'essence. Formidable !

Grâce à ça, on a pu rallier l'aiport just à temps pour mon embarquement. C'était vraiment moins une !

Bon ce n'est pas tout, quand je vois l'avion qui doit m'emmener au Laos, je n'étais pas trop tranquille car il s'agit d'un vieux zinc, un ATR 72 à deux hélices et au décollage, ça grince de partout. En plus Lao Airlines n'a pas une très bonne réputation (elle est même sur la liste noire en Europe). Mais tout s'est quand même bien passé à la fin, après une escale à Paksé, on est arrivé entier à Vientiane et à l'heure en plus. Ouf !

Pour le centre de ville depuis l'aéroport, j'ai partagé le taxi avec une franco-israélienne du nom de Khaya, charmante personne et parlant un français des plus purs. C'est drôle car on s'est déjà croisé à Kha Vi Guesthouse à Phnompenh, et là on s'est retrouvé dans le même avion pour Vientiane. Et comme elle va aussi à Luang Prabang, il y a des chances que nos routes vont se croiser une nouvelle fois.

Le Laos, ça me fait de nouveau remonter à pas mal d'années en arrière comme pour le Cambodge. La situation de ce pays était un peu comme l'autre. Dans les années soixante, il servait de sanctuaires aux communistes nord-vietnamiens et la piste Ho Chi Minh, vitale pour l'approvisionnement des forces communistes viets traversent une grande partie du Laos. Régulièrement bombardée par l'aviation US, mais jamais coupée ! Et voilà que comme pour le Cambodge, l'armée américaine a décidé aux début des années septante d'en finir avec ça. Du moins le croyaient-ils. Mais comme ils n'ont pas le droit d'y envoyer leurs troupes, c'est l'armée sud vietnamienne qui a du se coltiner le boulot. Et bien, ce fut un véritable désastre ! Les sud-vietnamiens ont essuyé de terribles pertes et j'ai, moi même, perdu deux bons copains de lycée. Enrôlés dans les parachutistes, ils ont participé à l'opération Lâm Son (le nom d'un héros antique vietnamien)et ne sont jamais revenus ! Et c'est d'autant plus ironique le sort que l'un portait le nom de Lâm et l'autre Son ! Putain de guerre !


And now, how is Vientiane ? Et bien c'est la capitale du Laos et pour une capitale, elle a plutôt des allures d'une petite ville de province un peu endormie mais non dénuée de charmes. Cela nous change de l'effervescence tumultueuse des autres capitales d'Asie. Bien sûr, on retrouve les même caractéristiques des villes asiatiques: circulation chaotique, coups de klaxon à tord et à travers, odeurs particulières etc ... Et comme la quasi totalité des villes construites sous le protectorat français au temps d'Indochine, la ville est pourvue de larges rues bordées d'arbres et il reste encore pas mal de bâtiment coloniaux dont certains sont rénovés et sont de toute beauté. La vie s'écoule ici tranquillement comme le Mékong qui traverse paresseusement la cité. Le soir venu, les Vientianais vont se promener le long du fleuve en famille sur le Quai Fanghum où des restaurants mobiles se montent avec 2 tables et quelques chaises, des stands de colifichets, d'habits etc ... et un peu partout d'acharnées parties de foot improvisées.

Très agréable comme promenade vespérale et aussi nocturne où les couples remplacent les familles pour avoir quelques instants de liberté. Une petite surprise quand même. La vie est plus chère qu'au Cambodge et autant si ce n'est plus qu'au Vietnam. Inattendu ! Et la bouffe est bien mais sans plus, comparé au Vietnam et au Cambodge. Heureusement qu'il y a pas mal de restos vietnamiens par ici car une forte communauté viet vit au Laos. Et ça a l'air de bien leur réussir. On voit pas mal d'enseignes en vietnamien en plus du laotien. Même à l'hôtel où je suis descendu, c'est tenu par des vietnamiens qui étaient fortement surpris de m'entendre parler la même langue. Et pour moi, c'est bien car le Laotien est une langue dont l'écriture est pour nous complètement indéchiffrable. On dirait des montagnes russes (en voici un échantillon: ມະນຸດທຸກຄົນເກີດມາມີກຽດສັກສີ, ສິດທິ,).

A part ça, la ville comptent aussi beaucoup de beaux temples bouddhistes dont certains sont remarquables. Et des marchés pleins de vie. Bref, une ville où il est agréable de passer quelques jours. C'est reposant car c'est encore à dimension humaine, quasiment pas de maisons hautes, à part quelques bâtiment officiels et un rythme de vie indolent et une zen attitude. Ici on est pas autant harcelé par des conducteurs de tuk-tuk, de motos dop, voire par des vendeurs de tout et de rien comme au Vietnam ou au Cambodge. Le laotien est plutôt discret et tranquille.

Et comme au Cambodge, cela me fait drôle de me trouver ici et d'entendre une fois sur deux, parler vietnamien ! Faut dire que dans cette partie du Sud-Est asiatique, qui fut l'Indochine française, les destins de ces 3 pays (VN, CAM et Laos) se trouvent souvent étroitement mêlés. Au temps des français, l'administration coloniale a tendance à favoriser les vietnamiens considérés comme plus travailleurs et aussi plus éveillés. Cela, je n'en sais rien, mais toujours est-il que dans les années 40, 50, beaucoup de vietnamiens ont été emmenés au Cambodge et au Laos pour occuper les postes dans l'administration, voire de la police etc ...

Et lorsque les 3 pays ont obtenu l'indépendance dans les années cinquante les vietnamiens sont resté et certains ont continué à occuper leurs positions avec la nationalité accordé par leurs pays d'accueil. Ce qui fait d'eux des khmero-vietnamiens ou lao-vietnamiens. Ils sont d'autant plus nombreux actuellement que ces derniers temps, beaucoup d'entreprises vietnamiennes se sont implantées au Cambodge et au Laos surtout dans la construction, emmenant de ce fait, pas mal de travailleurs du Vietnam, attirés par des conditions salariales meilleures qu'au pays. Bénéficiant de beaucoup de facilités car pendant les guerres civiles dans chacun de ces deux pays, les communistes laotiens et cambodgiens ont été fortement aidés par le grand frère vietnamien ! Maintenant, ce dernier récolte les fruits de son action d'antan.

Le premier soir, en demandant mon chemin à groupe de jeunes qui prennent le frais dans la rue. Je m'entends répondre dans un anglais approximatif: "No Lao, us Vietnameses" ! Mais alors, parlons vietnamien mes braves. Les gaillards étaient plus que surpris. Et le contact était des plus sympas. Le lendemains je les rencontrais de nouveau et nous avons fini par aller boire quelques bières au boui-boui d'en face. Ce sont justement des travailleurs du bâtiment, qui étaient bien curieux de ce que peut être l'Europe, et la Suisse en particulier. Moi qui voulait leur payer des coups, et bien figurez vous que j'ai du presque me battre pour pouvoir payer une tournée de bières. Une sacrée équipe de joyeux lurons !

Depuis le premier jour, je me suis senti bien dans cette ville à visage humain. Je commence à avoir mes habitudes. Apéros au bord du Mékong et le soir une bonne bouffe dans un petit bistrot lao sympa à deux pas du quartier touristique. Celui ci est tenu par une dame qui baragouine 2, 3 mots vietnamiens et a vécu 9 ans aux Etats-Unis. Qu'elle disait ! Funny car son anglais est encore plus mauvais que le mien ! Bon on arrive quand même à pas mal se communiquer. De fil en aiguille, elle me dit qu'elle est veuve, et le deuxième soir que je mange là-bas, elle me demande quasiment en mariage ! Sans blagues. Mais merci Miss Cho (son nom), j'ai déjà donné !

Voilà mes chers, mes péripéties laotiennes ou plutôt vientiannaises jusque là. C'est mon dernier soir ici et demain, "a slepping night bus again" (avec des lits !) pour Luang Prabang, l'ancienne capitale royale du pays. Une merveille de ville paraît-il ! Me réjouis déjà, d'autant plus qu'elle est à une altitude plus élevée et dont il fera moins chaud. Alors à tout bien pour un autre "billet doux" cari miei. Je vous embrasse bien fort.

JPB

Monday, March 26, 2012

Cambodge (Phnompenh - Siem Reap - Angkor)

"Wake up, ladies ans gentlemen. Time to cross border. Everyone get ou of the bus please"! La voix de stentor de l'accompagnateur du bus me tire de mon sommeil profond dans lequel je suis tombé depuis à peu près deux heures.

Il est 7 plombs du mat et la frontière est juste là devant nous. Ceux qui s'attendent à voir des militaires des deux camps lourdement armés se faisant face en sont pour leurs frais. C'est que la guerre entre le Cambodge et le Vietnam suite à l'invasion vietnamienne à la fin des années septante, pour déloger Pol Pot et sa clique du pouvoir, est finie depuis belle lurette.

L'antagonisme entre les deux peuples demeure mais les Cambodgiens sont maintenant plutôt reconnaissants aux Vietnamiens de leur avoir débarrassé le pays d'un régime barbare, génocidaire qui, après un règne terrifiant de plus de quatre ans, laissait le pays dans un état terrible. Famine, misère, des mines antipersonnels semant la mort et faisant des centaines de milliers de handicapés.

Ce pays a toujours été pour moi très proche et en même temps très lointain. Depuis mon enfance jusqu'à mon adolescence vietnamiennes à An Lôc, une ville qui se situe à une trentaine de kilomètres à vol d'oiseaux du Cambodge, j'ai côtoyé à l'école, dans la vie quotidienne, des gens originaires de ce pays et donc certains se sont établis depuis des générations chez nous.

Oui, le Kampuchea comme nous l'appelons m'a toujours été familier, je baragouinais même un peu la langue khmère, mais il nous était interdit d'accès à l'époque à cause de la guerre qui faisait rage chez nous et le Cambodge dont Sihanouk, le roi rondouillard et que j'ai toujours trouvé ridicule, pour conserver la paix chez lui, a toujours fermé les yeux sur les sanctuaires communistes nord-vietnamiens implantés sur son territoire.

En 1970, le roi est parti se soigner en Chine, Lon Nol, un colonel proche du roi a profité de l'occasion pour le renverser et proclamer la République. Pro américain, et certainement travaillé au corps par la CIA, ce dernier a laissé entrer les troupes américaines et sud-vietnamiennes qui pouvaient enfin aller s'en prendre aux sanctuaires communistes qui nous emmerdaient depuis des années en nous attaquant et lorsque les choses vont moins bien pour eux, se retirer tranquilles au Cambodge.

Je me souvenais bien de cette époque là, comme les autres viets, j'étais content que l'on pouvait finalement rétablir les rapports de force. Snuol, Mimot, Takeo, tous ces noms résonnent encore à mon oreille maintenant que je me retrouve à faire du tourisme au Cambodge. C'étaient des batailles célèbres qui ont apporté une certaine fierté aux forces sud-vietnamiennes. Et ces événements ont déclenché une guerre civile à leur tour au Royaume Khmer. Des Cambodgien qui n'ont pas supporté que leur pays soit occupé une partie par des étrangers ont pris le maquis et deviennent plus tard, les tristement célèbres Khmers rouges.

Lorsque je suis arrivé en Suisse, j'ai toujours suivi l'actualité de ce qui se passe dans ce royaume qui est tombé aux mains des Khmers rouges une année avant la chute du Sud-Vietnam. Je me souviens aussi des images de la capitale, Phnompenh, vidée de leurs habitants par les KR, 48 heures après leur entrée dans la ville. Des images terribles où on voit des malades expulsés de leurs hôpitaux, certains sont encore sur leurs lits à roulette car ne pouvant pas marcher ! Et tout ce monde, envoyé à la campagne travailler à main nue dans les rizières pour l'édification socialiste à la khmère.

Quatre ans et 2 millions de morts plus tard, les Khmers rouges, ivres de puissance, ont commis l'erreur de s'attaquer au Vietnam. Ils n'ont rien compris ces pauvres ! Des Français, des Américains (la première armée du monde) se sont cassé les dents dessus, alors les Khmers rouges. Mais au moins, ceci a permis d'en finir avec l'utopie meurtrière de cette clique de dirigeants cambodgiens coupable de toutes les atrocités contre leur propre peuple.

Les vietnamiens ont installé à leur arrivée un gouvernement cambodgien, et maintenir une petite force sur le sol khmer, et en 1989, lorsque les derniers soldats vietnamiens ont quitté le Cambodge, ce pays est redevenu le royaume du Cambodge et dont Sihanouk le roi lui même, est revenu participer aux re-développements du pays.

Depuis la fin de l'opération de reconstruction du pays sous l'égide de l'APRONUC, force onusienne, pour aider le petit royaume à redémarrer, le pays malgré des périodes d'instabilité plus ou moins longs, a enfin trouvé un rythme de croisière et une certaine stabilité est revenue. Le tourisme continue de se développer et le pays avec des trésors comme les sites archéologiques d'Angkor, et aussi le coût dérisoire de la vie (pour les occidentaux j'entends !) est en passe de devenir le nouveau paradis des routards de tout poil.

Voilà, je suis enfin au Cambodge, par le bus de nuit de Saigon. Le contrôle à la frontière était étonnamment relax. Nous devons passer à pied tandis que les sacs restés dans le bus n'étaient même pas fouillés ! Une photo passeport, 25 USD et le tour est joué. Tout cela a pris à peine 45 minutes pour une vingtaine de touristes étrangers que nous étions dans le véhicule.

Encore une heure et demie de route et voici Phnompenh, une charmante cité avec encore pas mal d'édifices coloniaux. Une des plus belles capitales du Sud Est asiatique comme disait nos guides. Dessinée par les Français à l'époque du protectorat, la ville ressemble beaucoup à ces villes indochinoises avec de larges avenues et bordées de belles bâtisses. Et comme partout en Asie, tout n'est que bruit et fureur. Embouteillages, coups de klaxon ininterrompus, odeurs indéfinissables et fumets appétissants sortant des gargotes.

Mon premier après-midi à Phnompenh est consacré à la visite de Tuol Sleng, un lycée technique en temps de paix, transformé en centre de torture par les Khmers rouges. Il est devenu la prison la plus terrifiante du Cambodge. De 1975 à 1979, près de 15000 personnes y passent, certains avec leurs enfants, y subissaient des tortures les plus inimaginables avant d'être achevées dans le camps d'extermination de Choeung Ek (popularisé par le film The Killing Fields !).

C'est une baffe que l'on reçoit en pleine figure en visitant ce centre appelé maintenant le Musée des crimes génocidaires ! Des photos anthropométriques soigneusement conservées des prisonniers affichés sur les murs, qui font que comme s'ils étaient encore là. Une terrible sensation quand on regarde ces visages d'hommes et femmes, beaucoup de jeunes et des enfants à côté ou dans les bras de leurs mères. A pleurer ! Oui, j'avais les yeux rougis et j'ai du lutter pour ne pas pleurer. Et pourtant en matière de guerre et de scènes atroces, je crois en avoir vu pas mal ! On se rend compte que l'homme est toujours capable d'aller plus loin dans ce qu'il peut faire à ses semblables.

Plus de trente ans après, les Cambodgiens n'ont pas oublié, ni pardonné. La preuve, des portraits des dirigeants Khmers rouges de l'époque étaient sprayés, tailladés et certains ont du être enlevés. Il ne reste sur 15000 prisonniers que 7 survivants qui ont été libérés par l'armée vietnamienne. Et dans la cour, les tombes des 14 dernières victimes. Ce n'est pas le seul endroits où ces fous à lier de khmers rouges commettaient leur atrocités mais cet endroit est accessible en plein Phnompenh et est devenu un mémorial emblématique de cette époque.

On sort de là après 2, 3 heures de visite et je peux vous dire qu'on est dans un drôle d'état d'esprit. Comme si on avait reçu un coup au coeur !

Mais rassurez vous, il y plein d'autres choses plus gaies et plus belles à voir à Phnompenh. Par exemple les marchés grouillantes de vie et les beaux palais. Le Palais royale en est un, d'une architecture harmonieuse dans le style khmer, de toute beauté. Dans la même veine le Musée royale, et une cranelée de temples plus beau les uns que les autres. Et le soir tout le monde va faire son passegiatta sur le quai Sisowath au bord du Tonlé Sap qui serpente paresseusement à travers la ville.

J'ai passé ici deux jours formidable et que j'ai quitté pour Siem Reap presque à regret. Mais voilà, il y a un planning à respecter et si je veux passer un peu plus de temps au Laos, il faut que je me motive. Et la motivation n'est pas difficile à trouver car Siem Reap est le point d'accès des mondialement réputés sites archéologiques d'Angkor. Patrimoine mondial de l'humanité ! Traversée par une rivière, se trouvant dans un campagne fourmillant de maisons sur pilotis, paillotes etc ... Siem Reap est un havre de tranquillité comparé à Phnompenh. Guesthouses bons marchés et tout confort, restos locaux et étrangers, son fameux marché de nuit tous les soirs et même une semblance de vie nocturne, ainsi que d'autres spots intéressants à voir. La ville a de quoi offrir un super séjour aux touristes voulant découvrir Angkor.

Et Angkor ? Qui n'a jamais rêvé d'approcher Angkor comme disait " Le Routard". Personne à mon avis. L'archéologue Bernard Groslier disait un jour: "Il faut se représenter à la fois Versailles, La Concorde, Le Louvre, La Place des Vosges et toutes les plus belles cathédrales... " Et bien il n'a pas tout à fait tord ! C'est quelque chose d'absolument fabuleux dont les origines remontent au IXe siècle. Tout n'est que beauté et harmonie.

Je ne vais pas me lancer ici dans sa description académique et historique, vous avez tous les outils pour cela. Je me contente de vous dire ce que je vois, et ce que je vois me saisit de vertiges tellement ces différents temples, cités etc ... sont magnifiques. Il y avait un syndrome de Florence chez les touristes touchés par la beauté de ses oeuvres d'art, maintenant, je dirai qu'il y a aussi un syndrome d'Angkor. On est comme oppressé par la magnificence de ces constructions. Dommage que la guerre a en partie endommagé pas mal de sites mais ce qui reste, My God, It's absolutely fabulous. Et le mot est faible. Ankor Vat le plus connu, le plus grand des temples est saisissante de beauté mais Angkor Thom, Ta Phrom, Baphuon, Bayon, Le Palais Royal de Phimeanaka, Preah Khan, Pre Rup... et j'en passe, ne sont pas en reste !

Pour visiter les sites, soit on pédale sous le cagna qui tape, soit on prend un Tuk-tuk comme moi pour env. 8 Frs par jour. Les sites à voir sont pour les plus près. à 8 km de Siem Reap, d'autres sont plus loin voire encore beaucoup plus loin comme Banteay Srei. Je suis arrivé ici tard le dimanche soir et depuis hier, j'ai fait les deux circuits les plus courus. Le vieux est content d'avoir vu ça. Là, il est l'après-midi, je viens de rentrer du Grand Circuit et profite pour écrire des cartes postales et pour alimenter l'Homo Burnatus. Depuis le temps que vous n'avez rien à vous mettre sous la pupille, alors il faut que Ducros se décarcasse un peu non ? En tout cas mon séjour cambodgien est une bonne réussite, je garde un bon souvenir de ce pays qui se remet lentement de toutes ces difficultés et se trouve sur le chemin de la stabilité politique et économique. Ce n'est pas encore le Pérou, mais il y a déjà pas mal de progrès. En tout cas, ça fait plaisir ! Demain matin, je vais prendre un vol par Lao Airlines pour Vientiane et promis, vous aurez des nouvelles du Pays du million d'éléphants sous peu mes chers lecteurs adorés. D'ici là je vous embrasse bien fort mes chers. A+

JPB

Wednesday, March 21, 2012

Retour à la saison sèche teintée de pluie

Quand est ce que ça va finir cette p... de grippe ? Encore une nuit difficile avec cette satanée de clim qui n'arrange pas mon état grippale mais sans ça, il serait impossible de dormir dans cette chambre d'hôtel. Ici au Sud du Vietnam, on est dans la saison sèche et à cette époque de l'année, il fait une chaleur à rendre fou ! Selon les Saigonnais, il fait rarement aussi chaud depuis pas mal d'années. Quelque chose qui parle certainement aux cinéphiles. Remember ? "37, 2 le matin" avec une B. Dalle à la bouche grande et torride comme le cratère du Vésuve !

Bref, j'ai eu ce que l'on appelle le comble du voyageur dans un pays tropical: attraper un refroidissement ! Cela a commencé certainement à l'arrêt technique du vol de Turkish Airlines à Bangkok. Deux heures dans l'avion sans pouvoir sortir avec une clim poussée à outrance. Sur le moment on était content mais ça laisse des traces car à la sortie du zinc une plomb et quelque plus tard à l'arrivée à Ho Chi Minh City, on est happé par un violent choc thermique. A par ça, le voyage s'est bien passé, et TA n'est pas mal comme compagnie. Service attentionné et on arrête quasiment pas de se goinfrer. Les formalités pour "visa on arrival" à l'aéroport étaient vite expédiés. Hop, un taxi pour Pham Ngu Lao où j'ai mes habitudes quand je suis à Saigon et une douche plus tard, à Bên Thanh Night Market où les retrouvailles avec Phil et sa famille ont lieu.

Pour célébrer cela, nous avons pris un exquis repas à un des ces fameux "open restaurants" qui se montent à la nuit tombée à côté du marché et pour des prix encore populaires, on peut y manger les mets les plus authentiques de cette fameuse cuisine vietnamienne. Rien de tel pour se remettre à l'heure du pays. Et tout de suite ces senteurs typiques m'ont transporté plus en arrière dans le temps où j'étais encore un little boy. Mes jeunes années à An Lôc, qui n'est pas le but principal de ce voyage au Vietnam mais qui fera l'objet d'un pèlerinage "émotionnellement" moins chargé que la dernière fois.

Après le repas, et quelques verres entre hommes avec Phil au quartier routard, j'ai regagné mon petit hôtel où par un extraordinaire hasard, Philippe y avait pris pension au début de son arrivée au Vietnam il y a de cela 2, 3 ans. Du coup, suite à son coup de fil à un membre de la famille du proprio, j'y suis reçu comme un coq en pâte. Cool !

Le lendemain, journée tranquille à Pham Ngu Lao et le surlendemain aussi car je connais déjà tout de Saigon, du moins les spots touristiques les plus intéressants à voir.

En fin de journée du troisième jour, apéro "after work"en compagnie de Phil et d'un de ses collègues, dans un endroit fameux pour ses "happy hours" bien connu des expats et des touristes buveurs de bières. Le Number Five, un bar où pour 100000 VND (4.50 CHF !), pendant 3 heures, on peut descendre des draft beers à volonté. Un peu loulouche quand même ce lieu tenu par un Suisse car vous y êtes servis par une armée de jeunes filles accortes et petitement habillées. Et bien sûr, je vous le donne en mille, la clientèle est essentiellement masculine. Beaucoup de messieurs de mon âge ou peut-être un peu moins à l'oei bien concupiscent, et aussi pas mal de jeunes expats. C'est là que j'ai fait connaissance de Mlle Thu, une charmante jeune fille plutôt vive d'esprit. Peut-être rassurée par mon "oeil d'anthropologue" :) et mon côté sérieux (oui, je peux l'être, vous croyez quoi) la demoiselle est d'humeur à se laisse aller à des confidences.

J'ai appris qu'elle est montée à la capitale depuis son Delta du Mékong natal et n'étant pas trop armée intellectuellement et professionnellement, elle était contente de trouver ce job. Ayant à sa charge en plus un jeune frère qui est encore en apprentissage. Ses parent, des petits cultivateurs du Delta ne savaient pas ce qu'elle fait exactement à Saigon ! Et durant toute la conversation, elle me donnait du "grand oncle" une marque de respect ici au Vietnam. (n'empêche que ça me fait prendre conscience aussi que je suis un "vieux" maintenant :)

Et oui, ne dites pas à mes parents que je suis barmaid au Number Five, ils me croient vendeuse au City Plaza ! Ceci dit, la vie est dure par ici. Même si le pays a fait de grands bonds sur le plan économique au point de devenir un petit dragon de l'Extrême-Orient.

Le soir même, rendez-vous avec Claude et Axel deux autres copains "expats" pour une virée saigonnaise. Bonne bouffe et descente de "jus houblonnés" avec ces deux lascars. Je crois que je n'ai jamais bu autant de bières de ma vie que ce soir là.

Et ce soir là, euh... c'était hier. Et malgré un état, disons de fatigue avancée, j'ai eu du mal à dormir. D'une part à cause de la petite grippe, d'autre part, inconsciemment certainement, je gamberge un peu car j'ai prévu d'aller à An Lôc aujourd'hui. Après un réveil plutôt pénible, j'ai pris, à la Station de l'Est, un bus local pour m'y rendre plutôt qu'avec la moto que Claude a proposé de me prêter. Et bien, même si l'émotion était beaucoup moins présent que l'autre fois. Je ressens quand même quelque chose comme un pincement au coeur au moment où le chauffeur annonçait l'arrêt de Binh Long (l'autre nom d'An Lôc). Et comme j'ai prévu de faire juste un aller-retour cette fois. Je me suis contenté d'arpenter la ville en essayant de me remémorer des endroit ou des gens que j'ai connu, mais hélas, comme partout, le temps a fait ses oeuvres, depuis ma dernière visite, la ville a encore changé. Des nouveaux chemins ont été tracés, des endroits rasés pour faire du neuf ... Elle est presque méconnaissable, à part quelques endroits. Et l'emplacement de mon ancienne maison a carrément disparu. J'ai fait 2, 3 photos et après un long moment d'errance dans la ville, et fait extraordinaire pour cette saison, sous la pluie pendant une bonne partie, une pluie fine comme si le ciel pleurait de tristesse à ma place. A la fin de la journée, j'ai pris un des dernier bus pour retourner ici à Saigon. Cela m'a quand même fait du bien !

Et voilà mes chers, les premiers jours de mon voyage indochinois. Demain, je prends un bus de nuit pour Phnompenh au Cambodge. Départ 23h45, arrivée vers 8h du mat à destination voire plus tard s'il y a du retard à la frontière pour le visa d'entrée car je ne l'ai pas encore mais on peut le faire en arrivant. Vous aurez des nouvelles fraiches cambodgiennes en temps voulu. D'ici là, je vous embrasse bien fort.

Oncle Hùng (comme disait Miss Thu)