Homo Burnatus

My Photo
Name:
Location: Vevey, Vaud, Switzerland

Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Saturday, May 28, 2011

Sur la route de l'Orient 5 (Samarcande)

La soirée est douce, une petite bise bienfaisante s'est levée après une journée écrasée de chaleur. De tous les coins de la ville se sont élevés des chants des lycéens, étudiants... enfin libérés de leurs obligations scolaires et contents de célébrer leur début de vacances annuelles.

La cité semble être livrée aujourd'hui à la jeunesse. Depuis tôt ce matin, on voit partout en ville des jeunes gens dans leurs plus beaux atours, et certains portent autour de leur taille des écharpes, un peu à la manière des miss, signe d'une année scolaire réussie et méritante. Le soir venu, des réunions spontanées ont lieu dans les différents parcs de l'endroit, et c'est parti pour un happening bon enfant, loin des excès des soirée de fin d'année d'étude de nos étudiants occidentaux.

Des mélopées arabisantes et envoûtantes qui rendent la nuit de Samarcande encore plus belle et mystérieuse, surtout du côté du Registan, cette place de légende où a été construit (et restauré dans sa splendeur originelle) le complexe le plus grandiose de toute l'Asie centrale et l'un des plus beau de l'islam.
Nous sommes arrivés ici il y a deux jours et à la descente du bus qui nous mène au Registan où nous avons notre Guesthouse tout proche, les bras nous en tombaient et nous étions complètement saisis par l'émotion en voyant cet ensemble architectural d'une majestueuse beauté. Et ce n'est qu'une petite partie de ce qu'offre cette merveilleuse cité. Les superlatifs n'ont jamais manqué pour décrire la beauté de Samarcande: Miroir du monde, jardin de l'âme, joyau de l'islam, perle de l'Orient, centre de l'univers etc ...

Cette ville dont les origines remontent au VIe siècle avant notre ère, peut-être même plus loin, a été le carrefour des diverses branches de la Route de la Soie, celle de l'Ouest vers la Perse, celle de l'Est vers la Chine et celle du Sud vers l'Inde. Alexandre le Grand, Gengis Khan ont été ses conquérants, jusqu'à ce que Tamerlan, ce berger turco-mongol parti de rien avant de devenir un bâtisseur d'empire sanguinaire dont les troupes ont déferlé de l'Inde à la Russie, l'ait choisie pour capitale de la Transoxiane vers 1370.

Rien n'est assez beau pour sa ville. De ses conquêtes de Perse, d'Asie mineure, d'Inde, il ramène des artisans, architectes, maçons, peintres, calligraphes, céramistes, tisserands etc... ainsi que les plus grands esprits de ces pays: théologiens, savants, historiens et autres pour faire de sa capitale, le phare du monde comme il disait.
Des portes principales, six rues menant par des places entourées de fontaines, de mosquées, de médersas et de caravansérails, jusqu'à la galerie commerçante couverte d'un dôme au centre de la ville: le fameux Registan dont je vous ai parlé plus haut.
Vers le début du XVe siècle, son petit fils Ouloug Beg y ajoutait d'autres édifices, et un certain gouverneur du nom de Yalantouch Bakhadour en a encore construit d'autres plus tard. Et c'est ce qui donne sa configuration actuelle.

A part cette fameuse place, Samarcande contient d'autres monuments tout aussi majestueuse et chargés d'histoire tels que la mosquée Bibi Khanoum du nom de la femme chinoise de Tamerlan, ou l'obervatoire d'Ouloug Beg, voire le nécropole de Chah-i-Zinda et bien d'autres encore dont l'énumération sera par trop fastidieuse.
Ici aussi, comme à Khiva et Boukhara, il ne subsiste de l'état original des édifices que 5 ou 10 %, le reste a été restauré de façon remarquable dont les travaux ont déjà commencé depuis l'époque soviétique. Bref, on est là dans une sorte de ville des Mille et une Nuits, de l'histoire à tous les coins de rue comme Rome ou Babylone.

Par contre, il n'y avait aucune organisation cohérente de la part des autorités ouzbekes pour l'exploitation de ces trésors. A certains endroits, aucun droit d'entrée à payer, à d'autres, le visiteur étranger doit payer 30, 40 fois plus qu'un citoyen ouzbek (ce qui provoque la grogne de pas mal de voyageurs car ils ont l'impression d'être victimes de discrimination - voire considérés comme des banques sur deux pattes juste bons à payer). Il y a aussi des endroits où vous payez si vous passez par l'entrée principale, mais pas si vous passez par derrière ou latéralement. Et encore d'autres où vous devez payer aux gens qui n'ont rien d'officiels, à croire qu'ils ont trouvé le bon filon pour rouler les autorités et les touristes dans la farine. Très étrange tout ça ! Il règne une sorte d'anarchie à tous les niveaux.

Nous sommes descendus, avec mes compagnons de voyage rencontrés sur la route, Gilli et Tali, à Bahodir B&B, encore une adresse qui nous a été refilée par le bon vieux Horst. Un emplacement imbattable et des prix doux, à deux minutes du Registan et en plein coeur du vieux Samarcande. Certains soirs, notre guesthouse a tout de l'auberge espagnole à l'instar de ce que fut cette ville à l'époque: un lieu de rencontre des voyageurs où le Chinois discutant commerce avec un Perse, le Sogdien parlant de religion avec un Zoroastrien. Là nous avons des Polonais qui parlent politique avec des Israéliens, des Malaysiens qui parlent cuisine avec des Bulgares, les Anglais qui échangent des tuyaux de voyage avec les Russes, et des Japonaises qui se contentent d'écouter et de sourire en cachant leur bouche dans les mains. On entend parler toutes les langues et les conversations et les rires résonnent jusque tard dans la nuit. Vraiment très sympathique comme endroit.

Hier, avec Gilli et Tali, nous sommes allés faire un tour à Chakrisabz, la ville natale de Tamerlan qui se trouve à une huitantaine de km de Samarcande, par une belle route de montagne qui grimpe à 1675 mètres d'altitude franchissant un col qui offre un superbe panorama sur la vallée et sur cette ville où on peut voire encore les restes du plus grand projet du tyran: son Palais blanc qui a partiellement disparu, auquel il ne subsistent que deux tours grandioses qui témoignent néanmoins de son âge d'or. Et aussi d'autres ensembles de mosquées et de mausolées.

A la fin de cette intéressante journée, Tali et Gilli m'ont quitté pour partir sur Tachkent avant de poursuivre leur voyage vers le Kirghistan voisin le lendemain. Et alors que cet après-midi pendant que j'écris mes cartes postales dans le patio de l'auberge, voilà qu'une bonne surprise survient avec l'arrivée de Xu, le sympathique Taiwanais rencontré la semaine passée à la capitale ouzbeke. Il arrive souvent ici qu'on croise des gens connus le long de cette fameuse route car tous sont venus en Ouzbékistan pour ces célèbres villes de légende. On a repris nos conversations avec Xu, laissées en suspense à Tachkent et j'ai appris qu'il n'a pas pu obtenir son visa pour le Kirghistan et du coup, il va passer en Chine le 1 juin et il y aura bien des chances qu'on va se croiser de nouveau là-bas car il m'a déjà demandé l'adresse pour le guesthouse dans lequel j'ai mes habitudes à Pékin, ça va être cool !

Je vais rester encore une journée pour profiter encore un peu de cette belle ville et de me relaxer un peu avant de revenir sur Tachkent la veille de mon retour vers la Chine. Ce sera une journée tranquille avec une petite grasse matinée qui me changera de ces dianes matinales et aussi pour reposer un peu mon estomac qui a souffert ce matin du repas pris la veille au bazaar à Chakrisabz. Je m'y attendais d'ailleurs, à force de vouloir expérimenter une cuisine authentique en allant manger dans des endroits populaires. La soupe ouzbeke était certainement faite avec des produits peu frais, du coup en me levant ce matin, j'avais le ventre tout balonné et j'ai du jouer à quelques reprises à Tamerlan trônant dans son palais comme ses nombreuses statues en ville de Samarcande :) une pilule d'Immodium plus quelques gorgées de Coca et l'affaire était réglée.

Voilà la transition toute trouvée pour vous parler de la cuisine ouzbeke qui n'est pas ce qu'on appelle de la cuisine fine. Beaucoup de chacklicks, ces brochettes de viande de mouton, boeuf, ou poulet. Les ouzbeks les aiment bien avec les morceaux de gras. Les choux, les poivrons farcis, les lagmans, une sorte de nouille en soupe ou sautée, et le plov, un genre de riz pilaf avec de la viande bien cuite et du raisin sec avec beaucoup d'ail (le plat national ici), les choux-fleurs frits etc... Le tout baignant dans beaucoup d'huile. Et aussi de temps en temps une borsch ou des pelmenis, héritage du grand frère russe ! Pas très variée comme cuisine je dois dire, et cette utilisation généreuse de l'huile de coton qui ne convient pas beaucoup aux estomacs occidentaux peu habitués à cette denrée. Dans les restos et les pseudos cafés (on a pas ici la même conception du café - endroit de rencontre comme en Occident), on a tendance à facturer d'après la tête du client. En tant qu'étranger, attendez vous à ce que les factures soient quadruplées voire même plus. Et d'un jour à l'autre, les prix changent on ne sait pas pourquoi. Certainement une maladie infantile qui touchent tous les pays fermés pendant longtemps et qui s'ouvrent aux visiteurs étrangers.

Et bien mes chers, après ces quelques considérations socio-culinaire-touristicos, je crois qu'il est temps pour moi d'aller faire dodo car la nuit est bien avancée ici à Samarcande. Donc comme j'ai dit plus haut, le 29 je vais descendre sur Tachkent et le 30 j'ai l'avion pour Pékin. Alors vous aurez des news d'ici là d'acc. ? A tantôt, vous embrasse bien fort.

JPB

Thursday, May 26, 2011

Sur la route de l'Orient 4 (Boukhara)

Il est 9h45, le petit déjeuner est expédié, nos sacs sont bouclés mais Turgut, le chauffeur recommandé par Omar, le jeune et serviable patron de Lali Opa notre guesthouse à Khiva, n'est toujours pas là. L'occasion pour Gilli et moi d'entamer une conversation intéressante avec Kimiko, une vielle dame japonaise toute menue dans sa tenue de treker. Elle est venue pour attendre son chauffeur à elle, qui devrait l'emmener en excursion dans la région d'Ayaz Kala pour voir des ruines de forteresses dans le désert du Khozerm ainsi que le lac Ayaz Koul. Scientifique de profession à la retraite, dame Kimiko voyage seule, c'est d'autant plus rare pour une japonaise qu'elle est âgée et ce n'est pas évidente pour une telle personne dans un pays comme l'Ouzbékistan qui est encore à l'aube du tourisme.

Comme quoi, nous nous disions Gilli et moi, que nous avons encore de la marge en la matière. Il est vrai que dans ces Guesthouses prisées des voyageurs indépendants, nous rencontrons souvent des phénomènes comme ça. Des personnages extraordinaires, comme Kimiko, comme Horst, notre fameux allemand dont je vous ai parlé dans le billet précédent. En tout cas, les tuyaux que m'avait refilé l'ami Horst se sont toujours révélés précieux, on peut s'y fier les yeux fermés.
Les adresses des Guesthouses qu'il m'a données et que je fais profiter à Gilli et sa femme Tali, les moyens de transport les plus adéquats pour tels ou tels endroits etc... Tout s'est toujours passé conformément à nos attentes.

Enfin Turgut notre chauffeur est là, et c'est parti pour un long trajet de presque 8 heures à travers une zone arride et sous un soleil de plomb. Il fait une chaleur de fou dans la voiture malgré les fenêtres ouvertes car la clim est tombé en panne après quelques kilomètres. Nous avons partagé les frais d'une voiture privée et c'est le meilleur choix car en bus, on mettrait le double pour arriver à Boukhara notre destination. Sans compter que l'état de la route est déplorable, sur de longues portions, il n'y a même plus d'asphalte.

C'est couvert de poussière que nous avons enfin atteint Boukhara, en fin d'après-midi, une autre merveille de ces fameuses villes de la "Silk Road". Direction Sarafon B&B, une autre adresse conseillée par Horst. Encore un endroit formidable exploité en famille comme souvent les B&B ouzbeks. Nos chambres sont déjà prêtes car Omar les a averti de notre arrivée. Thé et gâteaux de bienvenue, et si on veut, on peut prendre le dîner pour un prix modique et c'est souvent excellent car il s'agit d'une cuisine familiale typique préparée par la patronne du Guesthouse. C'est là que l'on peut manger des plats traditionnels ouzbeks introuvables dans les restos en ville. Depuis Khiva, comme Gilli et Tali ont le même itinéraire et dans les même laps de temps que moi, nous voyageons ensemble et la journée, chacun fait ce qu'il a à faire et on se retrouve le soir pour partager ensemble un bon repas typique. Des compagnons agréables et pleins d'esprit cet ingénieur forestier et sa femme enseignante. Ayant pu obtenir un congé sans solde, ils se sont lancé dans un trip de 7 mois en commençant précisément par l'Ouzbékistan et pensent le finir en Inde, après le Kirghistan, la Chine, La Nouvelle-Zélande etc... Cela me rend presque jaloux !

And now, what's about Boukhara ? Je crois que je ne vais pas me lancer dans l'historique de cette merveilleuse ville car pour celà, vous avez d'excellents sites sur le Net (Wikipédia et autres), je me bornerai ici à vous dire simplement que sa réputation n'est pas usurpée. Il est écrit que "Visiteurs, écrivains, historiens, tous sont d'accord: Boukhara la sainte, Boukhara la noble, le Dôme de l'islam, le pillier de la religion, la Beauté de l'esprit, la plus secrète des cités caravanières, la mieux préservée des villes figées d'Orient, Boukhara est la cité la plus intéressante du monde".

Je ne suis pas loin d'être d'accord avec ça, pas loin seulement car n'ayant pas encore vu Samarcande mais je peux vous dire que la vue de cette ville (sa partie ancienne bien sûr - où sont concentrés toutes ces monuments chargés d'histoire) provoque en moi les mêmes sentiments qu'à Khiva: une joie intense mêlée d'excitations grandissantes.
Il suffit de s'asseoir devant ces petites merveilles, fermer les yeux et laisser l'imagination faire son travail: On est au 13e siècle, des bruits parvenant du Bazaar, toujours bruissant de vie, lieu du commerce, des échanges et aussi d'exécutions. Voici les madrassas hébergeant des étudiants en religion psalmodiant leur texte, les mosquées où vont prier les fidèles, ses minarets où le chant des muezzins résonnent dans toute la ville et qui servent aussi de phares aux caravanes de chameaux dans le désert. Mais aussi pour d'autres tâches plus profanes comme la mise à mort des criminels qu'on enferme dans un sac avant de balancer du haut de la tour !

Bref, sans jeux de mots, on sent le poids de l'histoire qui nous tombe dessus et toutes ces beautés architecturales qui nous entourent, c'est vraiment too much !
Hier soir, Gilli fêtait ses 55 ans, Korma et Abdul son fils, les patrons du Guesthouse ont tenu à nous faire plaisir en nous offrant du vin (denrée rare ici) et de la vodka pour notre souper. Une soirée mémorable dans le patio de l'auberge au clair de lune en compagnie de toute leur famille. A magic Boukharian night !

Mais voilà, tout a une fin, notre séjour à Boukhara arrive à son terme, ce matin, nous avons dit au revoir à regret à la famille de Korma et tout le monde s'engrouffe dans la voiture de sa soeur, direction la gare pour prendre le train pour Samarcande, la dernière étape de notre route de la soie à nous: Gilli, Tali et moi.

Encore une autre ville de tous les superlatifs et vous aurez les échos dans le prochain billet doux mes chers lecteurs adorés. D'ici là, je vous embrasse bien fort et vous dis à tout bientôt.
JPB

Sunday, May 22, 2011

Sur la route de l'Orient 3 (Tachkent - Khiva)

Il est 20h25, le vol CZ6027 de la China Southern Airlines en provenance de Pékin, vient de se poser sur la piste de l'aéroport Yuzhny de Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan, une ancienne République de l'Union soviétique. Ce jeune pays, indépendant depuis le 31 août 1991 de manière presque contrainte suite à l'effondrement des putschistes dans leur tentative de renverser Gorbatchev (vous souvenez vous encore de l'image de Boris Eltsine, prenant la défense de Gorby, debout sur un char, haranguant la foule face à l'armée russe ?). A cette époque là, les 90 % de l'Asie centrale s'était prononcé pour le maintien de l'Union. Face à cette nouvelle donne, une sorte de cadeau empoisonné, le jeune pays a du faire face, et tout est à faire ou à refaire !

Passées les premières années difficiles, le pays commence à surmonter la pente, en s'appuyant sur la culture du coton (déjà cultivé à l'époque et de manière intensive pour le profit du grand frère russe), mais cette plante, qui a besoin d'être énormément arrosée et ce qui fait que les volumes d'eau détournée des fleuves pour les irrigations ont eu pour conséquence l'assèchement de la mer d'Aral ! Et aussi sur l'extraction de l'or, dont l'Oubékistant est respectivement, le sixième et le neuvième mondial. Mais surtout, les autorités Ouzbekes ont bien compris le rôle que pourraient jouer dans l'économie du pays les trésors historiques et architecturaux que sont les fameuses villes de la Route de la Soie. Ces villes qui ont fait rêver des générations entières de voyageurs et qui ont pour noms: Khiva, Boukhara et the last but not least Samarcande.

Pour booster le tourisme qui prend toujours plus d'ampleur et rapporte pas mal de devises dont le pays a besoin, les autorités ont assoupli les formalités de visa, les voyageurs individuels sont les bienvenus et les initiatives privées dans l'hôtellerie sont fortement encouragées.

Voilà la fin de cette petite introduction vous explique le pourquoi de ma présence ici dans ce pays dont c'est un peu la préhistoire du tourisme. L'Ouzbékistan me rappelle un peu le Vietnam du début des années 90 où toutes les infrastructures sont à créer, surtout les transports publics et les routes. Et aussi beaucoup de bureaucratie héritée de l'époque soviétique qu'il faut simplifier en plus d'une inflation à juguler. Il y a aussi le problème des banques, dans tout le pays, on ne trouve nulle part un ATM, pour les voyageurs ayant peu de cash comme moi, il faut aller à la banque d'état pour pouvoir retier des dollars avec sa carte de crédit. Figurez vous qu'en changeant 200 USD pour payer mes nuits d'hôtel, il faut presque un cornet Migros pour contenir toutes les billets de 1000 Soums ouzbeks qui me sont remises. Comme le plus gros billet est de 1000, on a des liasses pour l'équivalence de 200 dollars. Inutile de penser les mettre dans les poches. Et tout se passe au "black market" comme ils disent ici, les changes se font au Bazar et on gagne presque le double par rapport aux taux officiels.

En ce qui concerne les hébergements, on trouve de plus en plus des B&B tout-à-fait corrects à coté des établissements d'état, héritiers de l'Union Soviétique, chers mais les prestations fournies ne sont pas à la hauteur de leur prétention. Mais gare aux touristes qui égarents les papiers d'enregistrement remis par l'hôtel car à la sortie, ils auront des ennuis. Dans les coins un peu reculés du pays, on trouve des hébergements, mais les "registrations" font défaut, ou sont l'objet d'enchère de la part des responsables. Du coup, cela peut coûter plus chers que le prix de la chambre. Heureusement que ceci n'existe pas dans les villes ou sites touristiques inportants.

Après les formalités d'une monstrueuse longeur, il est déjà 22 heures passée. Plus de bus, ni de "malouchkas", ces mini-bus bien pratiques et bons marchés pour les courts trajets en ville. Les voyageurs étaient à la merci des taxis requins qui n'hésitent pas à demander 15 USD pour le trajet jusqu'à l'hôtel. Une petite fortune pour ce pays. Et il tenaient mordicus à leur os. Bon, fouette cocher, direction Gulnara Guesthouse, un B&B sympa dans le quartier de Chorsu, le vieux Tachkent. Un endroit bien agréable.

Je suis resté 2 jours et demi à Tachkent, capitale et fière de son histoire bimillénaire de carrefour des anciennes routes caravanières mais hélas, il ne subsiste plus grande chose de cette oasis située sur la Route de la Soie. C'est maintenant une ville moderne de plus de 2 millions d'habitants, la quatrième en importance des pays de la CEI, après Moscou, Saint-Pétersbourg et Kiev. Une grande ville assez banale, pas forcément laide avec ses grandes avenues bordées d'arbres et d'immenses places publiques ombragées, surtout la place de l'Indépendance (Moustakillik Maidoni), la plus grande de toutes les places de l'ancienne Union Soviétique. Pour les quelques reliques d'époque, il faut sortir de la ville (assez loin) et prévoir de bonnes chaussures car point de bus ou autres qui y vont. Seulement les taxis, toujours promptes à multiplier les prix.

En dehors des taximen, les Ouzbeks les plus désagréables sont les flics. Une bande d'enfoirés qui multiplie les chicanes à l'égard des voyageurs individuels. Surtout ceux qui sont postés aux entrées des bouches de métro. Sous prétexte de contrôler l'identité des voyageurs (pas les groupes - seulement les routards solitaires), ils essaient de soutirer quelques dollars aux gens facilement impressionables. Le premier matin, en prenant mon premier métro a Chorsu pour aller au centre ville, juste après la caisse, 3 flics m'entourent et me demande mon passeport(surtout il ne faut pas le leur donner), il est à l'hôtel, répondais je (d'habitude j'ai tjs les photocopies de mes pages de passeport et, surtout de visa - mais en changeant de pantalon, je ne les avais pas sur moi). Venez ici, il me font signe car aucun ne parle une autre langue que l'ouzbek ou le russe. Dans leur cagibi à côté de la caisse du métro, qui sent la pisse et leur odeur corporelle qui chlingue, on est parti pour une partie de poker-menteur. Nom, nationalité etc ..., du moins c'est ce que j'ai compris. Je leur ai dit de téléphoner à l'hôtel Gulnara, juste à deux pas de là, mais je crois qu'ils n'ont fait que semblant d'appeler, et toujours les questions en Russe (une des deux langues officielles du pays, avec l'ouzbek qui ressemble beaucoup au turc) . Gardant mon calme, j'ai dis ce que j'ai à dire, et surtout je me disais à moi même: "Bande de cons, vous n'aurez pas un cent, même si je dois rester un bon moment ici". Finalement de guerre lasse, après env. 40 min., ils m'ont fait écrire sur leur cahier de flic le mot: "No problem" avec ma signature et me serrant la main en mettant la leur sur le coeur. Ces hypocrites de ripoux ! Ensuite, pas mal d'autres fois, j'étais contrôlé par d'autres, à d'autres endroits, et en montrant les photocopies, ils ne m'ont plus emm...

Et comme le métro est le moyen le plus pratique pour se déplacer dans Tachkent, on ne peut pas échapper à leur cirque de ripoux. Dommage car le métro de Tachkent est presque aussi beau que celui de Moscou, et aussi un des plus anciens des anciennes Républiques des Soviets. Mais comme celui du grand frère russe, il est hélas interdit de les photographier.

A part les flics et autres taximen, les gens sont assez amicaux, et pas austères du tout pour un pays musulman. Aucun problème pour l'alcool, très peu de femmes portant le foulard islamique. Et tolérants pour d'autres religions. Il y a ici une minorité de juifs qui vivent tout-à-fait en paix tout comme des chrétiens qui sont d'origine russe. A l'indépendance, beaucoup sont repartis en Russie, mais d'autres sont restés avec leur coutumes et leur religion orthodoxe et qui font partie prenante de la nouvelle nation Ouzbeke.

A Gulnara Guesthouse, où je suis descendu pendant ce séjour, gravite toute une galerie de voyageurs plus originaux les uns que les autres. A commencer par Xu, un taiwanais des plus sympathiques avec qui je fais de longues discussions jusque tard dans la nuit. N'ayant pas obtenu un mois de congé pour son voyage rêvé depuis longtemps, il n'a pas hésité à demissionner, cet ingénieur en énergie solaire. Et c'est aussi grâce à lui que j'ai pu avoir un adaptateur pour mon ordi. Merci mon cher Xu, you make me a very happy man ! Et Horst, un personnage légendaire, qui à 69 ans, n'a passé qu'une trentaine d'année chez lui en Allemagne. Des enfants au Brésil, en Asie, en Afrique. Il peut te donner des tuyaux sur n'importe quel pays, ayant été dans des endroits de fous et fait des choses complètement crazy ! Ou encore Kate et Kirstin, 2 Canadiennes qui arrivent en droite ligne depuis Istambul jusqu'en Ouzbékistan sur leurs vélos. Voire Gilli et Tali, deux Israéliens qui prennent un congé de 7 mois pour leur trip. Bref, une superbe équipe de "real travellers" hyper-intéressante.

Depuis hier, après un court vol d'une heure et demie, je suis arrivé a Ourgentch, 1050 km de la capitale. Et de là, avec Gilli et Tali déjà rencontrés à l'hôtel Gulnara, nous avons partagé un taxi pour aller directement à Khiva, la plus intacte et la plus reculée des villes qui parsèment la Route de la Soie.
Cette ville qui comporte une partie moderne n'ayant pas grande chose de beau à voir. Par contre dans son centre historique, trône une petite merveiile en la citadelle d'Itchan Kala. Une fortification crénélée ceinte de remparts de pisé et considérée comme l'ensemble architectural le plus homogène du monde islamique (certains endroits sont encore à l'état original du Ve siècle - d'autres ont été restaurés par les Soviets et qui servaient à d'autres usages en ce temps là) et ce qui fait la particularité de cette fortification aussi est que 2000 des 40000 habitants de Khiva vivent à l'intérieur de l'enceinte. Du coup, tout n'est pas figé, et la vie se fait sentir jusque tard le soir. Et du coup, l'entrée n'est pas payante, sauf pour 2, 3 musées. On peut se promener des heures dans cette citadelle et sentir la présence de l'histoire partout autour. Des medersas, des mosquées, des minarets, des résidences de plusieurs Khan (chefs) successifs, des palais des milles et une nuits, il y en a tellement à voir et à photographier qu'il sera trop fastidieux de tous les énumérer ici. Vous verrez sur les photos mes chers.

A part ça, comme j'ai dit plus haut, il n'y pas grande chose d'autre à voir à Khiva. Pour quelques ruines et autres, il faut aller plus loin en recourant aux services des agences, chers et pas terribles comparés à Itchan Kala.
Demain, toujours avec Talie et Gili, nous allons quitter Khiva pour Boukhara, un autre endroit des milles et une merveilles qui fera l'objet d'un autre article mes chers lecteurs adorés. D'ici là, je vous embrasse bien fort et vous dis à bientôt.

JPB

Wednesday, May 18, 2011

Sur la route de l'Orient 2 (Transiberien Moscou - Pekin)

Il commence a pleuvoir fort mais quand il faut y aller, il faut y aller ! Et le vieux de charger son gros sac sur le dos, sa besace en bandouliere et apres un au revoir a Bertrand, l'ancien commando de l'armee de l'air francaise et accessoirement patron de HM Moscow Packbacker, sort dans la rue et s'engouffre dans un metro a la station Arbatskaya en direction de l'arret Komsomolskaya qui debouche directement sur la gare d'Iaroslav d'ou partent les trains longue-distance vers Vladivostok, Oulan Bator ou Pekin.

Voila, apres deux jours a Moscou, il est venu pour moi le temps d'une autre aventure revee depuis longtemps et dans quelques instants est en passe de debuter reellement: Le Transiberien, ce train mythique qui fait fantasmer des generations entieres de voyageurs. Mais avant cela, il faut encore trouver des informations importantes concernant le voyage et le train lui-meme. Car la gare Iaroslav qui est pourtant une des plus importantes de Russie et point de depart pour les grands trains internationaux, n'a meme pas un kiosque d'information. Et le seul tableau lumineux ne transmet que des infos en Russe. Avec d'autres voyageurs de l'Ouest qui prennent le meme train que moi ou pour Vladivostok, nous harcelons, mais en vain, les employes de la gare ou les flics car personne ne parle un traitre mot d'Anglais ou autre langue que le Russe. Finalement, nous avons reussi a comprendre que les infos concernant tel ou tel train n'apparaissent sur le tableau que 20 minutes avant son depart. Et c'est la qu'il faut etre capable de transcrire ou de deviner les mots qui representent Moscou et Pekin.

Bon, tout s'est bien passe, le mien part du quai 5 et l'embarquement se fait env. une demie-heure avant son depart prevu a 21h45. Quelques achats de derniere minute au Mini Super Market de la gare et c'est enfin l'embarquement. Premiere surprise: au lieu d'un train russe (du moins pour le segment jusqu'a la frontiere mongole, comme c'etait le cas a l'epoque), c'est un train chinois. Et le personnel est tout compose de fils du ciel aux visages impassibles, a l'exception d'une commissaire russe qui jouera un role importante plus tard au cours du voyage comme vous le verrez. Et le wagon-restaurant est lui aussi russe avec un drole de personnage repondant au doux nom de Vladimir et son sourire edente qui ferait de longs voyages aller-retour entre les wagons pour essayer de nous fourguer son stock de bieres au prix fort.

Tuc, tuc, tuc.... le train s'ebranle pour un long trajet de 6 jours et il est temps maintenant de faire connaissance de mes compagnons de voyage. Je partage mon compartiment avec un jeune couple d'Australien fort sympathiques. Tania et Paul, deux trentenaires qui font un trip de 2 ans (oui 2 ans !). Ils ont commence par l'Afrique du Sud pendant la Coupe du monde de foot, d'autres pays africains, l'Europe dont plus d'un mois en Russie avant de s'embarquer dans ce train pour la Mongolie. A cote, nous avons pour voisins une famille mongole avec leurs deux adorables enfants pleins de vie, un garconnet (Arsea) et une filette (Sondrot). Plus loin, trois jeunes mongols dont deux freres Dashka et Tungut qui sont aux etudes a Moscou et un jeune boxeur Ourgun au nez ecrase caracteristique. Puis Svein et Harald, deux vieux Norvegiens retraites des chemins de fer de leur pays et qui sont emerveilles comme de grands enfants par ce beau voyage. Puis Ann, une delicieuse vieille dame anglaise qui parle un francais des plus academiques et qui a dans son compartiment un compagnon japonais (un gars super-organise et qui a tout: cafe, sucre, lait et bien d'autres choses). Dans le dernier "compart" il y a Sonia, une Americaine qui a tout largue: son job de graphiste a Los Angeles, son ami, sa maison ... pour entamer un long voyage de deux ans qui debute precisement par ce Transiberien, et un vieux monsieur mongol taciturne restant toujours en retrait.

Comme vous voyez, on n'etait pas nombreux pour toutes ces voitures aux compartiments de 4 couchettes. Tant mieux car nous pouvons ainsi avoir plus de place pour nos gros sacs et sutout pour les trucs invraisemblables que nos compagnons Mongols ramenent avec eux de Moscou.

Et la vie de commencer a s'organiser a bord. Six jours de voyage dans un train qui sera notre maison, ce n'est pas rien. Premiere constatation: les douches qui avaient dans chaque voiture sont supprimes et transformees en depots de materiels et autres. Cela veut dire qu'il va falloir se laver "a la chinoise" avec le petit lavabo qui a dans chaque cagibi d'une voiture et qui sert aussi de WC. Il faut faire avec ! Avec mes deux australiens, le courant passe fort bien. Paul est un sacre "boute-en-train" (c'est le cas de dire), une vrai pile qui ne s'arrete jamais. Il nous a meme organise un tournoi de bowling dans le couloir du wagon avec des petites bouteilles de shampoing et autres et une boule faite d'osier de sa fabrication ! On s'invite souvent les uns, les autres, une fois que les connaissances sont faites, pour un the, un cafe etc... Et de bons moments de conversations dans un bon esprit de voyageurs responsables. Le wagon-restaurant n'avait pas trop de succes car les prix sont assez chers. Nous nous contentons souvent de viande froide, pain toast, et les incontournables nouilles-instantanees. Dans chaque voiture, il y a toujours un gros samovar d'eau bouillie constamment maintenu par un feu de charbon. Dans chaque equipe de 2, 3 preposes a chaque voiture, un est devolu a cette tache si importante car sans ca, plus de nouilles, de the ou de cafe possible.

Apres un premier arret a Vladnir dans la banlieu de Moscou, ainsi que 3 autres au cours de la nuit, le lendemain, nous entrons dans l'Oural et la premiere ville d'importance sur notre route: Perm vers 17 heures de l'apres-midi avec un arret de 25 min. affiche sur le tableau de marche de notre wagon. Nous sommes descendus faire quelques pas et pour d'autres, l'occasion d'acheter encore quelques nourritures proposes par des vendeurs ambulants comme a chaque arret. Il est temps de remonter dans le wagon car les chinois commencent a s'agiter. Le train part, tout le monde est la sauf Tania et Paul. Panique a bord, et nous voyons revenir Tania depuis l'autre voiture mais seule. En tournant la tete, je vois avec stupeur Paul sur le quai qui fait de grands geste en notre direction et nous courant apres. Tout le monde hurle, demande aux Chinois de faire arreter le train mais ce n'etait plus possible. Tania etait completement effondree en larmes et nous faisons ce que nous pouvons pour la tranquiliser. S'ensuivaient toute la nuit de longues conciliabules entre la commissaire russe et le chef de train chinois et personne ne pige rien car ils ne parlent que le russe. Et quand la commissaire russe essaie de se montrer rassurante a Tania, celle-ci s'inquiete encore plus car elle ne sait tjs pas ce qu'il est advenu de son Paul seul quelque part dans un pays etranger sans argent, ni passeport et avec le froid qu'il fait encore en ce moment dans cette contree, il n'avait qu'un t'shirt, un bermuda et des tongs aux pieds ! Finalement, Anne et moi, nous avons parcouru toutes les voitures pour essayer de denicher une peronne qui parle a la fois le russe et aussi l'anglais pour servire d'interprete. La derniere voiture est en vue et on trouvait tjs personne. Et au dernier compartiment de cette derniere voiture, sans blague, le miracle a eu lieu en la personne d'une jeune fille mongole enceinte jusqu'aux yeux et qui maitrise les 2 langues. Ainsi nous avons appris que Paul a ete mis dans un train local et deja en route pour Sverdlovsk, le prochain arret de notre train. Et il arrivera vers 4 heures du matin. Le personnel de Sverdlovsk a ete prevenu du cas et Tania doit y descendre pour recuperer Paul et prendre le train du lendemain ensemble pour la Mongolie. Tout est bien qui finit bien. Par contre j'ai perdu deux joyeux et attachants compagnons, mais gagner tout le compartiment pour moi tout seul. Alors la, liberte totale la nuit, dormir dans la tenue que je veux, ronfler autant que je peux, et me lever a l'heure que je veux, ce n'est pas plus mal.

Depuis deux jours, nous sommes dans la Taiga, ces grandes forets de coniferes avec de magnifiques couchers du soleil, entrecoupee de temps a autre par des petits villages typiques aux isbas de bois. Le temps est encore bien frais dans l'Oural et nous nous rapprochons gentiment de la Siberie proprement dite. Ce qui fut fait avec l'arrivee a Novosibirsk deux jours apres notre depart. La temperature a encore chute mais dans notre petite communaute, le moral est au beau fixe car Tania a pu avertir Anne par SMS que ses retrouvailles avec Paul se sont bien passees. La vie de bord continue son bonhomme de chemin: lecture pour certains dans certains moments (j'ai pris avec moi les oeuvres choisies de Blaise Cendrars, un pave de 1372 pages au titres evocateurs de: "Partir" - et son celebre poeme de circonstance: "Le voyage en Transiberien et la Jeanne de France" ou encore "Bourlinguer") il y a la de quoi m'occuper un bon moment pendant les periodes creuses du voyage. Meditations pour d'autres, ou exercices physiques pour notre boxeur Ourgun. Ou encore des disscussions portant sur les voyages faits ou a faire. Il fait tjs une temperature plutot basse pour la saison et le paysage est tjs la taiga et les isbas des villages siberiens et que voila, nous arrivons a Irkutsk. La, certains passagers descendent pour la visite du lac Baikal tout proche. Et d'autres, montent dans le train et continuent sur Oulan Bator ou Pekin. C'est ainsi que nous avons accueilli deux jeunes suisses allemands: Reto et Luciano. Ils ont ete a Irkutsk pour le Baikal et poussent maintenant sur Pekin. De sympa gaillards et grace a Luciano et a son adaptateur 3 branches, j'ai pu charger au moins une fois mon ordi. Cela rend bien service. A part ca, toujours la taiga et cette satanee heure de Moscou imposee a ces regions qui traversent 7 fuseaux horaires selon mon compagnon japonais.

Ce qui fait que du coup, on est completement a l'ouest car c'est completement artificiel. Il est cense etre 1 heure du matin et il fait clair comme en plein jour par ex. Un beau matin, on se reveille et le paysage change. On est entre dans les steppes d'Oulan Oude le dernier espace russe avant la frontiere mongole. Et enfin le train entre dans Naushki le poste frontalier avec la Mongolie. Trois heures et quelque d'arret et l'occasion de changer les derniers roubles pour la monnaie momgole. Controle minutieux des douaniers russes et juste avant le depart, 3 douaniers sont venus dans mon compartiment. Apres m'avoir prie gentiment de sortir, ils ont commence a demonter le plafond. Je peux vous dire que je fais une drole de gueule car si par malheur, quelqu'un a planque une m.... la dedans, j'aurai surement plein d'ennuis. Et bien, il n'y avait rien et c'etait plutot pour un probleme electrique qu'ils ont voulu voir ! OUF !

Nous entrons maintenant en Mongolie, toujours la steppe et au loin de belles montagnes apparaissant dans le petit matin et voila Oulan Bator. Destination finale pour nos compagnons mongols, heureux d'arriver chez eux. Et aussi pour Anne qui s'y arrete pour 4 jours avant de passer en Chine. Emouvants au-revoirs, echanges d'Email etc... et nous repartons en direction d'Erlian la premiere ville chinoise ou nous arrivons vers 21 heures. Presque 4 heures d'arret sont necessaires ici car chaque wagon, un a un, est souleve pour etre pose sur d'autres rails chinois qui ont un ecartement plus grand que chez leurs voisins ruses et mongols. Encore une nuit, la derniere dans ce train et le lendemain c'est Pekin, la capitale chinoise ou nous arriverons a 14h04 heure chinoise. Precis comme indique sur le tableau de bord. Incroyable !

Nous nous sommes dis au revoir sur le quai. Nos norvegiens sont pris en charges par leur guide (un package qu'ils ont achete depuis la Norvege) Reto et Luciano prennent un taxi, tandis que Sonia et moi, nous nous engouffrons dans le metro car il se trouve qu'elle a aussi son hotel dans le meme quartier pres de Tian An Men que moi. D'ailleurs les 5 jours qu'elle passe a Pekin, comme nos hotels sont proches, il nous arrive souvent de boire une biere ensemble avant qu'elle ne parte sur Seoul.

Voila, je suis de nouveau a Pekin apres 2008, dans le meme "hutong" populaire et dans le meme hotel que j'avais a l'epoque. Je dois dire que les deux se sont vachement embourgeoises. Les rues du quartier sont maintenant dallees de marbre (certains etaient encore en terre en 2008) et plein de belles boutiques, restos, hotels etc... sont apparus. Mais on ressent encore son ame. J'espere que tout ceci ne va pas disparaitre. Quant a mon hostel, non seulement il a change de nom, mais aussi de personnel. La gentille Ma n'y est plus. Dommage ! Mais ils ont respecte le cachet unique de cet ancien repaire de courtisannes du vieux Pekin. Tant mieux ! Et apres 6 jours de train a travers la Siberie, on n'est pas mecontent d'etre ici dans un monde ou on peut se laver et manger correctement. Et pour manger, vous le savez bien. Le choix est immense ici.

Ainsi, j'ai profite de ces quelques jours ici pour faire un peu de tourisme traditionnel. Visiter les endroits qui n'ont pas pu etre visite lors de mon dernier sejour. Et pour compenser un peu ma frustration de rater une fois de plus le Tibet (de nouvelles lois sont decretees - le touriste individuel ne peut plus se rendre au Tibet - il faut etre dans un groupe avec package deja goupille depuis le pays de depart et a ces groupes, les autorites colleraient d'office un guide officiel etc..., etc...) je suis alle passer deux jours en altitude dans une ville qui s'appelle Chengde a 250 km env. de Pekin et qui a une particularite tres couru ici. Elle a, cette ville, un ensemble de temples lamaiques dont celui, magnifique erige au 17e par le roi Quing Long en honneur du Pancheng Lama de l'epoque. Et surtout, une replique du Potala, presque aussi grande que l'originale de Lhassa. Tres belle certe, mais qui rend encore plus grande ma frustration. Du coup, j'ai decide de passer plus tot en Ouzbekistan (je dois normalement y aller seulement le 20 Mai) afin de profiter un peu plus des beautes de ce pays.

Et ben voila, je suis arrive a Tashkent la capitale ouzbeke avant-hier par un vol de la China Southern Airlines. Une ville qui n'est pas trop mal pour une capitale d'une ancienne republique sovietique. Mais le voyageur vient ici surtout pour ses tresors architecturaux et historiques. Ces villes aux noms evocateurs de la "Silk Road" comme Khiva, Boukhara, et surtout Samarcand. Je me rejouis deja. J'ai pris un vol domestique pour Ouguentch, une ville situee a l'autre bout du pays pour ainsi revenir par sauts de puche a travers toutes ces sites avant de finir le dernier jour a Tashkent avant de rentrer sur Pekin.

Mais tout ceci, mes amis, sera l'objet du prochain billet doux. D'ici la, je vous dis a tout bientot et vous embrasse bien fort.

JPB

Monday, May 02, 2011

Sur la route de l'Orient 1 (Moscou)

Dobrij vetcher tovaritch, tout le monde va bien ? Physiquement mieux que moi certainement, car la decouverte de Moscou a pied est assez ereintant je ne vous dis pas.

Voila, j'ai debarque dans la ville d'Ivan le Terrible hier apres un voyage bien longuet, surtout apres une soiree bien sympa mais ou je n'avais pas finalement beaucoup de sommeil (personne n'est incrimine ici car je le voulais bien :). Et stressant aussi car l'avion pour Zuerich est parti avec du retard, du coup la-bas, j'ai du courir comme un derate pour ne pas manquer celui de Moscou. Le zinc etait a moitie vide et la majorite des voyageurs sont des nouveaux riches russes venus faire des emplettes en Suisse, arrogants et meprisants comme pas possible envers le personnel de bord. L'avion s'est pose en fin de journee a Domodedovo, un des deux aerports internationaux de Moscou et c'est aussi celui qui etait la cible d'une attaque terroriste il y a quelque temps de cela.

Des policiers armes jusqu'aux dents partout, et les controles sont fortement accrus et bien tatillons. Une fois sorti des fouilles en passant la douane, il faut encore se taper un long couloir jusqu'a la station d'Aeroexpress pour Moscou centre. Enfin pas tout-a-fait car il nous depose a une station de metro a 4, 5 arrets du centre. La, on est plonge dans une espece de labyrinthe qui semble a premiere vue inextricable. De longs couloirs bien enfouis sous terre (c'est parait-il le metro le plus profond du monde ! ) Et tout est en cyrillique ! Apres un petit moment de tatonnement, j'ai enfin reussi a prendre la bonne ligne pour Arbatskaya ou j'ai un lit reserve dans dortoir a 6 gueulus a HM Hostel, apres un changement a Kievsky (poetiques ces noms n'est ce pas ?).

Sorti du metro, il faut encore trouver le bon chemin parmi toutes ces rues aux noms completement exotiques pour le voyageur de l'Ouest. Avec l'aide d'un gentil vieux monsieur qui n'a pas hesite a appeler l'Hostel avec son mobile phone, je suis arrive enfin devant la porte de HM Hostel, un backpacker comme il y a tant d'autres. Passe la porte d'entree, une bonne odeur de panards vous saute a la figure car dans ces auberges pour voyageurs au petit budget, on nous demande souvent de dechausser et de laisser les chaussures vers l'entree. A l'interieur, ceux qui n'ont pas de sandales baguenaudent en chaussettes ou a pieds nus. Autant vous dire qu'il flotte tous les jours dans l'hostel un bon effluve de vieux fromage. A part ca, c'est sympa ce genre d'auberge car dans une ville comme Moscou, les chambres d'hotel sont hors de prix. C'est une des villes les plus cheres du monde. Etonnant mais vrai ! Et le mien est en plein centre ville dans l'Arbat, un quartier boheme a deux pas du Kremlin.

Quant a la temperature, j'ai de la chance car il neigeait la semaine precedente mon arrivee. Il fait plus frais que chez nous car on est deja bien plus a l'est mais il fait un bon soleil de printemps qui rend la ville encore plus sympa a visiter.

Premiere soir apres un tres bon repas dans un resto ajerbaijanais, je suis alle faire un tour a la magnifique Place Rouge accolee au Kremlin le centre du pouvoir russe. Devant moi, marchait non pas Nathalie, mais une foule bigarree de russes et de touristes emerveilles devant tant de splendeur. Voici la cathedrale Basile le Bienheureux avec son festival de bulbes polychrome le plus enblematique de Russie, a cote c'est le mausolee d'Ivan Illitch et en face du Kremlin dont les remparts courent le long de la Place Rouge, on a le fameux Goum, l'une des galeries marchandes les plus celebres du monde. Un peu plus loin, la Cathedrale de Kazan, edifiee en 1634 par le tsar. Que des splendeurs mes amis ! On ressent face a ca, une emotion indescriptible. Et le soir, je peux vous dire qu'elle est encore plus belle a visiter que la journee.

Le lendemain, c'est l'exploration de Moscou a pieds, et parfois en metro dont les stations sont de veritables galeries d'art. Dommage qu'on ne peut pas tellement faire des photos a l'interieur de ces stations car les russes souffrent encore a mon avis d'espionnite. Et les recents attentats islamiques a Moscou n'arrangent rien ! Tverskaya, Kitai Gorod le plus vieux quartier de la ville, le vieux Arbat boheme ou se trouve l'unique rue pietonniere moscovite. Balade le long de la Moscova qui serpente paresseusement autour de la ville. Sans compter une multitude de musees interessants. Bref, il y a de quoi faire ici mais il faudrait un peu plus de temps.

Ce matin, leve des poltron minet car je dois aller chercher mon billet de train a Pospekt Mira un peu plus loin du centre. Et comme je ne le prend que ce soir vers 21.30, j'ai mis a profit la journee a visiter le monastere de Novodievitch, ainsi que le magnifique cimetiere attenant ou sont enterres pas mal de celebrites russes, du monde des arts comme le clown Nikouline, des ecrivains comme Boulgakov, Gogol, Tchekov ..., cineaste comme S. Eisenstein, ou de la politique comme Kroutchev et Gromyko, ou encore des capitaines d'industrie comme Tupolev l'aviateur. Un bon moment en effet. Et le monastere est magnifique, on dit que s'il n'y en a qu'un a voir ici, c'est celui-la !

Voila mes chers, suis entrain de taper ces lignes a l'hostel en attendant l'heure d'aller a la gare d'Iaroslav pour ce fameux Transiberien. Mais avant il va falloir que je mange une morce car il ne faut pas trop compter sur le wagon-resto du Transib. et aussi mettre a profit ce petit temps qui reste avant l'embarquement pour prendre quelques provisions pour le voyage. Alors je vais vous planter ici mes chers tovaritchs et je vous dis au prochain billet doux. Vous embrasse bien fort !

J. Piotr Burnatov























































































































































































je n'avais pas beaucoup finalement de sommeil. Stressant aussi car l-avion pour Zuerich est parti avec du retard et, du coup,