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Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Thursday, November 21, 2013

La route Birmane 4 (Mawlamyine - Mindon)

D'abord " Stranger in the night" de The Voice chanté en birman, ensuite du Richard Anthony: "Et j'entends siffler le train" en version instrumentale, et maintenant la Lambada à la sauce birmane. Décidément, même sous ces latitudes on n'est pas trop dépaysé musicalement. C'est assez drôle en effet. J'étais entrain d'avaler une assiette de "fried noodles" dans la petite gargote de la gare routière de Rangoon en attendant mon bus pour Mawlamyine lorsque j'ai entendu tous ces airs qui m'ont mis de bonne humeur. Pour un peu, j'esquisserais bien un petit pas de danse avec la serveuse, tellement je me sens guilleret. C'est peut-être la perspective de la découverte d'une nouvelle et réputée belle ville qui me fait ça. La suite contribue encore plus à me faire penser que le trajet est placé sous de bons augures car en regardant par la fenêtre, je voyais un jeune birman déposer délicatement un petit moineau sur une branche d'arbre et s'en alla. Sur le moment, l'oiseau avait l'air mal en point. Il ne bougeait que la tête et à peine. Pauvre créature, me disait je ! C'est triste ! Mais voilà que la ch´tite bête parvient à se redresser sur ses pattes, et au bout de quelques minutes, réussit à prendre son envol. Cela m'a rempli de joie, plein d'allant pour partir sur la route. Enfin c'est le moment d'embarquer dans le bus de la compagnie Mandalar Myin pour un voyage de 6 heures env. s'il n'y a pas trop de trafic. Car les routes birmanes sont souvent encombrées de véhicules hétéroclites et la circulation est plus que chaotique, sans parler de leur état. À certains endroits, ce ne sont pas des nids de poules mais carrément d'éléphants ! J'espère que le bus tient son horaire et n'arrive pas trop tard, car les bus du matin étaient complets, et j'ai du prendre celui qui part à midi, c'est un peu embêtant, mais c'est comme ça ! Pour une telle destination qui a beaucoup de demandes, car les gens du pays se déplacent énormément, il n'y a que 4 courses par jour. Incompréhensif, mais il ne faut pas chercher à comprendre ! Les passagers du car sont tous birmans, je suis le seul étranger du lot, et cela me plait assez. Assis à côté de moi, U Hrong, c'est son nom, un ingénieur électricien qui voyage pour son travail et parlant assez bien l'anglais. Vous pensez bien qu'on n'a pas tardé à s'engager la conversation. Les échanges étaient super intéressants, U Hrong me dit qu'il fond beaucoup d'espoir sur l'ouverture du pays et espère que cela fera avancer la cause de la démocratie en Birmanie qui souffre de plus de quarante ans de dictature ininterrompue. Il souhaite aussi que le gouvernement parvient à faire une paix durable avec toutes les minorités et arrivent enfin à sortir le pays de la pauvreté. Car il ne faut pas oublier que ce pays reste parmi les plus pauvres du monde. J'ai lu que la Birmanie est classée à la 149e place sur 187 dans l'indice de développement humain ! Et que 90 % des Birmans vivent avec moins de 1 Frs par jour ! Malgré les ouvertures, beaucoup de réformes ne sont encore que des mesures cosmétiques et il reste encore énormément à faire dans le pays. Une anecdote assez symptomatique de la chose est quand U Hrong me parle doucement à l'oreille qu'il est un membre du NLD (National League of Democracy) que préside la dame de Rangoon: Aung San Suu Kyi. C'est qu'il ne veut pas que les autres puissent entendre car on ne sait jamais. Derrière toutes ces pseudos concessions à l'opposition, le régime tient le pays encore d'une main de fer. Et gare à celui qui s'y prend de façon trop téméraire. Les droits de l'homme sont encore pour l'instant, une vue de l'esprit dans la Birmanie actuelle. Sur ce, l'aide-chauffeur passe et nous donne à chacun un bout de papier. Tout est en birman et mon compagnon de voyage me dit que j'ai de la chance, et lui aussi car c'est un bon pour un repas gratuit au relais routier où la compagnie a ses habitudes. C'est qu'il y a toujours un arrêt prévu à chaque long trajet pour que les passager puissent se sustenter. U Hrong me dit que c'est la première fois qu'il voit ça aussi, et que c'est mon "lucky day", c'est du peut-être au full moon day lie à une fête bouddhiste selon lui, car le long de la route nous voyions plein de processions religieuses et tous les villages traversés étaient pleins d'animations. C'est bien ce que j'ai ressenti à propos de ce déplacement comme je vous ai dit plus haut. De bons présages je le sentais :) Un peu avant Mawlamyine, U Hrong me quitte, il descend à un bled à une trentaine de km avant pour installer la partie d'électricité d'une grande usine. C'était un compagnon agréable et plein de prévenance. La gentillesse et l'hospitalité toute crachée des gens de ce pays. Magnifique ! Finalement je suis arrivé à 19h du soir, il fait déjà nuit noire. C'est que la nuit tombe vite sous les tropiques. Déjà vers 17h45 env. ! Bon, un petit café puis une moto-taxi en direction du centre ville, au Breeze Guesthouse, un endroit bien connu des routards à Mawlamyine. Ne restaient plus que les chambres à 7 dollars avec sanitaires à l'extérieur. Tant pis, malgré le côté sordide de la piaule (une chambre de 3 m sur 2 sans fenêtre, avec juste un lit et un ventilo) je suis un peu las pour arpenter les rues à la recherche d'une chambre un peu mieux. Le temps de faire les formalités, et de poser les affaires, se doucher etc ... Il y a des chances que tous les restos ferment déjà leur porte. Tout s'arrête vers 21h ici, dans la 5e ville par ordre d'importance du pays ! Le lendemain, les chambres de classe supérieure n'étant pas libérées, j'ai pris mon attirail et 200 m plus loin, eurêka, une Guesthouse pimpante aux chambres impeccables avec tout le confort digne d'un 3 étoiles pour 15 USD la nuit. Et c'est vraiment un très bon prix pour ici. La classe ! Et Mawlamyine dans tout ça ? Et bien cette cité a tout l'air d'une belle au bois dormant. Adossée au fleuve Salouen (Than Lwyn en Birman), longtemps considérée comme la Perle de l'Orient, elle est tombée peu à peu dans une espèce de léthargie. Des années d'isolement et d'appauvrissement ont fait d'elle une sorte de ville oubliée qui vivait sur sa splendeur passée. L'endroit a été souvent magnifié par des voyageurs célèbres comme Maugham, ou encore Kipling, voire Kessel. Le grand George Orwell lui même, était policier en Birmanie et affecté à Mandalay, mais aussi à Moulmein (l'ancien nom de Mawlamyine). A l'heure actuelle, elle oscille encore entre hier et aujourd'hui et offre aux visiteurs une sorte de remontée dans le temps. Une étrange atmosphère en effet ! D'ailleurs des vestiges coloniaux pullulent à Mawlamyine. Il y a encore des rues qui portent encore leurs noms anglais comme par ex.: Upper Main Street, ou Lower Main Street, voire Mangin Str. et sur Upper Main Street, sont alignées toute une série d'églises dont la plus ancienne a été construite en 1829 ! Et de magnifiques demeures coloniales un peu partout, mais qui sont hélas, dans un plus que triste état. Il y a beaucoup à voir dans cette ville, avec dans l'ordre, La colline des Pagodes qui domine la vile de toute sa hauteur et des pagodes de toute beauté. L'une d'entre elle (Kyaikthanlan) offre une vue splendide sur la cité à l'heure du coucher du soleil, et il y avait une anecdote assez sympa à son sujet concernant R. Kipling auteur du fameux "If". On dit que c'est sur les marches de cette pagode qu'il voyait une jeune et belle birmane dont il tombait aussitôt amoureux, au point d'en être tourmenté pendant tout le reste de son voyage et de gommer de sa mémoire le souvenir de la pagode elle-même. Il écrira plus tard: "Devant la vieille pagode de Moulmein qui regarde paresseusement la mer (il voulait peut-être dire le fleuve ?)... Une Birmane se tient assise, et je sais qu'elle pense à moi". Romantique n'est ce pas ? Et il y a aussi des îles dont la fameuse "Île du lavage des cheveux" ou Shampoo Island. Ce nom remonte au XIVe siècle ou les souverains du pays prenaient l'habitude de venir exclusivement sur cet îlot pour la cérémonie du lavage de la chevelure royale. Maintenant, cet îlot d'a peine 200 m de long est un lieu de méditation et de prière. Elle contient, malgré sa petitesse, 70 stupas et un nombre incroyable de statues dédiées à des divinités bouddhistes mais également ouverte aux autres croyances car on y voit aussi un temple chinois et un temple hindou. Paraît qu'à Noël, les bonzes allument des cierges et prient aussi pour les chrétiens. Bel exemple de tolérance non ? Quant à l'autre île, plus grand (30 km de long et une vingtaine de large), Bilu Gyun est un village d'artisans et les habitants vivent aussi des plantations d'hévéas. Dans le centre ville, on y trouve un marche coloré et odorante (surtout), des mosquées et beaucoup de vielles maisons coloniales qui mériteraient une rénovation car elles sont quasiment en ruine et menaçant de s'écrouler à tout moment. Dommage ! Mais le truc le plus fou à voir se trouve vers Mindon, a une trentaine de km de Mawlamyine. Entre ces deux villes, sur un versant des montagnes, on trouve le plus grand bouddha couché du monde. Comme c'est aléatoire d'y aller en transport public, il n'y en a pas tous les jours. J'ai troqué mon habituel moyen de transport individuel (le vélo) contre une petite moto pour m'y rendre. Et c'est plutôt agréable, surtout que la distance est plutôt grande cette fois. Même en moto, cela fait une trotte ! A ce sujet, Le Routard disait dans son guide consacré au Myannmar que " s'il existe un exemple de mégalomanie religieuse en Birmanie, c'est bien ce projet" et il dit vrai car c'est quelque chose de monstrueux. Il fait presque 200 m de long, 34 de haut, répartis en 8 étages occupés par 182 pièces , des yeux de métal de 7 m de long. Une folie ! Et celui qui a lancé ce projet de fou n'est qu'un simple moine né en 1921, le vénérable Baddhanta Kesara dont on voit les statues et les effigies un peu partout sur le site. Tout ça parce qu'il a fait un rêve dans lequel une voix lui demande de faire une œuvre majestueuse à la gloire du Bouddha. Et il a mené tout ça avec des dons, uniquement des dons des fidèles. N'oublions pas qu'avec les Birmans, on a à faire à des gens peut-être les plus fervents religieusement sur cette terre ! C'était en tout cas une bonne visite et une superbe balade les cheveux au vent, une sensation de liberté bluffante ! De retour cet après-midi, j'ai profité de la bécane pour faire un grand tour dans les environs de Mawlamyine, un truc sympa à travers les belles campagnes de la région et vers 17h, cap sur la fameuse pagode chère à R. Kipling pour assister au coucher du soleil sur le Salouen et la ville en contre-bas. Un spectacle de toute beauté qui draine autant de touristes que de locaux. J'y ai rencontré une équipe de vietnamiennes en voyage religieux sous la conduite d'un moine américain d'origine Viêt avec lesquelles, j'ai pu converser longuement dans ma langue maternelle. Un super moment ! Là, je suis entrain de vous écrire dans ma chambre d'hôtel et il est presque 1 heure du mat. Ouih ! C'est que demain, de nouveau ma diane est de nouveau avancée, le réveil est réglé sur 6h. Je vais prendre un bus à 7h30 pour Kyaik-Hti-Oo (prononcé Tschiat-Hti-Ou) l'endroit ou se trouve le fameux Rocher d'Or, une des merveilles du monde birman et l'un des sites les plus sacrés du bouddhisme avec Shwedagon à Rangoon et le Mont Popa près de Bagan. Ensuite, ce sera le retour sur "Yangon" et la rentrée au bercail. Alors mes chers, je vais vous planter là, et vous dis au prochaine au prochain et dernier billet doux. Bon début de soirée chez vous et a tantôt. Vous embrasse bien fort. JPB P.S.: Je ne sais pas si c'est à cause de la tablette, j'ai beau faire des descentes de lignes, mais lorsque je clique sur "publier", le texte reste compacté et ne facilite pas la lecture. Désolé mais mystère et boule de gomme !

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