My Photo
Name:
Location: Vevey, Vaud, Switzerland

Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Thursday, May 26, 2011

Sur la route de l'Orient 4 (Boukhara)

Il est 9h45, le petit déjeuner est expédié, nos sacs sont bouclés mais Turgut, le chauffeur recommandé par Omar, le jeune et serviable patron de Lali Opa notre guesthouse à Khiva, n'est toujours pas là. L'occasion pour Gilli et moi d'entamer une conversation intéressante avec Kimiko, une vielle dame japonaise toute menue dans sa tenue de treker. Elle est venue pour attendre son chauffeur à elle, qui devrait l'emmener en excursion dans la région d'Ayaz Kala pour voir des ruines de forteresses dans le désert du Khozerm ainsi que le lac Ayaz Koul. Scientifique de profession à la retraite, dame Kimiko voyage seule, c'est d'autant plus rare pour une japonaise qu'elle est âgée et ce n'est pas évidente pour une telle personne dans un pays comme l'Ouzbékistan qui est encore à l'aube du tourisme.

Comme quoi, nous nous disions Gilli et moi, que nous avons encore de la marge en la matière. Il est vrai que dans ces Guesthouses prisées des voyageurs indépendants, nous rencontrons souvent des phénomènes comme ça. Des personnages extraordinaires, comme Kimiko, comme Horst, notre fameux allemand dont je vous ai parlé dans le billet précédent. En tout cas, les tuyaux que m'avait refilé l'ami Horst se sont toujours révélés précieux, on peut s'y fier les yeux fermés.
Les adresses des Guesthouses qu'il m'a données et que je fais profiter à Gilli et sa femme Tali, les moyens de transport les plus adéquats pour tels ou tels endroits etc... Tout s'est toujours passé conformément à nos attentes.

Enfin Turgut notre chauffeur est là, et c'est parti pour un long trajet de presque 8 heures à travers une zone arride et sous un soleil de plomb. Il fait une chaleur de fou dans la voiture malgré les fenêtres ouvertes car la clim est tombé en panne après quelques kilomètres. Nous avons partagé les frais d'une voiture privée et c'est le meilleur choix car en bus, on mettrait le double pour arriver à Boukhara notre destination. Sans compter que l'état de la route est déplorable, sur de longues portions, il n'y a même plus d'asphalte.

C'est couvert de poussière que nous avons enfin atteint Boukhara, en fin d'après-midi, une autre merveille de ces fameuses villes de la "Silk Road". Direction Sarafon B&B, une autre adresse conseillée par Horst. Encore un endroit formidable exploité en famille comme souvent les B&B ouzbeks. Nos chambres sont déjà prêtes car Omar les a averti de notre arrivée. Thé et gâteaux de bienvenue, et si on veut, on peut prendre le dîner pour un prix modique et c'est souvent excellent car il s'agit d'une cuisine familiale typique préparée par la patronne du Guesthouse. C'est là que l'on peut manger des plats traditionnels ouzbeks introuvables dans les restos en ville. Depuis Khiva, comme Gilli et Tali ont le même itinéraire et dans les même laps de temps que moi, nous voyageons ensemble et la journée, chacun fait ce qu'il a à faire et on se retrouve le soir pour partager ensemble un bon repas typique. Des compagnons agréables et pleins d'esprit cet ingénieur forestier et sa femme enseignante. Ayant pu obtenir un congé sans solde, ils se sont lancé dans un trip de 7 mois en commençant précisément par l'Ouzbékistan et pensent le finir en Inde, après le Kirghistan, la Chine, La Nouvelle-Zélande etc... Cela me rend presque jaloux !

And now, what's about Boukhara ? Je crois que je ne vais pas me lancer dans l'historique de cette merveilleuse ville car pour celà, vous avez d'excellents sites sur le Net (Wikipédia et autres), je me bornerai ici à vous dire simplement que sa réputation n'est pas usurpée. Il est écrit que "Visiteurs, écrivains, historiens, tous sont d'accord: Boukhara la sainte, Boukhara la noble, le Dôme de l'islam, le pillier de la religion, la Beauté de l'esprit, la plus secrète des cités caravanières, la mieux préservée des villes figées d'Orient, Boukhara est la cité la plus intéressante du monde".

Je ne suis pas loin d'être d'accord avec ça, pas loin seulement car n'ayant pas encore vu Samarcande mais je peux vous dire que la vue de cette ville (sa partie ancienne bien sûr - où sont concentrés toutes ces monuments chargés d'histoire) provoque en moi les mêmes sentiments qu'à Khiva: une joie intense mêlée d'excitations grandissantes.
Il suffit de s'asseoir devant ces petites merveilles, fermer les yeux et laisser l'imagination faire son travail: On est au 13e siècle, des bruits parvenant du Bazaar, toujours bruissant de vie, lieu du commerce, des échanges et aussi d'exécutions. Voici les madrassas hébergeant des étudiants en religion psalmodiant leur texte, les mosquées où vont prier les fidèles, ses minarets où le chant des muezzins résonnent dans toute la ville et qui servent aussi de phares aux caravanes de chameaux dans le désert. Mais aussi pour d'autres tâches plus profanes comme la mise à mort des criminels qu'on enferme dans un sac avant de balancer du haut de la tour !

Bref, sans jeux de mots, on sent le poids de l'histoire qui nous tombe dessus et toutes ces beautés architecturales qui nous entourent, c'est vraiment too much !
Hier soir, Gilli fêtait ses 55 ans, Korma et Abdul son fils, les patrons du Guesthouse ont tenu à nous faire plaisir en nous offrant du vin (denrée rare ici) et de la vodka pour notre souper. Une soirée mémorable dans le patio de l'auberge au clair de lune en compagnie de toute leur famille. A magic Boukharian night !

Mais voilà, tout a une fin, notre séjour à Boukhara arrive à son terme, ce matin, nous avons dit au revoir à regret à la famille de Korma et tout le monde s'engrouffe dans la voiture de sa soeur, direction la gare pour prendre le train pour Samarcande, la dernière étape de notre route de la soie à nous: Gilli, Tali et moi.

Encore une autre ville de tous les superlatifs et vous aurez les échos dans le prochain billet doux mes chers lecteurs adorés. D'ici là, je vous embrasse bien fort et vous dis à tout bientôt.
JPB

0 Comments:

Post a Comment

<< Home