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Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Sunday, May 22, 2011

Sur la route de l'Orient 3 (Tachkent - Khiva)

Il est 20h25, le vol CZ6027 de la China Southern Airlines en provenance de Pékin, vient de se poser sur la piste de l'aéroport Yuzhny de Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan, une ancienne République de l'Union soviétique. Ce jeune pays, indépendant depuis le 31 août 1991 de manière presque contrainte suite à l'effondrement des putschistes dans leur tentative de renverser Gorbatchev (vous souvenez vous encore de l'image de Boris Eltsine, prenant la défense de Gorby, debout sur un char, haranguant la foule face à l'armée russe ?). A cette époque là, les 90 % de l'Asie centrale s'était prononcé pour le maintien de l'Union. Face à cette nouvelle donne, une sorte de cadeau empoisonné, le jeune pays a du faire face, et tout est à faire ou à refaire !

Passées les premières années difficiles, le pays commence à surmonter la pente, en s'appuyant sur la culture du coton (déjà cultivé à l'époque et de manière intensive pour le profit du grand frère russe), mais cette plante, qui a besoin d'être énormément arrosée et ce qui fait que les volumes d'eau détournée des fleuves pour les irrigations ont eu pour conséquence l'assèchement de la mer d'Aral ! Et aussi sur l'extraction de l'or, dont l'Oubékistant est respectivement, le sixième et le neuvième mondial. Mais surtout, les autorités Ouzbekes ont bien compris le rôle que pourraient jouer dans l'économie du pays les trésors historiques et architecturaux que sont les fameuses villes de la Route de la Soie. Ces villes qui ont fait rêver des générations entières de voyageurs et qui ont pour noms: Khiva, Boukhara et the last but not least Samarcande.

Pour booster le tourisme qui prend toujours plus d'ampleur et rapporte pas mal de devises dont le pays a besoin, les autorités ont assoupli les formalités de visa, les voyageurs individuels sont les bienvenus et les initiatives privées dans l'hôtellerie sont fortement encouragées.

Voilà la fin de cette petite introduction vous explique le pourquoi de ma présence ici dans ce pays dont c'est un peu la préhistoire du tourisme. L'Ouzbékistan me rappelle un peu le Vietnam du début des années 90 où toutes les infrastructures sont à créer, surtout les transports publics et les routes. Et aussi beaucoup de bureaucratie héritée de l'époque soviétique qu'il faut simplifier en plus d'une inflation à juguler. Il y a aussi le problème des banques, dans tout le pays, on ne trouve nulle part un ATM, pour les voyageurs ayant peu de cash comme moi, il faut aller à la banque d'état pour pouvoir retier des dollars avec sa carte de crédit. Figurez vous qu'en changeant 200 USD pour payer mes nuits d'hôtel, il faut presque un cornet Migros pour contenir toutes les billets de 1000 Soums ouzbeks qui me sont remises. Comme le plus gros billet est de 1000, on a des liasses pour l'équivalence de 200 dollars. Inutile de penser les mettre dans les poches. Et tout se passe au "black market" comme ils disent ici, les changes se font au Bazar et on gagne presque le double par rapport aux taux officiels.

En ce qui concerne les hébergements, on trouve de plus en plus des B&B tout-à-fait corrects à coté des établissements d'état, héritiers de l'Union Soviétique, chers mais les prestations fournies ne sont pas à la hauteur de leur prétention. Mais gare aux touristes qui égarents les papiers d'enregistrement remis par l'hôtel car à la sortie, ils auront des ennuis. Dans les coins un peu reculés du pays, on trouve des hébergements, mais les "registrations" font défaut, ou sont l'objet d'enchère de la part des responsables. Du coup, cela peut coûter plus chers que le prix de la chambre. Heureusement que ceci n'existe pas dans les villes ou sites touristiques inportants.

Après les formalités d'une monstrueuse longeur, il est déjà 22 heures passée. Plus de bus, ni de "malouchkas", ces mini-bus bien pratiques et bons marchés pour les courts trajets en ville. Les voyageurs étaient à la merci des taxis requins qui n'hésitent pas à demander 15 USD pour le trajet jusqu'à l'hôtel. Une petite fortune pour ce pays. Et il tenaient mordicus à leur os. Bon, fouette cocher, direction Gulnara Guesthouse, un B&B sympa dans le quartier de Chorsu, le vieux Tachkent. Un endroit bien agréable.

Je suis resté 2 jours et demi à Tachkent, capitale et fière de son histoire bimillénaire de carrefour des anciennes routes caravanières mais hélas, il ne subsiste plus grande chose de cette oasis située sur la Route de la Soie. C'est maintenant une ville moderne de plus de 2 millions d'habitants, la quatrième en importance des pays de la CEI, après Moscou, Saint-Pétersbourg et Kiev. Une grande ville assez banale, pas forcément laide avec ses grandes avenues bordées d'arbres et d'immenses places publiques ombragées, surtout la place de l'Indépendance (Moustakillik Maidoni), la plus grande de toutes les places de l'ancienne Union Soviétique. Pour les quelques reliques d'époque, il faut sortir de la ville (assez loin) et prévoir de bonnes chaussures car point de bus ou autres qui y vont. Seulement les taxis, toujours promptes à multiplier les prix.

En dehors des taximen, les Ouzbeks les plus désagréables sont les flics. Une bande d'enfoirés qui multiplie les chicanes à l'égard des voyageurs individuels. Surtout ceux qui sont postés aux entrées des bouches de métro. Sous prétexte de contrôler l'identité des voyageurs (pas les groupes - seulement les routards solitaires), ils essaient de soutirer quelques dollars aux gens facilement impressionables. Le premier matin, en prenant mon premier métro a Chorsu pour aller au centre ville, juste après la caisse, 3 flics m'entourent et me demande mon passeport(surtout il ne faut pas le leur donner), il est à l'hôtel, répondais je (d'habitude j'ai tjs les photocopies de mes pages de passeport et, surtout de visa - mais en changeant de pantalon, je ne les avais pas sur moi). Venez ici, il me font signe car aucun ne parle une autre langue que l'ouzbek ou le russe. Dans leur cagibi à côté de la caisse du métro, qui sent la pisse et leur odeur corporelle qui chlingue, on est parti pour une partie de poker-menteur. Nom, nationalité etc ..., du moins c'est ce que j'ai compris. Je leur ai dit de téléphoner à l'hôtel Gulnara, juste à deux pas de là, mais je crois qu'ils n'ont fait que semblant d'appeler, et toujours les questions en Russe (une des deux langues officielles du pays, avec l'ouzbek qui ressemble beaucoup au turc) . Gardant mon calme, j'ai dis ce que j'ai à dire, et surtout je me disais à moi même: "Bande de cons, vous n'aurez pas un cent, même si je dois rester un bon moment ici". Finalement de guerre lasse, après env. 40 min., ils m'ont fait écrire sur leur cahier de flic le mot: "No problem" avec ma signature et me serrant la main en mettant la leur sur le coeur. Ces hypocrites de ripoux ! Ensuite, pas mal d'autres fois, j'étais contrôlé par d'autres, à d'autres endroits, et en montrant les photocopies, ils ne m'ont plus emm...

Et comme le métro est le moyen le plus pratique pour se déplacer dans Tachkent, on ne peut pas échapper à leur cirque de ripoux. Dommage car le métro de Tachkent est presque aussi beau que celui de Moscou, et aussi un des plus anciens des anciennes Républiques des Soviets. Mais comme celui du grand frère russe, il est hélas interdit de les photographier.

A part les flics et autres taximen, les gens sont assez amicaux, et pas austères du tout pour un pays musulman. Aucun problème pour l'alcool, très peu de femmes portant le foulard islamique. Et tolérants pour d'autres religions. Il y a ici une minorité de juifs qui vivent tout-à-fait en paix tout comme des chrétiens qui sont d'origine russe. A l'indépendance, beaucoup sont repartis en Russie, mais d'autres sont restés avec leur coutumes et leur religion orthodoxe et qui font partie prenante de la nouvelle nation Ouzbeke.

A Gulnara Guesthouse, où je suis descendu pendant ce séjour, gravite toute une galerie de voyageurs plus originaux les uns que les autres. A commencer par Xu, un taiwanais des plus sympathiques avec qui je fais de longues discussions jusque tard dans la nuit. N'ayant pas obtenu un mois de congé pour son voyage rêvé depuis longtemps, il n'a pas hésité à demissionner, cet ingénieur en énergie solaire. Et c'est aussi grâce à lui que j'ai pu avoir un adaptateur pour mon ordi. Merci mon cher Xu, you make me a very happy man ! Et Horst, un personnage légendaire, qui à 69 ans, n'a passé qu'une trentaine d'année chez lui en Allemagne. Des enfants au Brésil, en Asie, en Afrique. Il peut te donner des tuyaux sur n'importe quel pays, ayant été dans des endroits de fous et fait des choses complètement crazy ! Ou encore Kate et Kirstin, 2 Canadiennes qui arrivent en droite ligne depuis Istambul jusqu'en Ouzbékistan sur leurs vélos. Voire Gilli et Tali, deux Israéliens qui prennent un congé de 7 mois pour leur trip. Bref, une superbe équipe de "real travellers" hyper-intéressante.

Depuis hier, après un court vol d'une heure et demie, je suis arrivé a Ourgentch, 1050 km de la capitale. Et de là, avec Gilli et Tali déjà rencontrés à l'hôtel Gulnara, nous avons partagé un taxi pour aller directement à Khiva, la plus intacte et la plus reculée des villes qui parsèment la Route de la Soie.
Cette ville qui comporte une partie moderne n'ayant pas grande chose de beau à voir. Par contre dans son centre historique, trône une petite merveiile en la citadelle d'Itchan Kala. Une fortification crénélée ceinte de remparts de pisé et considérée comme l'ensemble architectural le plus homogène du monde islamique (certains endroits sont encore à l'état original du Ve siècle - d'autres ont été restaurés par les Soviets et qui servaient à d'autres usages en ce temps là) et ce qui fait la particularité de cette fortification aussi est que 2000 des 40000 habitants de Khiva vivent à l'intérieur de l'enceinte. Du coup, tout n'est pas figé, et la vie se fait sentir jusque tard le soir. Et du coup, l'entrée n'est pas payante, sauf pour 2, 3 musées. On peut se promener des heures dans cette citadelle et sentir la présence de l'histoire partout autour. Des medersas, des mosquées, des minarets, des résidences de plusieurs Khan (chefs) successifs, des palais des milles et une nuits, il y en a tellement à voir et à photographier qu'il sera trop fastidieux de tous les énumérer ici. Vous verrez sur les photos mes chers.

A part ça, comme j'ai dit plus haut, il n'y pas grande chose d'autre à voir à Khiva. Pour quelques ruines et autres, il faut aller plus loin en recourant aux services des agences, chers et pas terribles comparés à Itchan Kala.
Demain, toujours avec Talie et Gili, nous allons quitter Khiva pour Boukhara, un autre endroit des milles et une merveilles qui fera l'objet d'un autre article mes chers lecteurs adorés. D'ici là, je vous embrasse bien fort et vous dis à bientôt.

JPB

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