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Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Wednesday, April 04, 2012

Laos (Luang Prabang)

Que c'était longue cette nuit en "sleeping bus". Et en plus, inconfortable au possible, comparé au "sitting bus" normal où on a quand même plus de liberté de mouvement! Transformé en "lits roulants" les places dans le bus étaient calculées au plus juste et avant de monter, il fallait montrer "pattes blanches", c'est le cas de dire car il faut enlever les chaussures avant d'embarquer. Bonjour les odeurs de panas, surtout avec les routards farangs au long cours, à l'hygiène pas toujours irréprochable. Les miens de panas ne sentent pas la rose non plus, il faut dire, car j'ai eu le temps d'arpenter le macadam de Vientiane toute la journée sous une chaleur de fou avant de prendre ce bus.

Et voilà qu'on est arrivé à Luang Prabang au premier chant du coq, et à l'heure où les moines bouddhistes sortent pour l'aumône du jour. Une scène que j'ai déjà vécu pendant mon enfance au Vietnam.

A notre descente du tuk-tuk qui nous mène au centre vile, on voit de longues processions de moines en fil indien avec leur sébile dans la main pour recevoir leur unique repas de la journée.
Et c'est là qu'on a l'occasion d'assister à la dévotion extraordinaire du peuple Laotien. Les offrandes se donnent avec déférence les genoux à terre. Un spectacle (si je peux dire ainsi)empreint de ferveur et de sérénité. Par contre j'étais un peu choqué par l'attitude de certains touristes qui sont venus là apparemment depuis l'aube pour ce moment. Et d'un sans gêne évident, s'approchent à qui le plus près pour mitrailler la scène avec des tonnerre de crépitements des appareils. Certains poussent même la plaisanterie jusqu'à acheter des biscuits et d'autres choses pour donner aux moines. Je vois bien la tête de certains bonzes, ils ne doivent pas trop aimer cela, mais font de mauvaise fortune bon coeur !

Imaginez un hindouiste monter sur la chaire pour approuver l'homélie ! Quand on est pas bouddhiste, je pense qu'on doit rester sagement à l'écart pour apprécier cette scène de vie particulière à un peuple.

Bon, finie la mauvaise humeur, je vais vous parler maintenant de Luang Prabang, cette magnifique cité, ancienne capitale royal du Laos qui a vu ses deux enfants les plus illustres se déchirer jusqu'à devenir des ennemis mortels.

Les princes Souvanna Phouma et Souphanouvong, deux demi-frères, enfants du dernier vice roi de Luang Prabang, le Prince Bounkhong. Le premier était Premier Ministre du Laos non communiste jusqu'en 1975. Et le second, qu'on appelle le Prince rouge, a pris le maquis aux côtés des rebelles communistes du Pathet Lao jusqu'à la victoire en 1975 avec l'aide massive des Nord-Vietnamiens.

Au Vietnam, tout le monde connait l'histoire des deux frères ennemis, d'autant plus qu'ils ont été élevés en partie dans ce pays et ont suivi, comme Norodom Sihanouk, leurs études secondaires au fameux Lycée Chasseloup Laubat de Saigon.

Tout cela pour vous dire que cette ville, pourtant si belle, a été pendant longtemps négligée par le nouveau pouvoir car suspectée de sympathie pour l'ancien régime.

Heureusement que depuis que le Laos s'est ouvert au tourisme, les nouvelles autorités ont compris les profits que le pays peut en tirer avec un tel site. Et le coup de pouce aussi de l'Unesco qui a décrété Luang Prabang patrimoine de l'humanité a fini par redonner à la cité ses lustres d'antan.

"Atmosphère, atmosphère, est ce que j'ai une gueule d'atmosphère" ? disait Arletty dans un fameux film. C'est cela même mes chers, Luang Prabang a vraiment une gueule d'atmosphère et on s'y sent tout de suite bien. Imaginez une ville encerclée de collines verdoyantes et des monts couvert de forêts tropicales et s'étendant sur une langue de terre tout en longueur au confluent du fleuve Mékong et de la rivière Nam Khan. Tout en horizontale, quasiment pas de bâtiments modernes et pas du tout en hauteur.

Agréable aussi le climat car légèrement en altitude (600 m), une ville à taille humaine et qui se visite facilement à pied ou en bicyclette. C'est aussi la ville la plus riche du Laos en monuments religieux et chargée d'histoire. La vie s'écoule indolemment à l'image du Mékong au lit à moitié sec en cette saison, longeant paresseusement la cité. Une véritable splendeur !

Je suis allé visiter le premier jour le l'Ancien Palais royal transformé en Musée. A l'image de la ville, le Palais est d'une sobriété de bon goût contrairement à celui de Phnompenh qui est presque trop clinquant (quoique joli aussi). Les temples ici aussi sont superbes et j'aime bien aller me promener dans ces endroits reposants pour l'esprit et on est toujours reçu avec beaucoup de gentillesse par ses occupants, les moines. Comme en Thailande, et contrairement au Vietnam qui n'a pas le même bouddhisme même si beaucoup de préceptes sont les mêmes. Ici les jeunes sont envoyés par les familles faire un court temps dans les ordres avant de reprendre véritablement la vie active(certains décident aussi de le rester pour de bon bien sûr). Une école de vie en communauté, ou école de vie toute courte. Et j'ai appris que s'ils ne feront jamais de mal aux animaux (aux humains aussi d'ailleurs - rassurez vous :), ils ne sont pas tout à fait végétariens comme les moines vietnamiens par exemple. C'est en discutant avec Sen, un jeune moine sympathique et curieux de la vie que j'ai appris cela. Selon lui, le bouddhisme laotien est d'une branche différente et ils acceptent ce que les gens leur donne. Viande ou pas !

J'ai passé vraiment un excellent moment avec Sen qui parle d'ailleurs un anglais des plus corrects. Un des autres truc sympa à faire aussi à Luang Prabang est de flâner le long des berges du Mékong et de la Nam Khan. Et si l'envie nous prend, on peut aussi descendre se promener sur le lit sec du fleuve ou de prendre un bateau du soir pour assister au coucher du soleil. Et tout du long de ces berges, une multitude de gargotes sympas sont là pour étancher la soif et soulager la faim des promeneurs.

C'est la dolce vità à la Laotienne avec des gens d'une gentillesse remarquable et toujours souriants. Si la Thaïlande se proclame le pays du sourire dans leur slogan touristique. Alors que dire du Laos ? Le pays de la "banane" géante ?

Je m'y sentais si bien que ces trois jours ici m'ont paru passer trop vite. J'y serais resté encore un peu plus pour m'imprégner davantage de cette atmosphère mais hélas, comme vous le savez, mon planning est plutôt chargé est j'ai du, tristesse dans l'âme, faire mon baluchon ce matin pour partir sur Phonesavan, un drôle de bled et marqué aussi par l'histoire mais plus récente, et moins gaie, mais il a un superbe atout dans son jeu. C'est la porte d'entrée de la mystérieuse "Plaine des Jarres" qui sera mon prochain "billet doux" à votre intention mes chers lecteurs adorés. En attendant, je vous souhaite d'ores et déjà d'excellentes fêtes de Pâques. Alors roulez les bien, les oeufs (mais pas ceux de Pak ! - certains comprendront) et je vous embrasse bien fort.

JPB

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