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Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Monday, March 26, 2012

Cambodge (Phnompenh - Siem Reap - Angkor)

"Wake up, ladies ans gentlemen. Time to cross border. Everyone get ou of the bus please"! La voix de stentor de l'accompagnateur du bus me tire de mon sommeil profond dans lequel je suis tombé depuis à peu près deux heures.

Il est 7 plombs du mat et la frontière est juste là devant nous. Ceux qui s'attendent à voir des militaires des deux camps lourdement armés se faisant face en sont pour leurs frais. C'est que la guerre entre le Cambodge et le Vietnam suite à l'invasion vietnamienne à la fin des années septante, pour déloger Pol Pot et sa clique du pouvoir, est finie depuis belle lurette.

L'antagonisme entre les deux peuples demeure mais les Cambodgiens sont maintenant plutôt reconnaissants aux Vietnamiens de leur avoir débarrassé le pays d'un régime barbare, génocidaire qui, après un règne terrifiant de plus de quatre ans, laissait le pays dans un état terrible. Famine, misère, des mines antipersonnels semant la mort et faisant des centaines de milliers de handicapés.

Ce pays a toujours été pour moi très proche et en même temps très lointain. Depuis mon enfance jusqu'à mon adolescence vietnamiennes à An Lôc, une ville qui se situe à une trentaine de kilomètres à vol d'oiseaux du Cambodge, j'ai côtoyé à l'école, dans la vie quotidienne, des gens originaires de ce pays et donc certains se sont établis depuis des générations chez nous.

Oui, le Kampuchea comme nous l'appelons m'a toujours été familier, je baragouinais même un peu la langue khmère, mais il nous était interdit d'accès à l'époque à cause de la guerre qui faisait rage chez nous et le Cambodge dont Sihanouk, le roi rondouillard et que j'ai toujours trouvé ridicule, pour conserver la paix chez lui, a toujours fermé les yeux sur les sanctuaires communistes nord-vietnamiens implantés sur son territoire.

En 1970, le roi est parti se soigner en Chine, Lon Nol, un colonel proche du roi a profité de l'occasion pour le renverser et proclamer la République. Pro américain, et certainement travaillé au corps par la CIA, ce dernier a laissé entrer les troupes américaines et sud-vietnamiennes qui pouvaient enfin aller s'en prendre aux sanctuaires communistes qui nous emmerdaient depuis des années en nous attaquant et lorsque les choses vont moins bien pour eux, se retirer tranquilles au Cambodge.

Je me souvenais bien de cette époque là, comme les autres viets, j'étais content que l'on pouvait finalement rétablir les rapports de force. Snuol, Mimot, Takeo, tous ces noms résonnent encore à mon oreille maintenant que je me retrouve à faire du tourisme au Cambodge. C'étaient des batailles célèbres qui ont apporté une certaine fierté aux forces sud-vietnamiennes. Et ces événements ont déclenché une guerre civile à leur tour au Royaume Khmer. Des Cambodgien qui n'ont pas supporté que leur pays soit occupé une partie par des étrangers ont pris le maquis et deviennent plus tard, les tristement célèbres Khmers rouges.

Lorsque je suis arrivé en Suisse, j'ai toujours suivi l'actualité de ce qui se passe dans ce royaume qui est tombé aux mains des Khmers rouges une année avant la chute du Sud-Vietnam. Je me souviens aussi des images de la capitale, Phnompenh, vidée de leurs habitants par les KR, 48 heures après leur entrée dans la ville. Des images terribles où on voit des malades expulsés de leurs hôpitaux, certains sont encore sur leurs lits à roulette car ne pouvant pas marcher ! Et tout ce monde, envoyé à la campagne travailler à main nue dans les rizières pour l'édification socialiste à la khmère.

Quatre ans et 2 millions de morts plus tard, les Khmers rouges, ivres de puissance, ont commis l'erreur de s'attaquer au Vietnam. Ils n'ont rien compris ces pauvres ! Des Français, des Américains (la première armée du monde) se sont cassé les dents dessus, alors les Khmers rouges. Mais au moins, ceci a permis d'en finir avec l'utopie meurtrière de cette clique de dirigeants cambodgiens coupable de toutes les atrocités contre leur propre peuple.

Les vietnamiens ont installé à leur arrivée un gouvernement cambodgien, et maintenir une petite force sur le sol khmer, et en 1989, lorsque les derniers soldats vietnamiens ont quitté le Cambodge, ce pays est redevenu le royaume du Cambodge et dont Sihanouk le roi lui même, est revenu participer aux re-développements du pays.

Depuis la fin de l'opération de reconstruction du pays sous l'égide de l'APRONUC, force onusienne, pour aider le petit royaume à redémarrer, le pays malgré des périodes d'instabilité plus ou moins longs, a enfin trouvé un rythme de croisière et une certaine stabilité est revenue. Le tourisme continue de se développer et le pays avec des trésors comme les sites archéologiques d'Angkor, et aussi le coût dérisoire de la vie (pour les occidentaux j'entends !) est en passe de devenir le nouveau paradis des routards de tout poil.

Voilà, je suis enfin au Cambodge, par le bus de nuit de Saigon. Le contrôle à la frontière était étonnamment relax. Nous devons passer à pied tandis que les sacs restés dans le bus n'étaient même pas fouillés ! Une photo passeport, 25 USD et le tour est joué. Tout cela a pris à peine 45 minutes pour une vingtaine de touristes étrangers que nous étions dans le véhicule.

Encore une heure et demie de route et voici Phnompenh, une charmante cité avec encore pas mal d'édifices coloniaux. Une des plus belles capitales du Sud Est asiatique comme disait nos guides. Dessinée par les Français à l'époque du protectorat, la ville ressemble beaucoup à ces villes indochinoises avec de larges avenues et bordées de belles bâtisses. Et comme partout en Asie, tout n'est que bruit et fureur. Embouteillages, coups de klaxon ininterrompus, odeurs indéfinissables et fumets appétissants sortant des gargotes.

Mon premier après-midi à Phnompenh est consacré à la visite de Tuol Sleng, un lycée technique en temps de paix, transformé en centre de torture par les Khmers rouges. Il est devenu la prison la plus terrifiante du Cambodge. De 1975 à 1979, près de 15000 personnes y passent, certains avec leurs enfants, y subissaient des tortures les plus inimaginables avant d'être achevées dans le camps d'extermination de Choeung Ek (popularisé par le film The Killing Fields !).

C'est une baffe que l'on reçoit en pleine figure en visitant ce centre appelé maintenant le Musée des crimes génocidaires ! Des photos anthropométriques soigneusement conservées des prisonniers affichés sur les murs, qui font que comme s'ils étaient encore là. Une terrible sensation quand on regarde ces visages d'hommes et femmes, beaucoup de jeunes et des enfants à côté ou dans les bras de leurs mères. A pleurer ! Oui, j'avais les yeux rougis et j'ai du lutter pour ne pas pleurer. Et pourtant en matière de guerre et de scènes atroces, je crois en avoir vu pas mal ! On se rend compte que l'homme est toujours capable d'aller plus loin dans ce qu'il peut faire à ses semblables.

Plus de trente ans après, les Cambodgiens n'ont pas oublié, ni pardonné. La preuve, des portraits des dirigeants Khmers rouges de l'époque étaient sprayés, tailladés et certains ont du être enlevés. Il ne reste sur 15000 prisonniers que 7 survivants qui ont été libérés par l'armée vietnamienne. Et dans la cour, les tombes des 14 dernières victimes. Ce n'est pas le seul endroits où ces fous à lier de khmers rouges commettaient leur atrocités mais cet endroit est accessible en plein Phnompenh et est devenu un mémorial emblématique de cette époque.

On sort de là après 2, 3 heures de visite et je peux vous dire qu'on est dans un drôle d'état d'esprit. Comme si on avait reçu un coup au coeur !

Mais rassurez vous, il y plein d'autres choses plus gaies et plus belles à voir à Phnompenh. Par exemple les marchés grouillantes de vie et les beaux palais. Le Palais royale en est un, d'une architecture harmonieuse dans le style khmer, de toute beauté. Dans la même veine le Musée royale, et une cranelée de temples plus beau les uns que les autres. Et le soir tout le monde va faire son passegiatta sur le quai Sisowath au bord du Tonlé Sap qui serpente paresseusement à travers la ville.

J'ai passé ici deux jours formidable et que j'ai quitté pour Siem Reap presque à regret. Mais voilà, il y a un planning à respecter et si je veux passer un peu plus de temps au Laos, il faut que je me motive. Et la motivation n'est pas difficile à trouver car Siem Reap est le point d'accès des mondialement réputés sites archéologiques d'Angkor. Patrimoine mondial de l'humanité ! Traversée par une rivière, se trouvant dans un campagne fourmillant de maisons sur pilotis, paillotes etc ... Siem Reap est un havre de tranquillité comparé à Phnompenh. Guesthouses bons marchés et tout confort, restos locaux et étrangers, son fameux marché de nuit tous les soirs et même une semblance de vie nocturne, ainsi que d'autres spots intéressants à voir. La ville a de quoi offrir un super séjour aux touristes voulant découvrir Angkor.

Et Angkor ? Qui n'a jamais rêvé d'approcher Angkor comme disait " Le Routard". Personne à mon avis. L'archéologue Bernard Groslier disait un jour: "Il faut se représenter à la fois Versailles, La Concorde, Le Louvre, La Place des Vosges et toutes les plus belles cathédrales... " Et bien il n'a pas tout à fait tord ! C'est quelque chose d'absolument fabuleux dont les origines remontent au IXe siècle. Tout n'est que beauté et harmonie.

Je ne vais pas me lancer ici dans sa description académique et historique, vous avez tous les outils pour cela. Je me contente de vous dire ce que je vois, et ce que je vois me saisit de vertiges tellement ces différents temples, cités etc ... sont magnifiques. Il y avait un syndrome de Florence chez les touristes touchés par la beauté de ses oeuvres d'art, maintenant, je dirai qu'il y a aussi un syndrome d'Angkor. On est comme oppressé par la magnificence de ces constructions. Dommage que la guerre a en partie endommagé pas mal de sites mais ce qui reste, My God, It's absolutely fabulous. Et le mot est faible. Ankor Vat le plus connu, le plus grand des temples est saisissante de beauté mais Angkor Thom, Ta Phrom, Baphuon, Bayon, Le Palais Royal de Phimeanaka, Preah Khan, Pre Rup... et j'en passe, ne sont pas en reste !

Pour visiter les sites, soit on pédale sous le cagna qui tape, soit on prend un Tuk-tuk comme moi pour env. 8 Frs par jour. Les sites à voir sont pour les plus près. à 8 km de Siem Reap, d'autres sont plus loin voire encore beaucoup plus loin comme Banteay Srei. Je suis arrivé ici tard le dimanche soir et depuis hier, j'ai fait les deux circuits les plus courus. Le vieux est content d'avoir vu ça. Là, il est l'après-midi, je viens de rentrer du Grand Circuit et profite pour écrire des cartes postales et pour alimenter l'Homo Burnatus. Depuis le temps que vous n'avez rien à vous mettre sous la pupille, alors il faut que Ducros se décarcasse un peu non ? En tout cas mon séjour cambodgien est une bonne réussite, je garde un bon souvenir de ce pays qui se remet lentement de toutes ces difficultés et se trouve sur le chemin de la stabilité politique et économique. Ce n'est pas encore le Pérou, mais il y a déjà pas mal de progrès. En tout cas, ça fait plaisir ! Demain matin, je vais prendre un vol par Lao Airlines pour Vientiane et promis, vous aurez des nouvelles du Pays du million d'éléphants sous peu mes chers lecteurs adorés. D'ici là je vous embrasse bien fort mes chers. A+

JPB

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Et Angkor ! Whao !!
Ben ………
Et encore !! 1000 Merci et A+
😄Force1

1:05 PM  

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