My Photo
Name:
Location: Vevey, Vaud, Switzerland

Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Thursday, March 29, 2012

Laos (Vientiane)

Sabadee la compagnie, comment allez vous mes chers ? Moi ça va, je suis arrivé avant-hier à Vientiane par un vol de Lao Airlines que j'ai failli manquer à cause d'une négligence de mon conducteur de Tuk-tuk. Heureusement sans conséquences notables puisque j'ai pu m'embarquer même si c'était moins une !

C'est qu'à Siem Reap, j'ai l'habitude d'avoir recours aux menus services de l'équipe du Siem Reap Central Hostel dans lequel je suis descendu. Jusque là, rien à dire. Tout marchait comme sur des roulettes. Dans cette Guesthouse, bien située avec un excellent rapport qualité-prix, il y a toujours une flopée de gars qui trainent autour du lobby. On ne sait pas ce qu'ils font là exactement, mais si quelqu'un a besoin de quelque chose, ils peuvent vous satisfaire. Plutôt des jeunes gens sympathiques et souriants.

Tout ce petit monde semble être aux ordres de Bun, le réceptionniste que j'appelle "le commissaire politique", car il a tout l'air d'un ancien cadre du Pathet Lao, le Parti communiste laotien qui a fini par gagner la partie dans la guerre civile des années septante. Sec comme une trique et parlant peu mais avec une autorité naturelle certaine. Pour ma part, j'ai souvent à faire avec Dun, le quasi homonyme de l'autre, mais plus joyeux et en plus, parlant assez bien l'anglais. C'est avec lui que je vais visiter les sites d'Angkor. Il faut dire qu'avec Dun sur son Tuk-tuk, je ne suis pas toujours tranquille car il a tendance à forcer sur les "jus houblonnés", et une façon de conduire le tricycle comme s'il était sur une "formule 1". Mais c'est un joyeux compagnon et qui se révèle être un bon connaisseur d'Angkor.

Et voilà que ce matin là, on a rendez-vous à 8h pour partir sur l'aéroport mais 8h, toujours pas de Dun, 8h15 non plus, et 8h30 encore moins. Alors j'ai du prendre Hen, un jeune sympa mais un peu écervelé si vous voyez ce que je veux dire !

La vingtaine, toujours la banane mais tête en l'air ! Cela peut se comprendre car Hen a été boxeur professionnel de "Muy Thai" à Phompenh. Il n'a pas fait une grande carrière et a du s'arrêter à cause de blessures. D'ailleurs on voit sur son visage au nez aplati typique des boxeurs, de multiples marques bien visibles. Faut dire que le "Muy Thai" est un sport de combat hyper violent où les "knock-outs" mortels ne sont pas rares.

Bref, toujours est-il que Hen a du remplacer Dun mais avec le Tuk-tuk qu'utilise d'habitude ce dernier. Au moment qu'on part, voilà que Dun descend au lobby et avec une tête de celui qui a forcé sur la bouteille la veille. Bye my friend etc ... et il oublie de dire à l'autre que le réservoir de la moto est presque vide.

Bien sûr il n'a pas manqué, on sort à peine de Siem Reap sur la route de l'aéroport que la moto tombe en panne sèche. Merde, me disais je. Je vais le manquer cet avion car il n'y a pas de station d'essence tout près. Hen qui pousse le Tuk-tuk et moi aussi et voilà que le miracle se produit sous la forme d'un vendeur de benzine ambulant qui passe. C'est le genre de truc qu'on ne voit que dans ces pays. Une moto avec un panier de chaque côté et dedans des bouteilles en pet remplies d'essence. Formidable !

Grâce à ça, on a pu rallier l'aiport just à temps pour mon embarquement. C'était vraiment moins une !

Bon ce n'est pas tout, quand je vois l'avion qui doit m'emmener au Laos, je n'étais pas trop tranquille car il s'agit d'un vieux zinc, un ATR 72 à deux hélices et au décollage, ça grince de partout. En plus Lao Airlines n'a pas une très bonne réputation (elle est même sur la liste noire en Europe). Mais tout s'est quand même bien passé à la fin, après une escale à Paksé, on est arrivé entier à Vientiane et à l'heure en plus. Ouf !

Pour le centre de ville depuis l'aéroport, j'ai partagé le taxi avec une franco-israélienne du nom de Khaya, charmante personne et parlant un français des plus purs. C'est drôle car on s'est déjà croisé à Kha Vi Guesthouse à Phnompenh, et là on s'est retrouvé dans le même avion pour Vientiane. Et comme elle va aussi à Luang Prabang, il y a des chances que nos routes vont se croiser une nouvelle fois.

Le Laos, ça me fait de nouveau remonter à pas mal d'années en arrière comme pour le Cambodge. La situation de ce pays était un peu comme l'autre. Dans les années soixante, il servait de sanctuaires aux communistes nord-vietnamiens et la piste Ho Chi Minh, vitale pour l'approvisionnement des forces communistes viets traversent une grande partie du Laos. Régulièrement bombardée par l'aviation US, mais jamais coupée ! Et voilà que comme pour le Cambodge, l'armée américaine a décidé aux début des années septante d'en finir avec ça. Du moins le croyaient-ils. Mais comme ils n'ont pas le droit d'y envoyer leurs troupes, c'est l'armée sud vietnamienne qui a du se coltiner le boulot. Et bien, ce fut un véritable désastre ! Les sud-vietnamiens ont essuyé de terribles pertes et j'ai, moi même, perdu deux bons copains de lycée. Enrôlés dans les parachutistes, ils ont participé à l'opération Lâm Son (le nom d'un héros antique vietnamien)et ne sont jamais revenus ! Et c'est d'autant plus ironique le sort que l'un portait le nom de Lâm et l'autre Son ! Putain de guerre !


And now, how is Vientiane ? Et bien c'est la capitale du Laos et pour une capitale, elle a plutôt des allures d'une petite ville de province un peu endormie mais non dénuée de charmes. Cela nous change de l'effervescence tumultueuse des autres capitales d'Asie. Bien sûr, on retrouve les même caractéristiques des villes asiatiques: circulation chaotique, coups de klaxon à tord et à travers, odeurs particulières etc ... Et comme la quasi totalité des villes construites sous le protectorat français au temps d'Indochine, la ville est pourvue de larges rues bordées d'arbres et il reste encore pas mal de bâtiment coloniaux dont certains sont rénovés et sont de toute beauté. La vie s'écoule ici tranquillement comme le Mékong qui traverse paresseusement la cité. Le soir venu, les Vientianais vont se promener le long du fleuve en famille sur le Quai Fanghum où des restaurants mobiles se montent avec 2 tables et quelques chaises, des stands de colifichets, d'habits etc ... et un peu partout d'acharnées parties de foot improvisées.

Très agréable comme promenade vespérale et aussi nocturne où les couples remplacent les familles pour avoir quelques instants de liberté. Une petite surprise quand même. La vie est plus chère qu'au Cambodge et autant si ce n'est plus qu'au Vietnam. Inattendu ! Et la bouffe est bien mais sans plus, comparé au Vietnam et au Cambodge. Heureusement qu'il y a pas mal de restos vietnamiens par ici car une forte communauté viet vit au Laos. Et ça a l'air de bien leur réussir. On voit pas mal d'enseignes en vietnamien en plus du laotien. Même à l'hôtel où je suis descendu, c'est tenu par des vietnamiens qui étaient fortement surpris de m'entendre parler la même langue. Et pour moi, c'est bien car le Laotien est une langue dont l'écriture est pour nous complètement indéchiffrable. On dirait des montagnes russes (en voici un échantillon: ມະນຸດທຸກຄົນເກີດມາມີກຽດສັກສີ, ສິດທິ,).

A part ça, la ville comptent aussi beaucoup de beaux temples bouddhistes dont certains sont remarquables. Et des marchés pleins de vie. Bref, une ville où il est agréable de passer quelques jours. C'est reposant car c'est encore à dimension humaine, quasiment pas de maisons hautes, à part quelques bâtiment officiels et un rythme de vie indolent et une zen attitude. Ici on est pas autant harcelé par des conducteurs de tuk-tuk, de motos dop, voire par des vendeurs de tout et de rien comme au Vietnam ou au Cambodge. Le laotien est plutôt discret et tranquille.

Et comme au Cambodge, cela me fait drôle de me trouver ici et d'entendre une fois sur deux, parler vietnamien ! Faut dire que dans cette partie du Sud-Est asiatique, qui fut l'Indochine française, les destins de ces 3 pays (VN, CAM et Laos) se trouvent souvent étroitement mêlés. Au temps des français, l'administration coloniale a tendance à favoriser les vietnamiens considérés comme plus travailleurs et aussi plus éveillés. Cela, je n'en sais rien, mais toujours est-il que dans les années 40, 50, beaucoup de vietnamiens ont été emmenés au Cambodge et au Laos pour occuper les postes dans l'administration, voire de la police etc ...

Et lorsque les 3 pays ont obtenu l'indépendance dans les années cinquante les vietnamiens sont resté et certains ont continué à occuper leurs positions avec la nationalité accordé par leurs pays d'accueil. Ce qui fait d'eux des khmero-vietnamiens ou lao-vietnamiens. Ils sont d'autant plus nombreux actuellement que ces derniers temps, beaucoup d'entreprises vietnamiennes se sont implantées au Cambodge et au Laos surtout dans la construction, emmenant de ce fait, pas mal de travailleurs du Vietnam, attirés par des conditions salariales meilleures qu'au pays. Bénéficiant de beaucoup de facilités car pendant les guerres civiles dans chacun de ces deux pays, les communistes laotiens et cambodgiens ont été fortement aidés par le grand frère vietnamien ! Maintenant, ce dernier récolte les fruits de son action d'antan.

Le premier soir, en demandant mon chemin à groupe de jeunes qui prennent le frais dans la rue. Je m'entends répondre dans un anglais approximatif: "No Lao, us Vietnameses" ! Mais alors, parlons vietnamien mes braves. Les gaillards étaient plus que surpris. Et le contact était des plus sympas. Le lendemains je les rencontrais de nouveau et nous avons fini par aller boire quelques bières au boui-boui d'en face. Ce sont justement des travailleurs du bâtiment, qui étaient bien curieux de ce que peut être l'Europe, et la Suisse en particulier. Moi qui voulait leur payer des coups, et bien figurez vous que j'ai du presque me battre pour pouvoir payer une tournée de bières. Une sacrée équipe de joyeux lurons !

Depuis le premier jour, je me suis senti bien dans cette ville à visage humain. Je commence à avoir mes habitudes. Apéros au bord du Mékong et le soir une bonne bouffe dans un petit bistrot lao sympa à deux pas du quartier touristique. Celui ci est tenu par une dame qui baragouine 2, 3 mots vietnamiens et a vécu 9 ans aux Etats-Unis. Qu'elle disait ! Funny car son anglais est encore plus mauvais que le mien ! Bon on arrive quand même à pas mal se communiquer. De fil en aiguille, elle me dit qu'elle est veuve, et le deuxième soir que je mange là-bas, elle me demande quasiment en mariage ! Sans blagues. Mais merci Miss Cho (son nom), j'ai déjà donné !

Voilà mes chers, mes péripéties laotiennes ou plutôt vientiannaises jusque là. C'est mon dernier soir ici et demain, "a slepping night bus again" (avec des lits !) pour Luang Prabang, l'ancienne capitale royale du pays. Une merveille de ville paraît-il ! Me réjouis déjà, d'autant plus qu'elle est à une altitude plus élevée et dont il fera moins chaud. Alors à tout bien pour un autre "billet doux" cari miei. Je vous embrasse bien fort.

JPB

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Burnatsan....salut ,voilà enfin je me décide à te faire parvenir ces quelques lignes pour te dire tout notre plaisir à "voyager" en ta compagnie aux confins de notre planète ... Vraiment chouettes tes "bafouilles" on suit ! Ici l'hiver pointe son nez et la vie continue. Toute toute bonne suite et a bientôt . Prends soin de toi ! Fluckosan et Jacqueline.

3:04 AM  

Post a Comment

<< Home