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Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Thursday, May 21, 2015

Going East 4 (Irkoutsk to Khabarovsk)

Il reste une heure à glander avant l'arrivée du "Novosibirsk - Vladivostok", il est 20h et quelques, heure d'Irkoutsk. A ne pas confondre avec l'heure de Moscou qui est imprimé sur mon billet électronique. C'est une chose à laquelle il faut faire toujours attention quand on voyage en train ici en Sibérie. C'est facile de manquer sa correspondance avec ces 7 fuseaux horaires que compte cet immense pays. Figurez vous que quand je suis arrivé tard le soir à Irkoutsk l'autre jour, il était indiqué 20h30 sur ma montre, alors j'ai le temps de faire une douche avant de sortir souper, me disais je ! Hélas, je ne me suis pas rendu compte qu'il fait 2 heures de plus comparé à Novosibirsk d'où je suis arrivé. En réalité, il était 22h30, heure d'Irkoutsk, du coup quand je suis sorti de l'hôtel, il était presque minuit ! Et je m'étonnais de ne voir pratiquement pas un resto ouvert, étant donné que mon auberge est un poil en dehors du centre. Pour finir, j'ai atterri dans le seul truc ouvert du quartier, en l'occurrence, un cabaret "sino-russe" avec un seul couple d'amoureux qui se bécotent sur un banc (non pas public) à côté du bar. Je demande à manger, et je voyais bien que le serveur chinois était un peu étonné de me voir là. Enfin, j'ai quand même pu me faire servir un plat, et au moment de l'addition, j'ai eu droit à un supplément soi-disant pour le cadre et la musique. Et oui, c'est aussi ça le "charme" du voyage ! Dès lors, je suis devenu très attentif avec ce problème d'horaire décalé 😀 Bon, le haut-parleur annonçait l'arrivée de mon train et c'est seulement à ce moment là que le quai est indiqué sur le tableau de la gare ! Wagon numéro 13 cette fois, en queue du train comme d'hab. pour les deux wagons des "plazkart". Le rituel des contrôles de passeports, billets etc ... commence. Bon, on est installé et le train commence a s'élancer, et que voit-t-on à travers la vitre ? Un type en short et maillot de corps pique un sprint le long du train. Un passager sûrement un peu distrait, a oublié de remonter dans le train avant le départ ! Il avait beau se débarrasser de ses tongues pour courir plus vite, mais hélas, c'était cuit ! Pauvre bouc, ça nous faisait tous de la peine. Cela me rappelle la même aventure que mon compagnon australien de compartiment du Transmongolien avait connue quand je l'ai fait en 2011. Espérons pour ce gars qu'il avait des amis de voyage qui peuvent au moins s'occuper de ses affaires. La provodnitsa passe et distribue aux nouveaux passagers des draps, serviettes, taies d'oreiller etc ... Dans mon dernier billet du blog, je ne vous ai pas parlé assez de ces "provodnitsa", une institution dans les trains longues distances russes. Et bien, je crois qu'elles méritent un petit mot ! En général, ce sont les matrones imposantes entre deux âges, avec des années de voyage dans les deux sens Moscou-Vladivostok. C'est la figure d'autorité du wagon et ça ne souffre d'aucune contestation. On a intérêt à se la mettre dans la poche, car elle peut pas mal vous dépanner si vous avez besoin de changer de couchette au cas où, dans la mesure des places disponibles, et ces dames veillent aussi a l'ordre et à la sécurité des voyageurs. Elles peuvent aussi vous réveiller au cas où vous arrivez à destination en pleine nuit et vous dormez du sommeil du juste. Et la propreté du train est correcte aussi grâce à elles ! Tous les X temps, elles balaient et panossent les couloir, changer les papiers de toilettes et, la chose la plus importante pour nous les voyageurs, elles veillent toujours à ce que le samovar du bout du wagon est constamment rempli d'eau chaude pour nos nouilles instantanées ou nos thés et cafés. A ce sujet, lors de mon premier trajet, j'étais étonné de voir que la quasi totalité des voyageurs avaient des verres à thé avec leurs porte-verres semblables. Et c'est là qu'Aleksandar mon voisin de couchette m'avait appris que l'on peut se le faire prêter par la provodnitsa. C'est compris dans le prix du billet, puis on le rend à la fin du périple ! Cool non ? Dans leur cagibi qui sert de bureau, elles tiennent aussi une sorte de petite épicerie où on peut acheter de l'eau, du chocolat etc ... Bref, c'est une figure des chemins de fer russes ces dames ! Avec mes compagnons proches, on commence a faire connaissance. En face de moi, Aleksandar qui travaille dans une usine d'aluminium à Irkoutsk et descend à Vladivostok pour ramener sa voiture importée du Japon (un traffic florissant entre la Russie et le Japon) un trajet de quatre jours ! Un véritable garde-manger ambulant a lui tout seul. Figurez vous qu'il avait l'équivalence de 2 sacs Migros remplis de victuailles et il y avait vraiment de tout ! Légumes, viande froide, poulet, thé, café, sucre, chocolat, bonbons etc ... Hallucinant ! Grâce aussi à lui, que j'ai pu un peu améliorer mon ordinaire qui est fait de nouilles lyophilisées, pain toast et du fromage genre "vache qui rit". Le propre des voyageurs étrangers dans les trains russes 😀 En bas, c'est Bugut, un jeune étudiant bouriate qui va rendre visite à ses parents a Tchita, un peu avant Khabarovsk. Timide, parlant un peu mieux l'anglais qu'Aleksandar. A cote, le long du couloir, une jeune fille réservée, ne parlant pas beaucoup, qui répondait au nom de Tatiana. Et au-dessus de moi, un gars dont on avait jamais su qui c'était ni ou il allait car il dormait quasiment pendant tout le trajet. Il ne descendait de sa couchette que pour aller fumer ou pour casser la croûte. La vie va son bon train de chemin, et au fil des arrêts, ceux qui quittent sont remplacés par d'autres. A ce propos, il est drôle que la place du bas en face de moi occupe par Bugut (qui nous a quitté à Tchita) est très souvent pris par d'autres voyageurs, lorsque le dernier est parti, on avait d'abord Alexeï un jeune homme plutôt à l'aise en anglais, une denrée rare, et qui veut devenir pilote. Il s'est tout de suite intégré au groupe et on était vraiment une bonne compagnie. L'ami Alexeï n'arrêtait plus de me parler. Il est tellement content de parler la langue de Shakespeare qu'il ne me lâchait plus Comme il ne faisait qu'un court trajet (9 heures), sa place était pris à l'arrêt suivant par un gars bourru, tout le temps collé à son smartphone et ne disant mot. Et oui, il faut de tout pour faire un monde ! Ainsi, cahin-caha allait le train de son chemin, et le temps commence a se faire quand même un peu longuet pour moi qui n'avais pas pensé à prendre un livre pour ces longs trajets. "Les frères Karamazov de Dostoievsky par ex. ferait bien l'affaire vu le contexte. Et me revient aussi à l'esprit le poeme de Blaise Cendrars intitulé La prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France quand Jehanne (ou Jeanne) demandait: "Blaise, dis, sommes nous bien loin de Monmartre ?" et Blaise de répondre: "Nous sommes bien loin Jeanne, tu roules depuis sept jours". Et oui, nous roulons depuis seulement 2 jours et quelques et j'ai l'impression d'entendre Aleksandar me dire cela, lui qui est un habitué de ces trajets Irkoutsk-Vladivostok pour ses affaires. Un petit mot à propos de l'espace fumeur sur ces trains ! A une époque pas si lointain, on pouvait encore fumer entre deux wagons, maintenant ce n'est plus possible. Pour s'en griller une, les intoxiqués et j'en fais partie, sont obligés d'aller dans l'espace que l'on appelle le soufflet, l'endroit qui ressemble à un accordéon ou sont croches deux wagons entre eux. Du coup, des fois on est quatre là dedans a tirer sur nos cigarettes et balances de tous les côtés. Rigolote la situation et ça favorise aussi le contact. Même s'ils ne parlent pas une autre langue, il y a toujours un sourire de connivence et deux, trois gestes amicaux entre l'internationale des torailleurs 😀 Enfin, le troisième matin, Khabarovsk est en vue. Pas trop mécontent quand même votre serviteur d'arriver et prendre une bonne douche avant de partir à la découverte de cette ville dont on nous dit du bien. Manque de pot, il pleut et avec un temps pareil, toutes les villes du monde peuvent être moches. Il va falloir prendre un taxi et se faire inévitablement arnaquer de quelques roubles par les taximen tout heureux de l'aubaine. C'est le jeu ! Une fois l'hôtel trouvé, pas toujours évident, même pour les taxis car ces habitations transformes en mini-hôtels sont très souvent très discrets, n'ayant de noms nulle part sur les immeubles. Il nous a fallu une vingtaine de minute pour trouver l'entrée 😀, et le sempiternel problème de communication car personne ne parle autre chose que le russe. Encore une fois, merci Google Traduction qui me rendait bien service 😀. La pluie se fait moins forte, alors le bus no 8 comme indiquait ma réceptionniste pour aller au centre. Le problème est qu'elle ne m'a pas dit de quel côté le prendre. Et aux arrêts de bus qui se font face, je demande à un vieux monsieur si c'est le bon côté pour "goroda" centre ville en russe, il me fait "da" ! Mais quand je descend trois arrêts plus loin comme me disait la miss de l'hôtel, l'endroit ressemble à tout, sauf à un centre ville😏 bon, il va falloir trouver quelqu'un pour se renseigner, et là, je tombe sur Serguei qui sort d'un immeuble. Un monsieur d'une soixantaine d'années bien fringant. Avec ses quelques mot d'anglais, il réussi à me faire comprendre qu'il va aussi au centre, et me prie gentiment de le suivre. On a repris le bus en sens inverse et en chemin, j'ai appris qu'il est psychologue a la retraite, adepte de yoga et de tennis. Ce qui explique sa sveltesse et son excellente forme. Un homme plein de gentillesse. Il a tenu à m'accompagner jusque vers le centre et prend soin de me montrer les différentes choses intéressantes à savoir. Une formidable rencontre ! Il s'est excusé de ne pas pouvoir me tenir d'avantage compagnie car il va faire ce qu'il appelle son "aqua-therapie", c'est à dire sa promenade le long du fleuve. Et savez vous comment s'appelle ce fleuve ? Amour, oui comme l'amour ! Un fleuve nommé Amour, c'est quand même extraordinaire non ? Bien sur, cela vient du russe voire du chinois mais ça sonne super bien a l'oreille même si pour certaines îles de l'Amour, russes et chinois se sont battus au corps à corps il n'y a pas si longtemps que cela. A la fin des années soixante précisément. C'est de l'histoire ancienne maintenant et les chinois sont les premiers partenaires commerciaux de Khabarovsk, on croise aussi, très nombreux, les fils du ciel en ville venus comme touristes. Khabarovsk se révèle une ville agréable à passer deux ou trois jours. Surtout quand le soleil est de la partie comme par la suite ! Bien animée et comme la plupart des villes russes, des magnifiques églises, et surtout des belles anciennes maisons de l'époque tsariste. Les rives de l'Amour aussi, sont des lieus agréables à flâner, et à déguster une glace, ou manger des brochettes de viande avec une bonne bière dans des kiosques installés le long du fleuve. Il y a une atmosphère sympa et les gens ont l'air décontracté, comme la plupart des sibériens d'autres villes aussi d'ailleurs, maintenant que le beau temps et la chaleur arrivent après un hiver interminable pour eux avec des températures de moins trente, quarante. Les gens doivent se sentir revivre ! Le premier soir en rentrant assez tard de ma longue exploration de la ville a pied, en longeant le fleuve,je chantonnais cet air connu de Vladimir (le bien nommé 😀) Cosma: "Les feuilles mortes", tout à coup, j'entendais derrière des voix qui reprenaient la suite mais en russe. Extraordinaire ! C'est un vieux couple russe qui baragouinaient quelques mots d'anglais qui m'expliquent en riant que cette chanson berçait leur jeunesse. Piotr Ivanov se présent le monsieur et sa femme Ana Ivanova. Nous avons passé quelques instants à bavarder, a essayer de nous comprendre. Un super souvenir sibérien pour moi ! Aujourd'hui, grasse matinée car le temps était de toute façon couvert. Le soleil ne s'est pas montré une minute de la journée. Le temps pour moi d'explorer l'après-midi les endroits encore inexplorés de la cité, et après un bon repas au bouiboui chinois juste à côté de l'hôtel, à la chotte pour vous rédiger ce billet mes lecteurs adorés. Voilà, c'est le dernier soir pour moi a Khabarovsk. Demain en début de soirée, la dernière étape siberienne et russe: Vladivostok, cette ville qui me faisait rêver depuis tant d'années. Un tout petit trajet comparé à ceux que j'ai faits jusqu'ici. Seulement 14 heures de voyage 😉, et oui, c'est de la rigolade 😀. Ensuite, la Corée avec qui je vais faire une danse langoureuse par ferry qui va être féerique ! Me réjouis déjà mes amis. En attendant, je vous dis a très vite et vous embrasse bien fort. Guenady Piotr Burnatov

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