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Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Sunday, February 15, 2009

Sur les traces du passe 1 (Saigon)

Il est 17h35, heure vietnamienne, le vol LH 771 de Lufhansa en provenance de Francfort amorce le dernier virage sur Saigon avant d'entamer sa longue descente en vue de l'atterrisage. Le processus du retour aux sources qui a germe dans mon esprit depuis pas mal de temps commence a s'approcher de sa phase concrete. J'ai les tripes nouees, comme inquiet de devoir affronter enfin les fantomes du passe. Allez, courage petit, me disais je, il est temps pour toi maintenant de faire ton devoir de la memoire.
L'aeroport de Tan Son Nhut, celui par lequel je suis parti du Vietnam en 1973 pour un depart qui se voulait definitif en laissant derriere moi un pays meurtri par une guerre fratricide qui a laisse des traces dans mon corps et dans mon esprit, est en cours d'agrandissement. Plus rien a voir avec celui que j'ai connu en 73 et en aussi en 97 lorsque je suis retourne dans le Sud du Vietnam en me contentant de faire le parfait touriste et de tourner autour du pot sans avoir le courage d'aller affronter mon passe. Les formalites sont expediées en deux temps, trois mouvements. Et ca aussi, rien a voir avec l'ancienne epoque.

A la sortie, on est happe par une chaleur etouffante, et assailli par une floppee de taximen tous plus fourbes les uns que que les autres. Comme il est tard, il n'y a plus de bus navettes, la plupart vous proposent des courses sans mettre le compteur et les prix peuvent doubler, voire tripler. A force de palabres, j'ai quand meme trouve un qui acceptait de faire fonctionner son compteur et hop, direction Pham Ngu Lao, le fameux quartier routard de Saigon. Pendant le trajet, j'ai eu la nette impression d'une hausse du niveau de vie des habitants de la cite par rapport a 1997. Un traffic dementiel, je n'ai jamais vu autant de voitures a Saigon. Et aussi des armees habituelles de motocyclistes qui se faufilent dans le flot de la circulation avec une dexterite qui confine a la temerite. Des buildings qui poussent un peu partout, et des boutiques qui rivalisent de marchandises en vue de la Saint Valentin. La mondialisation fait aussi des ravages ici car a mon epoque et dans les annees 80, 90, on ne savait pas ce que voulait dire la Saint Valentin ou encore Halloween, si non que c'etait juste une invention occidentale ! Une combine a depenser du fric pour rien.

Quant a Pham Ngu Lao, connu de tous les routards du monde, je ne l'ai plus reconnu, le quartier garde toujours l'esprit routard, vu la quantite de touristes sacs a dos qui le frequentent. Mais jusqu'a quand ? car l'embourgeoisement commence a le guetter. Heureusement qu'il y a toujours sur les trottoirs des stands de nourriture ou on mange divinement bien et pour pas cher. D'ailleurs mon repas du premier soir etait un enorme bol de "pho" avalee avec beaucoup de bruits comme font les Vietnamiens, assis sur un petit tabouret en plastique a meme le bitume .
Le pho est la fameuse soupe vietnamienne originaire du Nord du pays,avec des vermicelles de riz accompagnees de fines lamelles de boeuf, le tout dans un bouillon. Hum, miam, miam, je sens que je vais en manger beaucoup pendant mon sejour.

Le lendemain matin, en prenant mon "banh cuon" en guise de petit dej sur une de ces terrasses de bistrots improvises, entoure de Vietnamiens du petit peuple, conducteurs de "motobay" le terme vietnamien du moto-taxi, tireurs de "cyclo-pousse", petits employes etc..., je vois arriver avec surprise, une sorte de Lady occidentale, bien habillee et qui se met a ma table (les autres etaient toutes occupees). La conversation s'engage naturellement et Sharon, c'est son nom, est Neo-Zelandaise et vit a Saigon en donnant des cours d'anglais. En plaisantant, et comme on est le 14 Fevrier, Sharon me dit qu'on est entrain de feter la Saint-Valentin a notre facon, assis sur le un trottoir de Saigon devant deux "ca phe sua" l'extraordinaire cafe au lait condense tres populaire ici au Vietnam. C'est drole en effet, et j'y vois un clin d'oeil marrant car la Nouvelle Zelande est une des destinations de la suite de mon voyage. Normalement on devrait se revoir avant mon depart du Vietnam, histoire de se dire au revoir devant un "ca phe sua" justement. Sympa !

J'ai ensuite contacte Claude, un ami Suisse qui vit a Saigon depuis trois ans et il me proposait de les accompagner le soir meme, lui et son amie vietnamienne, au concert de Fabba, ces clones du fameux groupe suedois qui remplissent les salles du monde entier depuis quelque temps avec le spectacle "Mamma mia" tire d'une des chansons d'Abba. Nous avait rejoint un autre ami de Claude, Axel le Belge qui est aussi 1 expat au Vietnam. La salle n'etait pas completement remplie car il faut dire que les billets sont un peu chers pour le vietnamien moyen. Si non, le spectacle etait super avec ces morceaux qui ont berce une partie de ma jeunesse.
C'est drole car a mesure que les chansons s'egrenent dans cette salle, dans l'etat d'eprit que mon voyage au Vietnam inspire, je me voyais transporte avec une certaine emotion vers une epoque qui correspond aux premiers pas du jeune homme timide que j'etais dans les premieres annees en Suisse. Et que la, en ce moment meme, je suis un quinqua a l'automne de sa vie qui s'apprete a retourner sur lieux de son passe au Vietnam. Ah, nostalgie quand elle nous tient !

Aujourd'hui, grasse matinee car on a fini tard, vous pensez bien. Apres le concert, comme c'est samedi soir et c'est aussi la Saint Valentin, meme si la plupart des vienamiens s'en foutent, Claude, Loi son amie et Axel, apres une semaine de boulot, avaient envie de decompresser. Alors cap sur l'Apocalypse, une des plus anciennes boite de Saigon post-guerre, son nom fait reference au fameux film de Coppola sur la guerre du Vietnam: Apocalypse Now, et ou un des plus fameux cocktail est le B 52, et comme ces terribles bombardiers, ils font un ravage terrible dans la tete. On est rentre au petit matin, so today, rest day. Quelques balades au marche Ben Thanh et le centre ville puis un petit tour le long de la riviere de Saigon.
Apres un super repas ce soir aux restos ouverts du marche Ben Thanh, je suis maintenant dans un de ces cyber-cafes pour tenir mon blog en pensant a vous mes chers. Voila mes deux premiers jours au pays, rien de tres special, je me prepare maintenant mentalement pour aller a l'essentiel du voyage, le retour a An Loc, la ville ou j'ai passe mon enfance et mon adolescence et qui est l'objet veritable de mon retour au Vietnam cette fois. Alors mes chers, je pense a vous, c'est vrai ! Et vous dis a bientot pour un autre billet dont la teneur en emotion sera certainement toute autre. Je vous embrasse tous tres fort.
JPB

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