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Un épicurien qui mord à pleines dents dans la vie

Thursday, February 16, 2006

Ibarra - [La notte di] San Lorenzo - Esmeraldas - Guayaquil

Salut à tous, j'espère que vous allez bien. Voici la suite de votre feuilleton préféré et attendu avec impatience. L'épisode commence avec Ibarra où j'ai passée une journée finalement peu productive. Cette capitale de région, de 100.000 habitants, est surnommée la ville blanche à cause de la couleur de ses maisons et de ses monuments mais aussi selon certains historiens, à cause de l'autorité qu'elle représentait à l'époque coloniale. Ibarra était "la ville des blancs" pour les noirs de San Lorenzo et de Chola. L'attraction principale de cette ville est le fantastique voyage par L'Autoferro qui permet de gagner la côte. C'est un des trains les plus fous du monde, mais ce n'est pas tout-à-fait un train. Il s'agit d'un bus monté sur rails. Oui un bus avec les banquettes, le volant etc... mais avec des roues de train. Le trajet va normalement d'Ibarra à San Lorenzo sur la côte, à presque 200 km de là, et traverse des paysages grandioses: rios, gorges (profondes bien sûr), végétation luxuriante, à-pics terrifiants etc... D'ailleurs le "Routard" parle de "séquences émotions" . Mais hélas, mille fois hélas, il ne circule plus, ou si, mais seulement sur un tronçon de 20 km, juste pour donner des regrets aux gens comme moi. Tant pis, j'essaierai de me rattrapper avec l'autre fameux trains des Andes entre Alaussi et Nariz del diablo (narine du diable) avec lequel on peut voyager sur le toit. A part ça, Ibarra n'offre pas grande chose à voir. C'est un gros bourg endormi où à 20h à peine, les restos commencent déjà à fermer les portes. Juste une chose marrante, rapport aux chinois dont je vous parle précédemment, le centre-ville où j'ai mon hostal est aussi appelé "Chinatown" à cause d'innombrables "Chifas" qui s'y trouvent. Ah ces fils du ciel, quelle présence !
Ce matin, diane avancée, debout à 6h30 et à 8h départ en bus pour San Lorenzo. Une matinée de voyage par une magnifique route qui serpente entre des montagnes verdoyantes, et à mesure que l'on descend, la chaleur se fait plus forte. Vers la fin du voyage, le thermomètre du bus affiche 35 degrés. C'est étonnant, car ici les bus sont tous équipés d'un thermomètre bien en vue à l'intérieur du véhicule. Cette chaleur est normale car nous sommes maintenant à l'orée de l'Amazonie, et c'est aussi le royaume des moustiques. Heureusement que j'ai pris des mesures prophylactiques car elles sont terribles ces bestioles, énormes et drôlement agressives. En pénétrant dans San Lorenzo, pourtant dûment averti par le "Routard", je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir un haut-le-coeur. Pour les voyageurs habitués à l'atmosphère des villes équatoriennes et plus ou moins blindés par rapport à la pauvreté qui peut règner dans certains coins d'Am. Sud, San Lorenzo fait l'effet d'un choc. C'est un bourg avec des allures de Far-West, ou plutôt un bled de chercheurs d'or comme on en voit dans les reportages télévisés. Une impression de fin du monde. Les rues (non asphaltées of course) sont boueuses et complètement défoncées où courrent une armée de chiens faméliques, sans lieus ni maîtres. Les habitants sont noirs à plus de 95 %. On n'a pas l'impression d'être en Amérique latine. Je vais vous citer ici l'introduction consacrée par le "Guide du Routard" à San Lorenzo: "Après la longue piste partant d'Ibarra où seuls quelques 4x4 et certains bus osent s'aventurer, vous arrivez dans une ville incroyable. Vous vous trouvez projetés dans une sorte de camp retranché en Afrique, plutôt un camp de réfugiés abandonnés par les ONG qu'un camp de vacances. La population entièrement noire (ce sont des descendants d'esclaves réfugiés dans ce no man's land longtemps inaccessible) semble totalement laissée à elle même. Les rues sont complètement défoncées où croupissent des flaques d'eau stagnante, les ordures s'amoncellent devant les maisons, la seule voiture qui circule est celle de la police, celle des pompiers rouille lentement dans ce qui était un jardin public, et l'insécurité règne etc..." Le tableau dressé par le "Guide du Routard" est terrifiant mais ne correspond pas ou plus tout-à-fait à la réalité. On voit que le Guide n'a plus envoyé ses enquêteurs dans la région depuis longtemps car j'ai pu le constater de visu certains changements. Bien sûr les rues sont tjs aussi défoncées, il y a tjs autant d'eau stagnante etc... mais on voit dans la rue des blancs et des métisses aussi (peu nombreux il est vrai) et il y a pleines de voitures qui roulents dans ces rues et qui n'appartiennent pas à la police. Et la piste à travers la jungle dont parlait le "Routard" est maintenant une route goudronnée, encore mieux que certaines départementales françaises. Par contre, il y a tjs cette impression diffuse de tristesse et d'insécurité, celà est vrai. Pourtant c'est la région la plus riche du pays en matière de diversité biologique. Il y a pleins de réserves écologiques et ethniques à voir, mais faute d'infrastructures et d'organisations, tout celà n'est pour l'instant qu'au stade de projets. Depuis que l'Autoferro ne circule plus jusqu'ici, San Lorenzo n'a plus de touristes, aussi à cause de l'insécurité que la proximité avec la Colombie voisine n'arrange pas. J'ai beau regardé dans tous les sens, ce jour là en tout cas, j'étais le seul "Gringo" à San Lorenzo, ça fait vraiment bizarre, et ça n'aide pas à la sérénité. Et à l'hôtel où je suis descendu, pourtant une des maisons les moins déglinguées du coin, il se passe des choses étranges. Il y a tjs pleins de gens bizarre(femmes et hommes) qui vont et viennent. J'ai mis quelque temps pour comprendre que c'est aussi un hôtel de passes. Le gérant me dit que pour survivre, tous les auberges du bled font la même chose. Bien sûr, le soir, à 20h à peine, si tôt mon souper expédié (devinez où ? dans un chinois pardi , c'est le seul du coin et c'est aussi le plus propre et dans la plus belle maison, comparés aux bouis-bouis infames du bled), je suis rentré vite fait à l'hôtel où dans la relative quiétude de ma chambre, je pensais pouvoir tranquillement vous écrire mes impressions de voyages. Et voilà que en montant à ma chambre, celle à côté avait la porte entre-ouverte, et je vois deux types occupés à nettoyer ce qui ressemble à des mitraillettes. Qui sont-ils ? Ai je bien vu ? Je me le demandais sur le moment, mais je peux vous dire que dans ma tête ça cogitait ferme. Oui, j'ai commencé à flipper un peu, il y a de quoi. Mais que faire ? Déménager de l'hôtel en pleine nuit ? Aller voir les flics ? Et je me dis aussi que j'ai peut-être mal vu, ce n'était pas ça. Après tout, à la grâce de dieu, me disait je. Je vais essayer de dormir et demain matin, le premier bus pour Esmeraldas, puis Guayaquil ou ailleurs mais loin d'ici. Inutile de vous dire que je ne dormais qu'un oeil, et au moindre bruit, je me dressai sur le le lit, prêt à bondir. Toujours est-il qu'il ne s'est rien passé, et le lendemain, à la réception pour règler la facture, je vois descendre les 2 types de la chambre voisine avec gilets pare-balles et 4 ou 5 mitraillettes et s'enfilent dans le bouis-bouis à côté pour boire leur café. Donc je n'ai pas eu la berlue. La miss de la réception me dit qu'il s'agit des agents spéciaux anti-narcotiques, car La grande Colombie est juste à côté, et le trafic de coke est florissant. Quelle parano mes amis. C'était un peu ma "Notte di San Lorenzo" comme il était dit dans le titre. C'est pour paraphraser un film éponyme des frères Taviani sorti dans les années 80, où dans le film, des civils italiens cherchent à échapper aux poursuites des fascistes de Mussolini. Mais en Italie la nuit de San Lorenzo vers le milieu du mois d'Août est aussi celle des étoiles filantes et à chaque fois, on formule un voeux. Mais ici à San Lorenzo équatorien, il y a vraiment de quoi être sur le qui-vive avec toutes ces mises en garde des Guides, voire de la part des gens d'Ibarra. Mais vous demandez vous certainement pourquoi je suis allé dans ce coin perdu où il n'y a rien à voir. Mais tout simplement parce que c'est le chemin le plus court pour moi pour gagner la côte équatorienne sans devoir retourner à Quito et perdre 2, voire 3 jours de voyage. Voilà l'explication. Donc j'ai pris le 1er bus qui passe devant l'auberge pour aller à Esmeraldas à 5h de route de là, un bled vanté par toutes les brochures touritiques d'Equateur mais quand je l'ai vu, quelle déception, la ville est à peine moins crade que San Lorenzo et en plus il fait une pluie fine persistante et le brouillard partout, la mer semblait d'une trisstesse infinie à me foutre la déprime. Là, je n'ai pas hésité longtemps à quitter ce triste tropique. Hop, un autre bus pour Guayaquil, où je suis arrivé à 22h du soir. J'ai fait ce jour là 14h de bus en tout et je peux vous dire que Guayaquil le soir, ça craint un max. Elle fut pendant longtemps considérée comme la ville la plus dangereuse du pays. Mais depuis 2, 3 ans, le nouveau maire de la ville a tout mis en oeuvre pour enrayer la criminalité avec pas mal de réussite. Seulement, c'est comme à Quito, mais en pire, la ville est aussi divisée en 2 parties qui s'ignorent totalement. La partie sud de la ville est hyper-craignos et le bus que j'ai pris, a son dépôt dans cette partie dangereuse de la ville. Quelle poisse, et en plus arrivé de nuit. Bon, j'ai pris tout de suite un taxi et au volant un jeune gars qui me semble honnête, et c'est le cas heureusement car on ne sait jamais, vu la réputation de cette ville. Je l'ai branché football et le courant passe bien. Le premier hôtel (dans la partie sûre de la ville) où je voulais aller est complet, alors le gars s'est proposé d'aller se renseigner dans les autres qui se trouvent dans le même coin. Sympa le mec. Après 2, 3 autres tjs complets, on en a trouvé un, mais le gars me dire que c'est très cher. C'est à dire 35 USD la nuit(avec ce prix on peut dormir 5 nuits dans d'autres auberges corrects). De guerre lasse et complètement crevé par toutes ces heures de voyages, je lui dis OK. Et c'est comme ça que j'ai hérité sans le savoir, d'une suite junior dans un hôtel 4 étoiles. Avec groom, garçon d'assenceur etc... Et la chambre, tenez vous bien, avec sauna privé, jacuzzi, climatisation, TV par cable, et un lit à mettre 5 pers dedans. La totale ! Je dois dire que ça fait drôlement du bien après San Lorenzo et toutes ces heures de tape-cul dans les bus. A part ça, je n'ai pas vu grande chose de Guayaquil, la 2e ville du pays, juste un petit peu le Malecon le long de la rivière et le coin où j'ai l'hôtel car je n'avais plus qu'une envie. Quitter tous ces endroits à la chaleur poisseuse, humides, sales et de mauvaise réputation pour aller vers le centre, vers Cuenca et en altitude où le climat est plus agréable et où la vie est plus tranquille. Je suis arrivé enfin à Cuenca, hier après-midi et tout de suite, une superbe impression se dégage de cette ville, qui fait que le voyageur est content de poser son sac pour quelques jours. Mais ceci sera pour le prochain chapitre mes chers. D'ici là, je vous embrasse bien fort. Ciao !

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

buenos dias hombre!
Merci de nous faire voyager à distance durant ces longs mois hivernaux de grisaille et de froid...et de partager un peu la poussière,les couleurs,les surprises et les athmosphères toujours changeantes des longs trajets...
J'espère que tout continue de "rouler"pour toi et je me réjouis déjà de lire tes prochaines aventures!
Je t'embrasse fort...par delà les montagnes et les mers...Marie

4:43 AM  

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